Histoires courtes

[wallyvega]

[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Tout avait bien commencé[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Exposant nos nouvelles vies[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Déterrant des souvenirs encore frais[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Rien de plus qu’un dîner entre amis.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Lui et toi, comblés, complets[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Un peu plus chaque jour[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Nous ? Rien à raconter.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Vos deux potes. Seuls, toujours. [/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]On n’a rien fait, malheureusement.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]T’étais sur le point de…[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Non, t’allais pas vraiment…[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]C’est pas du tout ce que…[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]J’étais pas loin d’être sobre[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]T’étais juste à côté de moi[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Deux sous la nuit d’octobre[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Sur un seul lit, pas le choix[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Tu m’écoutes, droit dans les yeux[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Ma vue n’est plus la seule troublée[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Tu te rapproches un peu, bonne idée[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]On n’a rien fait, malheureusement.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]T’étais sur le point de…[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Non, t’allais pas vraiment…[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]C’est pas du tout ce que…[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Ta jambe plaquée sur mon bassin[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Resserre davantage son étreinte[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Avec lui, c’était trop tôt ? Non, rien.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]T’as plus envie d’une histoire feinte ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Et moi, je suis pas lui. Et moi, je suis là.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Juste un baiser, rien qu’un. Pour être libre.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Tes lèvres se collent aux miennes, un portable vibre.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]On n’a rien fait, malheureusement.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]T’étais sur le point de…[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Non, t’allais pas vraiment…[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]C’est pas du tout ce que…[/COLOR][/SIZE][/FONT]

[Deadpoule]

Ton texte sur le mec fan de comics et la nana qui s'imagine que ça va durer... putain quelle claque ! Alors là bravo ! Autant dans les dialogues que dans les introspections des personnages ! C'est creusé psychologiquement, c'est juste, tu écris vraiment très bien !
Je regrette de pas beaucoup avoir le temps de vous lire tous ces temps-ci !

Alors pour ce qui est de... ton monologue de droite...
"« On veut travailler ! On veut de l’argent ! On veut une baraque ! On veut du pain et du vin ! On veut échanger notre pain contre du vin ! On veut de la viande !... »
Et quoi encore ? L’eau courante."
Excellent !!! J'adhère, j'adore !
"Avec Kärcher, reste plus que les ménagères !"
Aaaahhhhahahahahahahahaaaaahhh !!!! XD
"Sont balaises aussi, les Verts. Le gars, ils nous cassent les couilles des années avec l’environnement et quand on commence à les écouter, ils se font piquer toutes leurs idées"
T'écris pour les Guignols toi ? Très bon !
"Ségolène du Poitou. Sacré centre de formation, le Poitou : Royal et Raffarin, dis donc. Origine contrôlée, pour le coup"
XD Toi, t'es la Roumanoff du Buzz !
"Du coup, il s’est fait à l’idée et il a adopté un noir, un ancien comique. Paraît qu’ils passent du bon temps, ensemble"
J'ai vu une émission cette semaine où le noir en question explique qu'il est pas du tout pro-borgne, qu'il a balancé que l'gars serait le parrain de sa fille juste pour la provoque... en j'dis ça, j'dis rien ;)
"Il doit être content que je ne sois plus là, dis donc"
Je vois pas qui c'est par contre...

Conclusion : Putain, t'es une vrai mitraillette ! XD Une vanne par ligne ! J'sais pas pour vous, mais moi perso, j'adhère totalement à ton parti !

Et ton texte en vers :
Très agréable, très poétique, très tout ça quoi ! Tu dis pas tout, en fait t'en dis pas trop. Et c'est ça qu'est bon ! Un texte souvent doit savoir garder son mystère. Quand t'en dis trop, tu gaches souvent tout. Même les choses les plus évidentes, faut savoir se taire et laisser le texte et ses mots eux-même donner les clés au lecteur.
Ne va même pas me dire ce qu'il y a après les points de suspensions, laisse mon esprit se faire sa propre idée ;)

[Hilarion]

Chouette hommage à Coluche, vraiment! On croirait l'entendre, tu as bien saisi le style, le ton.

:clap:

[Deadpoule]

Aaaaaaaah ! Coluche !! ENORME !

