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  #16  
Vieux 29/02/2024, 12h00
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  #17  
Vieux 29/02/2024, 19h41
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Mais c'est carrément bon! Tu sais, ô ma spongieuse moiteur d'amour, avec des textes comme ça tu aurais été un auteur majeur chez Elvifrance! Une star chez Novel Press! Un millionnaire chez Selen Présente!

Mais tu n'es pas né à la bonne époque.. De nos jours, ton talent est ignoré par les mécréants! Ta destinée est d'etre un auteur incompris, sans le sou, hantant anonymement la catégorie tentacles ahegao d'obscurs sites de sexfics hentaï. Quelle misère.
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  #18  
Vieux 29/02/2024, 20h11
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Je t'encule. Avec ou sans tentacule.


Edit : Shit. Plus moyen de t'attribuer des points. Mais c'est vrai que c'est cool de refaire un peu le con avec vous par ici. Ça fait un bien fou.
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Dernière modification par kael ; 29/02/2024 à 20h16.
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  #19  
Vieux 29/02/2024, 23h54
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Ton bagou me laisse sans voix, beau baratineur!

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  #20  
Vieux 01/03/2024, 07h44
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Pov' Riri!



Et pov' Karla, surtout! Pas prête de remarcher un jour!

Bon, Chevallier et Laspalles, va falloir bosser un peu!

Jeaph, t'as pas des couv's mysterieuses à pondre pour les vacances d'été?
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  #21  
Vieux 01/03/2024, 13h08
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Bah ouais, tiens, Jeaph, sors-les, tes pattes de mouches, pour illustrer deux ou trois scènes de ma prod, pour changer, qu'on voit si tu t'es pas trop rouillé... Plutôt que de traiter les autres de feignasses, là...


Et merci encore pour les retours, je ne m'attendais pas à faire autant de vues agrémentées de commentaires pour être honnête, la section n'est plus hyper animée depuis un bail, malheureusement.


Ça me fait chaud au coeur les gars... même si... Je n'ai pas de coeur, youhouhouh !
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  #22  
Vieux 01/03/2024, 14h48
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Bon, en même temps, on sent bien le happy end...
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  #23  
Vieux 01/03/2024, 19h44
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Hilarion ne parle pas de MES couvs, mais d'un jeu où les participants doivent découvrir de vraies couvs. Je suis comme toi, j'ai complètement arrété de dessiner depuis des années, je n'ai même pas réinstaller de logiciels ad hoc sur mon PC actuel. Totale flemme.

Kael, j'ai accumulé une tonne de couvs géniales (si si!) et j'allais lancer une partie pour les fêtes de Noel… mais j'ai eu les miquettes de prendre un bide.
Faut dire, mon style de jeu taquin (qui marche super bien IRL) agace plus les joueurs qu'autre chose (j'ai eu beau essayer d'accentuer la complicité en modifiant les règles, rien n'y fait, on n'est tout simplement pas ensemble dans la même pièce pour que les joueurs prennent plaisir à se bousculer entre eux et se chamailler).
Et, comme en plus à ce moment là il y avait peu de monde dans la section jeux, je me suis carrément dégonflé. Si même Esseji n'arrive à motiver qu'une demi douzaine de joueurs, gloups quoi!

(Oui, Kael, tu n'as strictement rien compris au paragraphe qui précède, je répondais à Hilarion. C'était un long post totalement HS qui n'a rien à voir avec toi, toi et toi. Je sais que tu es en train de pester devant ton PC… grrr, tu es colère colère!)
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  #24  
Vieux 02/03/2024, 09h48
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Bof, même pas mal.

Me rongeais juste les ongles de pieds dans mon fauteuil comme d'hab en attendant que t'aies terminé ton laïus...

C'est ça les vieux couples. Quand y'en a un qui s'aventure à jacter un peu trop loin, les mots s'estompent rapidement pour l'autre en un brouhaha confus qui se dilue à l'arrière plan, avant de se fondre comme un caméléon aux contours indéfinis dans les sonorités ambiantes. Reste plus qu'à savoir donner le change en calant un ou deux "oui mon p'tit sucre" à l'aveugle, entrecoupés de "hum hum" intermittents pour ne surtout pas réveiller l'eau qui dort...

Toujours est-il que t'es tombé juste sur un truc (comme la pendule cassée qu'arrive quand même à avoir raison deux fois par jour, t'enflamme pas) : j'ai strictement rien pané à tout c'que t'as pu baver là au-dessus.

J'en retiens tout de même que toi aussi, t'as déposé les crayons. Dieu que c'est moche de vieillir. Même le serveur de Buzz m'a l'air de crouler sous le poids de ses propres années : une fois sur deux quand j'essaie de poster un truc, il me répond : "Oh là là, plus de seize mots...? D'un seul coup...?? Mazette mon vieux dos... Ça va vraiment pas être possible cette semaine, pfff... trop occupé jeune fou."
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  #25  
Vieux 02/03/2024, 09h52
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Bon, en même temps, on sent bien le happy end...

Ouais, compte sur le prochain chapitre pour le happy ending, camarade...
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  #26  
Vieux 02/03/2024, 10h20
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Mouais, on y croit moyen. Parti comme c'est parti, le ending on n'est pas pret de le voir, concision et sobriété ne sont pas les premiers mots qui me viennent à l'esprit quand je lis tes posts...
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  #27  
Vieux 02/03/2024, 12h36
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Je relisais vite fait notre échange pour me sortir un peu les yeux du clavier, et je me bidonne tout seul...


Ça devait faire, quoi, dix ans qu'on n'avait pas échangé deux mots... Et on n'est pas dans la même pièce depuis trente secondes qu'on roule déjà dans la poussière, moi qui essaie de t’enfoncer les pouces dans les yeux comme un forcené, et toi qui me tire les cheveux à t'en arracher les doigts... Certaines choses changeront jamais.
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  #28  
Vieux 03/03/2024, 11h20
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... Certaines choses changeront jamais.
Et c'est bien
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  #29  
Vieux 04/03/2024, 00h32
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Putain, 10 ans! Pour moi, émotionnellement, c'est comme si ton dernier post datait d'il y a deux semaines. Dès que je t'ai lu, j'ai eu envie de te griffouiller tout partout jusqu'à ce que mort s'ensuive.

Mais, concernant ce que tu disais à Hilarion, tu as vraiment prévu un happy end? Qu'est ce que tu entends par là?
J'ai pas l'impression que ta conception d'une fin heureuse soit la même que celle de nous autres (je veux dire par là les gens normaux, sains d'esprit). Parce que, non Kael, "ils se scarifièrent et eurent beaucoup de fistfuckings" n'est PAS un happy ending!

Dis au fait, il y a un moment où ça va bastonner un peu ou ça va continuer à bavasser comme ça jusqu'à la fin? Le premier chapitre était juste un attrape gogos, après c'est du Bernard Pivot tout du long?
Remarque il suffirait que dans tout le texte tu remplaces "La Brute" par "La Pipelette", et ça passe crème!
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  #30  
Vieux 04/03/2024, 09h32
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Homme de peu de foi. Tu reprendras bien une part de mon blabala, pour accompagner ton sirop de bavasse et goûter à ma conception d'une happy end :




(Lecteurs avertis, 18+, contenu graphique, violence et salades salaces.)



CHAPITRE 5 :

ÉBÈNE ET AMARANTE
(Déconnecté des réalités)



A mesure que la luminosité décline, le ciel d'un gris sans fin vomit ses trombes d'eau qui s'écrasent en cascades sur les tuiles ocres et s'engouffrent en torrents dans les gouttières de zinc, une quinzaine de mètres plus haut… L'eau ruisselle en vagues sur le bois des colombages, lessivant le crépi noyé des façades, dépassées dans leur course vers le sol par des millions de flèches aqueuses qui se précipitent sur les pavés gelés de la ruelle en contrebas. Elles explosent en gerbes translucides sur les bottes noires de l'homme qui se faufile en hâte dans les venelles des vieux quartiers de Glasgow. Luttant contre le vent cinglant qui rabat en gifles successives le col noyé de son mackintosh crème, il fronce les sourcils pour échapper aux gouttes d'eau qui éclatent sur ses paupières et se protège le visage du dos de la main, les dents serrées :


— La prochaine fois tu prévoiras du change...