[Deadpoule]

En attendant, personne n'aime mes calembours !!!! :'(

[Ben Wawe]

Oui, très bon Coluche, vraiment. Sûrement mieux que le film à venir, d'ailleurs, qui ne m'inspire pas du tout. Tu t'en es vraiment tiré.
Et si mon cher Deadpoule, des gens aiment (des gens biens, d'ailleurs :D), alors que personne n'a relevé mon dernier texte :'( (sauf Grogra mais Grogra c'est le Bien et non, celui que je viens de poster non plus ne l'a pas encore été mais je laisse encore le bénéfice du doute^^). EDIT : je ne suis plus tout seul, Grogra est définitivement le Bien !

[grogramane]

:ange:

[wallyvega]

Merci à tous de m'avoir lu. J'ai de gros problèmes de connection, en ce moment, donc j'ai des difficultés à lire ainsi qu'à poster. J'espère que tout rentrera dans l'ordre au plus vite.
Pour le texte de Coluche, j'avais peur d'être dans la caricature mais je suis content de voir que vous avez apprécié.

[Ben Wawe]

Court mais qui prend un peu à la gorge ; c'est bien écrit, en tout cas, et assez mystérieux. C'est tiré d'une émotion ? d'une expérience ?

[wallyvega]

Merci à toi. C'est, en effet, tiré d'une expérience. Le texte m'est venu naturellement, comme souvent en ce qui concerne le vécu.
J'ai trouvé cette forme plus adaptée et intéressante à travailler.

[wallyvega]