Il bifurque vivement à un angle et un pan de son imperméable laisse apparaître la cote de maille noire qui lui gaine les cuisses. Ses protège-tibias de métal ébène se teintent de reflets vert pharmacie quand il s'engage sur un passage piéton pour rejoindre le trottoir opposé. La rue traversée, il chasse du revers des doigts les boucles ruisselantes de ses cheveux bruns, pour jeter un coup d'œil discret vers les hauteurs… Il intercepte du regard une ombre fugace qui traverse d'un bond la ruelle suivant une trajectoire similaire à la sienne, trois étages plus haut. Des crissements couverts par le crépitement liquide trahissent des tuiles cassées.

Après avoir vidé l'eau du heaume noir qu'il tenait à la main, il l'enfonce sur son crâne, et dégage le fourreau qui pend à son baudrier pour amener les doigts sur le pommeau de son épée :

— JE SAIS QUE TU ES LÀ…!!

La seule réponse qu'il obtient provient du vent qui siffle, et de volets qui battent plus bas dans la rue, libres de leurs attaches. Les papiers froissés qui s'éloignent d'une poubelle renversée attirent son attention quand la luminosité ambiante s'accroit brièvement. Loin au-dessus de ce gris, le soleil indifférent au déluge glacial qui s'abat sur la ville vient d'être libéré de la masse d'un cumulus qui l'occultait, avant que des nuages plus chargés d'eau encore ne prennent sa place, et ne plombent définitivement l'atmosphère. S'il y avait âme qui vive derrière les vitrines embuées des façades en cette après-midi déclinante, Dane Whitman n'en discernait aucune…

— ENCORE HEUREUX QUE TU SAIS... JE TE SUIS DEPUIS DIX MINUTES.

La voix féminine a éclaté dans son dos, couvrant le fracas des rafales, à une dizaine de mètres de lui.

A l'endroit où la ruelle s'engouffre sous un porche aux armoiries anonymes, des lions de pierre sculptée se prélassent couchés sur des piédestaux disposés de part et d'autre d'une porte carrossable. La gueule ouverte, ils dévisagent la nouvelle venue qui s'avance lentement en direction du Chevalier Noir.

Elle s'immobilise à bonne distance, hors de portée de sa lame. Sa cape de cuir gris-clair claque frénétiquement dans la tempête, et la zibeline imbibée qu'elle porte sur le dos repose lourdement sur ses épaulières cobalt aux angles saillants. Ses longs cheveux violines assombris par l'humidité accompagnent les plis de sa cape dans chacun de leurs battements.

A l'exception de ses yeux noirs subtilement plissés dont l'épicanthus trahit des ascendances asiatiques, rien ne transparaît de son visage que dissimulent son kabuto cornu et son menpō de oni :

— Je viens mettre un terme à ta carrière. Ça ne sera pas long Danny-boy.

Au travers des fentes de son heaume contouré d'or, le Chevalier Noir essaie de percer les traits de la jeune femme qui le défie... Sans lâcher le pommeau de son épée, il semble finir par comprendre :

— …Psylocke ?

Un sourire se dessine sous le menpō démoniaque :

— Kwannon ! Psylocke, c'était une autre vie…

— Tes airs de Lucy Liu t'ont trahie…

La jeune femme pose la main gauche sur le fourreau du katana luxueux qu'elle porte à la ceinture, et appui lentement du pouce sur la garde carrée. La lame ciselée coulisse d'un centimètre dans le fourreau ouvragé. Sa main droite vient rejoindre la poignée tressée du sabre dans un geste infiniment précis. Les doigts gainés de cuir souris se referment uns à uns sur le manche, avec une lenteur chirurgicale. Chacun d'entre eux est orné d'un anneau à la topologie unique :

— Ces anneaux… Ce sont ceux du Mandarin ?

— Ce sont les miens, chéri… N'aie crainte, je ne les utiliserai pas. Il y a trop longtemps que je veux savoir ce que tu vaux...

Withman dégaine sa lame qui ne renvoie aucun reflet. Elle absorbe la lumière, au point qu'on la dirait une absence plus qu'une présence… une fente béante dans le tissu de la réalité plutôt qu'une surface de métal forgé.

— Impressionnant, Danny… Muramasa n'est pas mal non plus, tu verras… On va découvrir ce qui se passe quand une lame à laquelle rien ne résiste entre en contact avec une lame qui peut tout trancher.

La côte de maille articulée du pagne cobalt claque en une vague dynamique de plaquettes rectangulaires dont la crête réfléchit un trait de lumière cinglant, quand la guerrière se jette sur le Vengeur d'un appel sur le pavé noyé. Une rafale de coups s'abat en une succession de flashs argentés qui se diffusent dans le brouillard saturé d'humidité. Ils sont parés sans effort par la lame ébène qui fend la pluie à quelques centimètres du nez du chevalier. Les épées s'entrechoquent en une grêle métallique propulsant des essaims de gouttelettes micronisées.

Les protections de chevilles cobalt cliquettent quand elles se réarrangent au moment où les plateformes et les talons des cuissardes compensées de cuir luisant heurtent le sol, éclaboussant les alentours. La jeune femme s'est rétablie dans une position féline, les jambes écartées, et prend son sabre à deux mains. Un filet de vapeur s'échappe du coin de sa lippe narquoise :

— J’attendais mieux… Deux lames mythiques, et leurs propriétés se contrebalancent...

Le vent mugit, et des embruns fouettent le visage racé de la guerrière Edo. Sa cape marque toujours le rythme des bourrasques. Le heaume cornu et le masque de oni s'écrasent à ses pieds dans une flaque, suivis du plastron de plaques d'acier qui vient épouser leurs formes sur le sol. La zibeline et la cape glissent de ses épaules et viennent les rejoindre en un nappage de replis qui passent du gris à l’anthracite au contact de l'eau :

— Avec nos lames, les armures sont inutiles. Autant se mettre à l'aise.

La jeune femme dégrafe son pagne articulé et le laisse choir nonchalamment sur le bitume avant de se remettre en garde. Elle jette son sabre d'une main à l'autre, penchée en avant, en dévisageant Whitman qui ne peut que saluer la beauté orientale : Les plis de ses cuissardes chatoient de reflets laqués qui surlignent le galbe de mollets sculptés par une vie d'entrainement. Les bottes démesurées montent à l’assaut de son entrejambe et garrotent bien haut la chair de ses cuisses, y imprimant des bourrelets de constriction à la courbure enivrante. Les parenthèses de chair bombées forcent les yeux jusqu’à son intimité, comprimée par un body tendu à la coupe en string tellement échancrée, qu’il dissimule à peine les monticules charnus de ses replis labiaux. Sa poitrine lourde aux rebonds hypnotiques caracole plus haut, par l'ellipse généreusement ajourée dans le cuir trempé aux éclats plastifiés. Les perles d'eau s'accumulent, et la peau safran frissonne sous la douche glacée…

— C'est sur ma lame que tu devrais bloquer !

Trois coups verticaux pleuvent si vite qu’on les distingue à peine. Tous sont portés à la mâchoire mal rasée de Whitman. Ils sont parés horizontalement par l’épée d’ébène avant que la guerrière n'incline la main pour découper latéralement le flanc gauche de l'armure médiévale. La lame noire est déjà sur la trajectoire du fil du katana, dont le manche orné de dragons stylisés s'enroule en réponse autour du poignet ganté de gris, sans laisser sa lame finir sa course. Le sabre maudit entame alors une ample parabole à l'opposé de sa destination précédente, en quête de l'artère fémorale du chevalier.

La chair n'est toujours pas au menu. La lame de geai a glissé sur le côté pour s'interposer, et sa pointe disparait dans l'aspalathe fumant, comme si le sol n'était qu'un hologramme.