[SIZE=3][COLOR=#000000][SIZE=3][FONT=Times New Roman] Wounded Tree Memorial. Commémorant le massacre de Wounded Tree du neuf novembre 1869. Inauguré le quatorze avril 1969 par le président Matheson, en présence de dix mille six cent cinquante-quatre personnes ; pour la plupart descendants des victimes. Ce jour-là aussi il pleuvait. Probablement avec moins d’intensité. Une averse glaciale s’abattait sur les pelouses abîmées, créant ainsi de gigantesques flaques de boue. Leonard l’observait, immobile, perplexe. Le parc fermait à vingt heures. Chaque soir. Or, il était vingt-deux heures trente passées et les deux grilles d’acier s’entrechoquaient au rythme du vent. Une chaîne massive gisait sur le sol, intacte. Le cadenas avait disparu. Etait-ce prudent de s’aventurer dans un lieu isolé à une telle heure ? Cette question qui l’assaillait n’en avait que la forme. Danger évident et assumé. Egalement synonyme de réponses, de révélations. Ce qu’il cherchait depuis des années. Depuis treize ans, deux mois et vingt-cinq jours. Déjà… L’homme qui l’avait contacté prétendait être un membre important du Registre. Aucune raison de le croire. Leonard ne savait absolument rien le concernant ; ce qui, en soi, constituait déjà un excellent argument. Résolu, il franchit l’entrée du mémorial et se dirigea vers l’endroit convenu, travaillant sa décontraction. Mister V… Pseudonyme assez original. Tout pseudonyme s’avérant original dés qu’il diffère du traditionnel Mister X. Ce « v » avait-il une signification ? Ou était-ce uniquement pour le troubler ? Pour détourner son attention ? Peu importait. [/FONT][/SIZE][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]Les chaussures de sport qu’il portait avaient viré du blanc au brun foncé après que l’eau s’y fût infiltrée. Chacun de ses pas s’accompagnait d’un son mêlant ventouse et serpillière détrempée. Furtivité fortement compromise. La statue du Général Dabo l’obligea à interrompre son trajet. Enfant, on lui avait appris à toujours se recueillir devant l’effigie de ce héros national, en souvenir de la bataille à laquelle il avait pris part. Leonard avait rarement manqué à ce devoir, parfaitement conscient de ce qu’il devait à…[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]« Mr Pace ?[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Qu’est-ce que… »[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]Une silhouette émergea de derrière la statue, semblant flotter dans les airs. Un homme de grande taille, vêtu d’un long pardessus noir, le visage emmitouflé dans une écharpe et un feutre de la même couleur.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]« Mr Pace. Je ne pense pas avoir besoin de me présenter.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Mr V.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Vous savez le plus important.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Le rendez-vous n’était pas prévu ici.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Pas exactement, en effet. Je sais que vous attachez une importance particulière à l’exactitude. Vous devrez passer outre. »[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]L’étranger se dirigea sans un mot vers un banc à proximité, donnant la même impression de fluidité que lors de son apparition. Il se pencha lentement, un morceau de tissu à la main, et entreprit d’essuyer les lattes de bois ; ce qui lui prît un temps considérable. A quoi bon essuyer alors qu’il pleuvait des trombes ?[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]« Asseyez-vous, Mr Pace. Je vous en prie.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Vous n’avez pas choisi un endroit des plus fréquentés.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Il l’est habituellement.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-On dirait que la pluie effraie les badauds.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Comme tout ce qui vient d’en haut, n’est-ce pas ?[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Ou comme la violation d’un monument national classé au Registre.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Peut-on vraiment parler de violation, Mr Pace ? J’invoquerais plutôt une discrétion nécessaire.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Je doute que vos supérieurs apprécient la nuance.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Ai-je seulement des supérieurs ? »[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]V ponctua ces mots d’un léger sourire.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]« Vous ne seriez pas là si ce n’était le cas. »[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]L’argument n’eut pas l’air de convaincre. Tous deux se turent un instant, laissant la nature s’exprimer.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]« Pourquoi cet intérêt absurde pour les entités extraterrestres, Mr Pace. Sans la moindre preuve, qui plus est.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Nous ne sommes pas ici pour discuter de mes motivations, me semble-t-il.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Bien au contraire. D’ailleurs, vous avez tout intérêt à répondre à mes questions, jeune homme.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Je dois savoir. Je ne l’ai pas choisi. Chacun a besoin d’un but ; je suppose qu’i s’agit du mien. Ma quête. A ceux qui demandent : « Où as-tu vu les dieux et d’où as-tu pris qu’ils existent pour les vénérer ainsi ? » D’abord, ils sont visibles au regard ; ensuite je ne vois pas non plus mon âme et pourtant je l’honore.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Marc-Aurèle. Excellente référence ! Savez-vous qu’il disait également : « Qu’il est ridicule et étrange, celui qui s’étonne de quoi que ce soit dans la vie » ? Croyez-moi, vous seriez très déçu.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Ce qui veut dire qu’ils existent.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Ce qui veut dire qu’ils sont bien moins intéressants que nos congénères. Les petits hommes verts vous fascinent car le Registre vous y a poussé. Ils ont laissé filtrer assez d’informations avant de jouer aux censeurs. Et malgré vos facultés, vous vous êtes jeté dans ce que vous appelez une quête. Sans même prêter attention à ce qui se passait autour de vous.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Que voulez-vous dire ?[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Que vous êtes un abruti ! Des années à rassembler des indices, à recouper des pseudo faits. Et pourquoi ? Absolument rien. Oui, il y a une vie ailleurs. Des êtres de taille humaine, sans particularité notable, sans force extraordinaire, à l’intellect bien inférieur au nôtre. Et surtout un potentiel d’évolution quasi inexistant.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Je suis censé me contenter de ça ?[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Chacun possède un don si particulier. Avec plus ou moins de maîtrise et d’intérêt divers. N’avez-vous jamais réfléchi à cela ? Ne serait-ce pas plus dangereux pour le Registre que les curieux s’intéressent à l’exploitation de ces dons qu’à des « aliens » insignifiants ?[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Je suppose que je dois croire sur parole l’un de ses membres qui, de plus, agît en traître.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Ce n’est pas si insensé.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Pourquoi ce rendez-vous, alors ?[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Mais pour vous satisfaire. J’ai bien mieux à vous offrir. Une utilisation optimale de vos capacités et une revanche sur ceux qui vous manipulent depuis des années.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Dont vous faîtes partie.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]-Que voulez-vous ? J’ai toujours été fasciné par l’autodestruction. A très bientôt, Mr Pace. »[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]La silhouette longiligne de V fila vers les étoiles puis disparut dans une nappe de nuages sombres. Fin de la conversation.[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]Leonard n’y croyait pas… Quel culot ! Furieux, et après un flot impressionnant de jurons, il se leva et fit mine de regagner la sortie quand un morceau de papier se posa à ses pieds. Machinalement, il se pencha pour le ramasser. Il s’agissait du portrait d’un homme d’âge moyen, l’air menaçant. Au dos, figurait une note manuscrite :[/SIZE][/FONT][/COLOR]
[COLOR=#000000][FONT=Times New Roman][SIZE=3]Offrez-nous l’anarchie ! [/SIZE][/FONT][/COLOR]
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[wallyvega]