— C'est vraiment comme ça que tu te bats ? Tant que tu tiens ton arme, je ne peux ni te tuer, ni sonder ton esprit, mais je perçois quand même le flux psionique se propager, entremêlé aux signaux électriques qui déferlent dans ton réseau nerveux à chaque décision... Et quand ton épée pare mes coups, il n’y a rien. Ce n'est pas toi qui bouge, c'est elle ! Cette technique de feignasse... Tu la laisses toujours faire tout le boulot ?

— Tes coups étaient portés pour tuer. L'épée a pris des mesures. Il m'a fallu des années pour apprendre à la laisser faire… Mais ça a un côté pratique : je peux me concentrer sur l'attaque.

Les deux mains de Whitman abattent l'épée d'ébène de toute leur force en direction de la jeune asiatique qui interpose son sabre somptueux au raz de sa poitrine exposée. Elle écrase sa paume gauche sur le plat de sa lame ornée pour contrer le coup monstrueux. Ses bras gantés jusqu’aux épaules fléchissent pour absorber une partie de l'impact. Les talons vertigineux glissent de plus d'un mètre en arrière dans l’eau des flaques sous la poussée. La jeune femme halète :

— Tu frappes comme un ours, mais ça va être dur de me surprendre... Ton système nerveux me hurle chacun de tes coups. En fait vous êtes juste une blague, toi et ton style archaïque...

— Toi, tu parles de style…? Le camel-toe, ça déconcentre l’adversaire pour que tu puisses l'affronter perchée sur tes écrase-merdes ? Faudra m’expliquer pourquoi la majorité des filles à pouvoirs peut pas s'empêcher de s’afficher en tapin…

Les biceps moulés de gris se contractent pour repousser le Vengeur. La jeune femme exerce une poussée ascendante de la main droite sur le manche de Muramasa pour basculer les deux lames. Elle pivote simultanément sur la pointe du pied et s'enroule sur elle-même pour envoyer l'autre jambe claquer dans l'air à destination de la trachée de Whitman. Le chevalier parvient à bloquer l'accès à son cou en baissant la tête. Le talon de la botte cuirassée vient s'écraser brutalement sur son menton, juste au-dessus de la jugulaire. Whitman crache une molaire et un filet de sang se ramifie dans l'air avant de maculer le sol de gouttelettes rubis, qui se diffusent à la surface des flaques ridées par la pluie.

— Moins un pour la police de la mode… Te soucie pas de mon équilibre, chéri. Occupe-toi plutôt de ta petite bouche pendant que j'y renfonce ton slut-shaming.

Le Chevalier Noir porte la main à la mâchoire et articule pour vérifier qu'elle n'est pas déboitée. Le bout de sa langue s'attarde dans l'espace vide laissé par sa dent. Il reprend ses marques et relève sa lame en réprimant sa colère.

Il charge. Un réverbère de fonte fleurie se désolidarise obliquement de sa base, tranché avec une précision moléculaire. Whitman appuie au passage de toutes ses forces sur le tube sectionné pour orienter sa chute en direction de la samouraï.

La jeune femme bondit en arrière pour éviter le lampadaire qui vient s'écraser en travers de la chaussée dans une explosion de verre à quelques centimètres à peine de la pointe de ses pieds, très rapidement rejoint par Whitman. Le glaive ébène s'abat, emportant avec lui un éventail de mèches violines qui s'éparpillent dans le vent. L'épée frappe encore et encore, en une série de diagonales parées cliniquement par le katana maudit…

— On s'énerve puceron ? Si tu savais ce que ça m'excite, l'idée de ce que je vais te faire… j'en ai le clito qui piaille pour sortir braconner…

Whitman continue de fendre le vide en avançant, passant son arme d'une main à l'autre pour varier les angles d'attaque, jusqu'à ce que le talon de Kwannon heurte la surface solide de l'une des colonnades de la porte carrossable :

— Ah… Y'avait une raison à tout ça, finalement... t'étais pas juste en train de brasser de l'air. Tu précipites les choses, tant pis pour toi…