[SIZE=3][COLOR=#000000][FONT=Times New Roman]Ce mec est un monstre. Beaucoup pensent que seuls ceux qui sont reconnus, voire tout simplement connus, s’avèrent dignes d’intérêt. J’en faisais partie jusqu’à ce soir. Comment supporter une telle injustice ? Des milliers de pantins consentants touchent des millions de billets verts. L’art émane de cet homme. Il pourrait se tenir immobile au milieu de la scène- de l’estrade pour dire vrai- personne ne le huerait. Au contraire, la fascination s’exercerait avec d’autant plus d’intensité. Et pourtant, ses poches ne seront pas beaucoup plus lourdes après cette prestation. Un cachet de misère pour un artiste hors-norme. L’ordre des choses, si l’on y réfléchit. Clement Claremont. Clement. Claremont. Jamais entendu parler. Tout en l’ayant cherché des années. Une once par-ci, un fragment par-là. Quel choc d’être face ce roc d’un noir ébène ! Le saxophone semble minuscule entre ses mains, plaqué contre son torse. Une excroissance dorée, étincelante, véhiculant ce qu’il ne peut exprimer autrement. Un flot quasi ininterrompu s’échappe du pavillon. Je ne perçois qu’une plainte nostalgique et, honteux d’en tirer un tel plaisir, essaie d’en déceler l’origine. Ses paupières restent closes, s’étirant plus ou moins en fonction du degré de crispation de son visage. Le tronc oscille d’avant en arrière. Impossible de décrypter sa gestuelle. Eclairées par des ampoules agonisantes, les lattes de bois semblent plier légèrement sous le plus que probable quintal de « Big C ». Je remarque que divers instruments ont été abandonnés sur scène : deux guitares dont une basse, un accordéon et un harmonica trônant sur un tabouret miteux. Personne n’en jouera, ce soir ; le son de Claremont est bien assez riche. Etrangement riche, d’ailleurs. Il forme un quintet à lui seul. J’aime distinguer la musique à visée purement empirique de l’art musical, les comparer, les hiérarchiser. Non sans hypocrisie, hypocrisie proche de la prétention. Cependant, je serais bien incapable de qualifier l’exercice auquel se livre le colosse. Cela dépasse ce que j’ai pu entendre jusqu’à présent. Les morceaux s’enchaînent, les autres spectateurs demeurent muets. Je les devine effrayés d’émettre la moindre nuisance. Depuis combien de temps suis-je assis ici ? La sueur luit sur le front de Claremont. Il paraît épuisé par l’effort mais la puissance dégagée ne varie pas. Ce bar possède-t-il une loge ? Un placard aménagé, certainement, auquel on accède par ce qui tient lieu de cuisine. Soudain, une lumière aveuglante envahit la salle. Un abruti s’est amusé avec l’interrupteur ! Nous fixons tous Big C, scrutant sa réaction. Il ne semble pas s’en émouvoir et profite même de l’occasion pour extraire un morceau de tissu de sa poche afin de se tamponner le visage. Il enfile ensuite un long manteau de cuir avant de descendre de l’estrade et franchit la porte menant à l’arrière-salle. Une centaine d’yeux l’ont suivi, personne n’a applaudi. C’est terminé. Un rappel serait déplacé.[/FONT][/COLOR][/SIZE]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Des pieds de chaises commencent à racler le sol, sonnant le glas d’un espoir fou. Peu d’entre nous reverrons Claremont. Peut-être aucun. Je ne sais pas quoi faire. Je ne peux me résoudre à retourner dans ma cellule à quatre cent billets le mois. Une foule tranquille, parcourue d’un murmure, s’amasse devant la sortie, masquant la porte par laquelle le musicien s’en est allé. Je vois là l’unique occasion d’atteindre la coulisse et décide de la saisir. Il suffit de rester calme ou, plus exactement, abasourdi afin de me fondre dans la masse. L’objectif se situe dans un renfoncement, sur la gauche de l’issue principale, ce qui nécessite de traverser entièrement la foule. Plusieurs pas latéraux me permettent de franchir la moitié du chemin en toute discrétion. Alors que je m’apprête à poser le pied dans un espace étonnamment libre, la pointe d’un sabot en plastique rose s’y insère. Impossible de rester en suspension…[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Un hurlement atroce torture mes tympans. Il provient d’une petite vieille à la chevelure violacée, raffinée propriétaire des souliers. Je tente de m’excuser via des gestes de la main, conscient d’avoir fortement compromis mon entreprise. Elle n’a que faire de mes excuses et me le fait savoir. Alors que toute l’attention se porte désormais sur elle, la septuagénaire prend une profonde inspiration, ce qui ne peut-être de bonne augure.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]« Imbécile ! Vous ne pouvez pas regarder où vous mettez vos palmes, idiot ? Non mais ! Espèce d’a-bru-fffi… »[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Son visage s’empourpre davantage, sa furie décuple. Quelque chose a été expulsée à très grande vitesse de sa bouche ridée, disparaissant au milieu des chaussures agglutinées.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]« Ma dent ! Où est ma dent ? »[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]La panique gagne la foule pendant que l’édentée se fraie un chemin, à quatre pattes, en son sein. Rien de plus facile, alors, que de parcourir les quelques mètres me séparant de l’arrière-salle et de m’y immiscer dans une totale indifférence. Je referme la porte, étouffant ainsi le brouhaha qui accompagne la chasse au trésor. L’air est beaucoup plus frais dans cette partie du bâtiment, ce qui s’explique probablement par le fait qu’elle soit déserte. Il s’agit d’un couloir qui s’étend sur une bonne dizaine de mètres, menant à une seule issue. Pas le moindre rai de lumière, ce boyau est tapissé de l’éclat glacial d’un néon. Si quelqu’un s’y engouffre, j’ai tout intérêt à jouer la carte de la débilité. La force physique m’apparaît détestable dès lors qu’elle m’est défavorable et il est difficilement envisageable que nous nous réconcilions dès aujourd’hui. Pas dans un ersatz de chambre stérile qui me donne la nausée. J’avance, la nuque engourdie et la démarche gauche, effrayé par l’écho de mes pas. Comment puis-je encore espérer passer inaperçu ? Il faut que je me déchausse.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Une fois en chaussette, fixant les orteils qui s’en échappent, et les chaussures à la main, le ridicule de la situation liquéfie mon ego. Si c’est un cauchemar, il me suffit de baisser à nouveau les yeux pour découvrir que mon jean s’est volatilisé. Ce n’en est pas un. Je ne fais rien d’illégal, de toute manière. Enfin, je crois. Et, dans le cas contraire, on me demandera simplement de sortir. Aucune raison de s’inquiéter. Putain ! C’était quoi ce bruit ? La poignée. Quelqu’un sort de la coulisse. La porte pivote très lentement, nous nous découvrons l’un l’autre. Les pensées fusent, je suis incapable d’en saisir la moindre. Carrure imposante. Front dégarni. Costume trois pièces noir. Abdomen et joues abdiquant face à la pesanteur. Le maître des lieux ? L’homme me regarde droit dans les yeux, impassible. Son corps se met en branle et ondule avec disgrâce en ma direction. Je me félicite d’avoir opté pour des sous-vêtements sombres. Il ne semble pas enclin à partager l’espace, me contraignant à une violente esquive contre l’une des parois. Je reste immobile jusqu’à sa disparition dans la salle de spectacles, tentant en vain de réprimer les frissons qui m’assaillent. Vaut-il mieux être gênant ou insignifiant ? J’en viens à me demander s’il m’a seulement remarqué. La porte de la coulisse est restée entrouverte ; je la franchis, chancelant, et la referme sans bruit. [/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Mon rapport au temps s’est considérablement assombri au fil de la soirée, je n’ai aucune notion de l’heure et me rends compte d’une inquiétante irrégularité respiratoire. Mon regard ne parvient pas à se détacher du sol pourtant je suis certain que Claremont ne se trouve qu’à quelques mètres, me tournant le dos. C’est d’ailleurs ce qui m’empêche de lever les yeux. Son charisme me piétine.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]« Salut, gamin.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Euh, … Bonjour. »[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Le saxophoniste est assis sur un tabouret, semblable à celui qui se trouvait sur scène, torse nu, occupé à nettoyer son instrument. Nous nous observons dans le miroir qui nous fait face.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]« Tu cherches quelque chose ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Non, je voulais juste… J’avais envie de… J’avais besoin de savoir. »[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Il se concentre à nouveau sur son saxophone.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]« Savoir quoi ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Je ne sais pas.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Tu ne sais pas grand-chose.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Ce qui vous pousse à jouer ainsi. Ou plutôt ce qui vous permet de jouer ainsi.