La pluie battante qui file en traits obliques se pare une seconde du reflet de milliers de braises magenta à une cinquantaine de centimètres du sol juste sous son pied, quand la jeune femme prend un appel dans le vide pour bondir plus haut qu'aucun humain ne pourrait le faire... Les jambes fléchies aux cuisses ouvertes se referment violemment autour de la nuque de Whitman, la vulve écrasée contre son visage à lui broyer le nez, et se contractent en tailleur dans un mouvement de torsion, comme deux boas de chair comprimant leurs muscles reptatoires dans une volonté primale d'arracher des cervicales et de faire sauter des têtes.

— Le camel-toe, en gros plan, ça rend quoi ?

De sa main libre, le chevalier tente vainement de desserrer le nœud coulant des cuisses au galbe homicide, quand le sabre maudit fait mine de s'abattre sur son heaume de guingois. L'épée d'ébène perçoit l'intention meurtrière. Le dos de la main du Vengeur est porté violemment contre l'intérieur du poignet de kwannon, et la lame noire se plaque contre celle de Muramasa pour en river le plat au piédestal adjacent. Les deux armes bloquées contre le béton demeurent entremêlées en un X contrasté, sous le regard médusé des lions pétrifiés qui les surplombent.

— Je savais qu'on pourrait tirer parti de l'obstination de ton épée à te garder en vie. Tu relâches ta prise, tu meurs !

L'étreinte improbable se prolonge une seconde, avant que Kwannon ne referme tout sourire le poing de la main gauche. Un panache de lumière amarante s'enroule autour de son poignet et embrase sa main quand l'afflux de psions lourds entre en friction avec les atomes de l'air et leur arrache leurs électrons. Le flot débridé de photons libérés par les changements d'orbites en cascade éclabousse les protagonistes et leurs environs d'un rose saturé à l'intensité variable, avant que les gerbes fuchsia ne soient happées par les lignes de force des champs bioélectriques environnants, qui les contraignent en un dégradé irisé évoquant les ailes d'un papillon…

— Bankai, Danny-chou…

La dague psi s'abat. Des motifs fractals aux arabesques d'un rose profond se déploient à l'interface avec le métal, ceinturant le heaume du chevalier d'une aura perceptible à l'œil nu. Le panache sous pression s'enfonce profondément dans le crâne du Vengeur dont la structure atomique des os n'oppose aucune résistance à la progression des psions légers.

Indifférents à la matière, les bosons vecteurs d'énergie psychique s'infiltrent profondément pour saturer les lobes exposés. A l'échelle nanométrique, des myriades de flagelles de longueur d'onde fluorescente se ruent à l'assaut du cortex cérébral de l'homme impuissant avec la frénésie d'un lâcher spermatique dans l'épithélium des trompes. Les vrilles tentaculaires se déploient invasivement, saturant l'arborescence du connectome neuronal. La jeune femme perchée autour du cou de Whitman se penche en avant comme pour le rassurer, enfouissant le visage du chevalier dans sa poitrine oppressive :

— Làààà… tout doux… laisse-moi entrer bien profond…

Les traits de l'homme confiné dans son enfer mammaire se tendent sous le coup d'une douleur intense. Il écarquille les yeux et ouvre la bouche sans produire un son. Sa main s'entrouvre. Son épée lui échappe, et opère une rotation parfaitement équilibrée avant de s'enfoncer verticalement dans le sol jusqu’à la garde.

Quand les jambes du Vengeur fléchissent, la jeune femme en tailleur autour de son cou lâche elle aussi son sabre devenu inutile. Muramasa tombe à plat sur le sol, et le Chevalier Noir l'accompagne dans sa chute pour s'écrouler à genoux, avant que le haut de son corps ne parte à la renverse.

— …Difficile de tenir debout sans sens de l'équilibre, hein bébé…

L'homme s'écrase sur le dos dans un bouillon d'éclaboussures. La jeune femme écarte les jambes juste avant l'impact et se propulse gracieusement en arrière pour retomber avec légèreté, à califourchon sur le torse de son adversaire. La dague psi n'a pas bougé d'un pouce et pulse toujours son flot psychique à l'intérieur de la tempe de Whitman.

De sa main libre, Kwannon dégage le heaume noir dont le métal glisse au travers de la dague translucide sans rencontrer de résistance…

Elle joue un bref instant de ses doigts gantés dans les cheveux bruns et les réarrange amoureusement sur le front perlé de pluie de l'homme terrassé. Son casque continue de rouler quelques mètres plus loin, sans se soucier de son propriétaire.

Whitman détourne la tête et cherche sa lame des yeux… Penchée sur lui, Kwannon, lui tourne le menton d'un doigt, et plonge ses yeux dans les siens…

— Chhhh… ce ne sera plus long maintenant. Ce qui se passe là, c'est entre toi et moi. Reste concentré, nous avons beaucoup de travail : Nociception… Proprioception… Toucher… Ça va demander du doigter… Tout ça m'excite tellement… Ton périnée à toi, il a des trémolos lui aussi ?

Dans un dernier effort, Whitman essaie de tendre la main vers son épée. Kwannon lui lâche le menton et rattrape sa main dans la sienne pour la replacer délicatement le long de son corps, sa dague mentale toujours bien en place à l'intérieur de son crâne...

— Elle est trop loin Danny, c'est pas la peine… Tu te demandes pourquoi elle m'a laissée faire ? Parce que je n'ai aucune intention de te tuer. Au contraire mon chéri, tu vas vivre… Teeellement longtemps…Laisse maman travailler maintenant. T'as pas idée de la difficulté…

— Mmmmmmhhhhh.

— Voilà. Je vais bloquer les mouvements conscients aussi… Tu es trop turbulent, ça va te calmer un peu… T'inquiète pas, on y est presque… Laisse-moi me glisser un peu plus loin…

Les filaments fuchsia s'enroulent autour des axones, labourent les synapses, interrompent des connexions nerveuses, en shuntent et en réorganisent d'autres, fragmentent la toile psychique sous-jacente en un ballet microscopique hallucinant de complexité... Des villosités intangibles palpent, fouillent, s'entortillent, creusent, arrachent, laminent… zone par zone… centre par centre…

— Nnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn

— Attennnnnds… c'est terminé… On s'occupe du bouquet ouïe/goût/odorat, maintenant… ça tranche… ça tranche… on y est !

Plus que la vue, et on pourra s'atteler aux choses sérieuses... Je prends le relais télépathiquement, je ne veux pas que tu en perdes une miette…

Kwannon approche encore son visage de celui de Whitman. Elle est à genoux, sur son ventre, courbée au-dessus de lui comme s'ils étaient les plus doux des amants… Ses lèvres effleurent les siennes quand elle lui parle tout bas, sa main annelée plaquée contre sa joue, son poing irisé collé à sa tempe nue :

— Regarde-moi dans les yeux, bébé… Je veux que tu emportes mon image avec toi, là où tu vas…Doucement… làààà… Tu es prêt…? On éteint la lumière.

Je sais que c'est angoissant, Danny… tout ce noir. Surtout quand c'est pour toujours…

Les yeux terrorisés de Whitman se voilent. Comme s'il n'y avait plus personne derrière les prunelles assoiffées, dilatées à s'arracher, bloquées dans un tropisme inutile, affamées du plus infime photon…

— C'est si bon ce que je te fais là… tu sens ce que je ressens ? Tu me fais tellement de bien… Mais tu sais ce qui est encore meilleur ? Le plus doué des télépathes ne pourra jamais refaire ce que je viens de défaire… 1000 billions de connexions. Je les moissonne par milliards… Le plus virtuose des porcelainiers ne peut révoquer l'entropie une fois la tasse brisée… C'est Lui qui m'a appris à le faire… Lui qui m'a montré que c'était possible… Chaque fois, j'en retire plus de plaisir…

Whitman ne réagit plus. Son corps est figé. Ses yeux fixes. Sa poitrine se soulève encore, imprimant un léger mouvement d'ascenseur à la jeune femme lovée sur lui. Elle blottit la tête contre son torse côtelé et y colle l'oreille pour écouter son cœur. Plus haut, la dague de lumière amarante poursuit son vrille-méninges :