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-De jouer comment ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Avec une telle… aura. »[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Un léger sourire apparaît, dénué de gaîté.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Peut-être que j’aime ça. Peut-être que tu y es sensible.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Peut-être… [/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-T’as déjà entendu parler du Highway 61 Band ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Non.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-T’es loin d’être le seul. Il y a trente ans, ces mecs étaient des cadres du rock’n’roll. Toujours sur la route, s’arrêtant quelques semaines pour pondre un album. Aujourd’hui, personne n’est foutu de se souvenir d’eux.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Vous en faisiez partie.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Ouais. Et maintenant, j’en suis l’intégralité.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Des problèmes d’argent ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Plutôt de poumons et de prostate.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Ah, je suis désolé…[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Tu n’avais jamais entendu parler d’eux, il y a vingt secondes. J’ai vécu à leur côté pendant plus d’un quart de siècle. »[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Imparable.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]« Ce sont vos anciens morceaux que vous jouiez, tout à l’heure ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Uniquement ma partie.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Vous n’avez pas eu envie de passer à autre chose ?me surprends-je à demander.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Quel est ton but, petit ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Je ne voulais pas vous importuner. Je n’aurais pas dû venir…[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Quel est ton but dans la vie ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-… Je ne sais pas. Je suppose que j’aimerais réussir. Comme tout le monde.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Réussir ta vie ? Que signifie réussir pour toi ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Etre heureux. Laisser une trace.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Vois-tu, lorsque les hommes devaient lutter chaque jour pour survivre, ils avaient un but. Un but tangible, un devoir à accomplir. Qu’est-ce qu’on a, nous ? Comment pouvons-nous nous battre pour quelque chose qui n’en vaille pas la peine ? Sans le moindre espoir.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Je présume que l’on en est incapable.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Tout juste. Ce qui nous pousse à lutter, c’est l’espoir de « laisser une trace », comme tu dis. Une autre manière de braver la mort, commune à tous ceux qui n’ont plus à survivre. Tous n’en sont peut-être pas conscients mais, crois-moi, cela les obsède.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Vous jouez pour braver la mort ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Je joue pour ne pas oublier mes amis. Pour les sentir. Pour qu’ils existent, même si ce n’est que pour moi. »[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Big C met la dernière main à son ouvrage avant de replacer l’instrument dans son étui. Il se lève, enfile une chemise propre, dépose un feutre sur son crâne et s’approche de moi. Une main pesant sur mon épaule, il lâche, doucement :[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]« J’ai besoin de repos, gamin.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Bien sûr. Excusez-moi de vous avoir déranger. Je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Pas de problème.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Vous serez là, demain ? »[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Il m’a dépassé et a déjà gagné le couloir :[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]« Non. Toujours sur la route, je te l’ai dit. »[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Je ne peux dire s’il est trop éloigné ou si ma voix s’élève trop faiblement, toujours est-il que ma dernière question restera sans réponse.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]« Qui vous fera exister, vous ? »[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[IMG]http://img3.imageshack.us/img3/2909/scan10050.png[/IMG]

[Thoor]

Ce dernier texte m'as beaucoup plut, bravo pour ton style

[wallyvega]

Content que tu aies aimé!

[wallyvega]

[CENTER][CENTER][B][COLOR=#000000][FONT=Times New Roman]Prologue[/FONT][/COLOR][/B][/CENTER][/CENTER]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000] [/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000] [/COLOR][/SIZE][/FONT]
[SIZE=3][COLOR=#000000][FONT=Times New Roman] Symbole de l’inévitable triomphe nocturne, la lune transperçait tout filet brumeux osant ternir son éclat. Rien ne l’empêcherait de surveiller son royaume, peuplé de conifères immenses et de cours d’eau pressés. Le relief prononcé de la région donnait l’impression d’une carte chiffonnée ; je me demandai si l’homme eut jamais eu la moindre chance en ces lieux. Les cahots incessants de la voiture avaient eu raison de ma piètre endurance, ainsi je m’étais arrêté au milieu de cette croûte boueuse qui se voulait route pavée. Les vestiges de pavés ne la rendaient que plus pénible. Seule la pluie manquait à l’appel, soucieuse de mon équilibre psychique. M’entêtant à chercher un semblant de confort dans l’habitacle trop étroit, j’essayai de distinguer le refrain nasillard des parasites. Requête d’un amant nostalgique. Je voyageai bien au nord mais probablement pas celui qu’il évoquait. L’irritation croissait, irrépressible, démesurée, alors que le crachotement phagocytait les dernières notes de guitare. Mon poing percuta le centre du volant, délogeant des oiseaux de large envergure de leur canopée. Regret immédiat. Il me parut risqué de provoquer une forêt au crépuscule, si précoce soit-il. Quoique mourir seul ici ou entouré là-bas, quelle différence ? L’égocentrisme, peut-être. Il serait assez préjudiciable que je disparaisse, me raisonnai-je. Pas besoin d’argumenter. [/FONT][/COLOR][/SIZE]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Attendre encore quelques instants puis repartir. Je coupai la radio et expirai longuement. Foutu patelin paumé ! Le moteur n’avait cessé de tourner mais j’appréciais enfin son ronronnement, l’associant à un sentiment de sécurité qui me faisait cruellement défaut. Impossible de repousser davantage le départ sous peine de sombrer dans l’inertie. J’embrayai et enclenchai la première, réprimant tant bien que mal une certaine nervosité. Les secousses reprirent, s’intensifiant à mesure de l’accélération. Réduits à un halo, les phares oscillèrent de conserve.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Cette direction devait être la bonne. Hors de question de revenir bredouille. Les répercussions d’une telle issue m’assaillirent de manière exponentielle, renforçant ma position. Il était temps de m’affirmer, sans mouiller quoique ce soit. Le client est ton ami, répétai-je. Le client est roi. Le client est un roi amical. Un gentil roi dans un joli manoir. PUTAIN DE VIEILLE CHAMELLE SALOPE ! Exorcisme réflexe. Une silhouette floue se découpait sur la toile grisâtre des phares. Je priai pour que ce fût un être humain, autostoppeur dérangé ou non. Les appels de phare me parurent un moyen raisonnable d’entrer en contact. Rien. L’ombre menaçait de disparaître à tout moment ; je poussai l’accélérateur. Cela ressemblait à un homme. Taille et carrure moyennes, doté d’une excroissance dorsale dressée entre les omoplates. Il ne se souciait guère de moi et gardait un rythme identique. Je klaxonnai. Réaction inchangée. Une fois à sa hauteur, je compris que l’excroissance n’était qu’une pelle qu’il portait en bandoulière. En guise de vêtements, une unique salopette souillée que même les mites ne pouvaient tolérer ainsi qu’une paire de chaussures épaissie de plusieurs couches. Son visage cabossé restait en grande partie immergé dans la pénombre. Je commandai l’ouverture automatique de la vitre côté passager qui refusa de s’exécuter. Nouvelle tentative, nouvel échec. Résultat de gels répétés. L’intelligence artificielle, le soulèvement des machines et la menace d’une apocalypse technologique en devinrent d’autant plus risibles. A moins d’un refus volontaire, signe avant-coureur de leur prise de pouvoir… Sans mouiller quoique ce soit ! Je me résignai à ouvrir la portière manuellement et me penchai donc par-dessus le siège promis au mort, attentif à l’allure du véhicule. Celui-ci vira légèrement à droite lorsque je tirai sur la poignée. L’homme ne broncha pas. Une tâche orangée brilla un instant entre ses lèvres ; des touffes éparses rongeaient le bas de son visage. Il exhala de la fumée et tira de nouveau sur le mégot.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]« Excusez-moi, Monsieur. Bonjour.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-‘soir, lâcha-t-il, l’allure un peu moins vive. »[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Son regard demeurait fixe, attiré par ce que je ne voyais pas.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]« Peut-être pourriez-vous me renseigner, repris-je.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Crois pas.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Je dois me rendre chez M. Cushing. Patrick Cushing.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Connais pas. Pas d’Cushing par ici.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Il semblerait qu’il habite un manoir, insistai-je.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Pas d’Cushing par ici.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Un manoir alors ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Ouais.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Pourriez-vous me l’indiquer, je vous prie ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Garde tes prières, gamin, grogna-t-il.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Très bien. »[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Je vérifiai que la route fût toujours dégagée, ce qui permit à l’inconnu de m’ignorer de plus belle. Je réitérai donc :[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]« Pourriez-vous l’indiquer ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Quelque part par là, répondit-il avec un vague geste de la main.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Serait-il possible d’être plus précis ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Ouais.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-C’est-à-dire ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Toujours tout droit. T’arrêtes au manoir.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-En allant tout droit, j’arriverai au manoir ? voulus-je m’assurer.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Nan. T’arriveras chez moi.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Je ne suis pas certain de comprendre…[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Y a rien à comprendre. Tu vas là-bas, t’arrives chez moi.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Vous habitez au manoir Cushing ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Pas de Cushing par ici. T’es débile ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Très bien. Je vous remercie, dis-je en faisant mine de refermer la portière. »[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Sa main jaillit sur la poignée extérieure ; il n’en avait pas fini. J’arrêtai la voiture. Approchant son faciès ravagé, il m’offrit un charmant panorama dentaire. :[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]« Tu sais quoi, gamin ?[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-Non.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-M’en vais t’faire une place.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]-C’est… très aimable. Vraiment. »[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Il inclina furtivement le front, claqua la portière puis donna une tape sur la carrosserie, s’attendant vraisemblablement à un hennissement. Je le remerciai une dernière fois avant de reprendre la route. Mon précieux informateur dégaina sa pelle, la planta dans une motte de terre afin de prendre appui sur le manche. Il m’observait, je le sentais ; ce qui m’incita à passer la seconde au plus vite. Errer dans les bois, à la nuit tombée, à moitié nu et armé d’une pelle. Je ne pouvais dire ce qui m’inquiétait le plus. Le maître ès loquacité disparaîtrait un beau jour et on ne le retrouverait que plusieurs semaines plus tard, voire plusieurs mois, décomposé, souillant davantage son haillon. Je l’imaginai fusionner avec la boue, le crâne éclaté par quelque gibier massif. Cette vision m’apporta un certain réconfort. J’éprouvais le besoin de le savoir mortel.[/COLOR][/SIZE][/FONT]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000] [/COLOR][/SIZE][/FONT]
[SIZE=3][COLOR=#000000][FONT=Times New Roman] La route devînt sentier puis s’amenuisa jusqu’à se fondre dans la lande. Si l’homme avait dit vrai ? J’en doutais. Mais je ne disposais d’aucune autre indication. Cushing ne semblait pas être en odeur de sainteté dans la région. Une heure plus tôt, les villageois avaient esquivé toute question à son propos ; ce que j’avais alors analysé comme de la méfiance envers l’étranger. J’eusse dû m’interroger sur l’identité de cet étranger. Ignoraient-ils un emménagement récent au manoir ? ou avaient-ils simplement convenu d’ostraciser un propriétaire aisé, extérieur à la communauté ? Mon intuition favorisait la seconde hypothèse. Ces gens m’avaient semblé on ne peut plus soudées, comme liées par des serments ancestraux. Dynastie autosuffisante organisée en village. Une sympathie instinctive naquit donc pour Cushing, inférieure toutefois à la volonté d’accomplir ma mission. Les ordres étaient clairs.[/FONT][/COLOR][/SIZE]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][COLOR=#000000]Après quelques kilomètres, une large bâtisse initia sa lente pénétration du disque lunaire. Je devinai une tour centrale encastrée dans l’immense pavé ainsi qu’une toiture de faible inclinaison ; mes pupilles avaient eu suffisamment de temps pour s’adapter à l’obscurité. Sans aucun doute, la plus vaste habitation que j’eusse vue depuis mon arrivée en Achpétie. Je touchais au but. De hauts pins formaient un rempart naturel autour du manoir. Comme pour me guider à travers ce labyrinthe végétal, un oiseau semblable à ceux que j’avais effrayés dans la forêt quitta sa branche et, planant dans la lumière des phares, s’engouffra sous une arche taillée avec soin. Je le suivis.[/COLOR][/SIZE][/FONT]