— Tu respires toujours… c'est bien. Je dois préserver tes fonctions inconscientes… on ne voudrait pas que tu partes trop vite… T'as une idée du nombre de sens que nous avons ? Cinq ? Six ? Sept-cent ? Nous en avons des dizaines, mais ils se résument à un seul concept : le sens du contact. Les photons pour la vue. Les molécules pour le son, l'odorat, le goût ou le toucher... Mais il en existe un autre... Le plus précieux d'entre tous. Un sens au contact du temps physique. Celui qui te permet d'en apprécier "l'écoulement"…

Whitman n'a toujours pas de réaction.

— Ce qui fait que tu es toi, je vais le déconnecter du temps… tu vas être… mmmm… mon chef-d'œuvre… ça va être… mmmmmmm… ça va être grandiose, Danny… TU SENS ÇA…??? Isoler toute l'étendue… d'un seul bloc… s'assurer que l'intégrité… oohhh… soit respectée… PUTAIN, OUI !!!! J'ai réussi !! Je t'ai déconnecté de l'axe-temps !

Aaaaaaaaaaahhhhhh… Il avait raison… Ma télépathie peut s'étendre au-delà de l'instant présent...

La femme à bout de souffle s'affale dans un soupir interminable. La scène perd instantanément sa tonalité magenta. Il n'y a plus que deux corps amorphes, le gris autour, le vent qui hurle, et l'eau qui déferle... On perçoit tout juste ses chuchotements, entre les mugissements modulés et le crépitement liquide :

— C'est fini, Danny... Tu es toujours là, tout au fond, conscient de ton existence. Mais tu viens de perdre toute notion de temporalité... Et tes derniers instants ont pris les proportions de l'éternité.

Il faut que je me repose un peu… Ton corps peut bien mourir, maintenant… En temps subjectif, tu dériveras à jamais, en déprivation sensorielle totale, avec ta pensée et mon image pour seules distractions…

Kwannon demeure encore un instant, pantelante, sur ce qui reste de Dane Whitman. Elle se relève, épuisée, en appui sur un bras, mais lutte pour se maintenir. Elle peine à reprendre son souffle, ses longues mèches violines en travers des yeux, prises jusque dans sa bouche. Un sourire épanoui refuse de quitter son visage… Ses joues rougies sont refroidies par les éclaboussures des cataractes qui noient le sol par vagues, comme les rideaux d'une fenêtre restée ouverte par gros temps.

Les membres flageolants, le dos martelé par la pluie, elle se réfugie une dernière fois dans la chaleur des bras de son amant malgré lui…









— On y va ?

— Mmmmh…? Laisse-moi profiter de ça encore un peu, Zéro. C'est pas tous les jours qu'on déconnecte quelqu'un de la réalité.

Zéro continue de rassembler les effets épars de sa supérieure sans rien dire. Le cercle noir tagué sur son casque blanc inexpressif parvient à imprimer un air de reproche quand il charge tour à tour le plastron, le pagne, et la zibeline sale qui dégouline abondamment sur l'épaule renforcée de son armure ivoire. Kwannon se remet sur pieds et réajuste ses gants en tortillant le cuir laqué. Elle jette un dernier regard au Chevalier Noir :

— Ça fait plus d'une minute… Combien de trilliards de fois es-tu devenu fou en cascade ? Combien de fois… pendant la série d'éternités fractales à s'être succédées depuis que je t'ai isolé dans ton néant interminable, mon Danny...?

Quel étalon tu as fait… Tu m'as eue presque cinq fois.

La jeune femme rengaine Muramasa, se baisse pour déclipser le fourreau noir du baudrier de Whitman, et avance avec un sourire détendu jusqu’à l'épée d'ébène enchâssée dans le sol jusqu'à la garde... Ses pieds s'immobilisent à quelques centimètres du pommeau qui dépasse du bitume.

— Tu crois que je vais en être digne ?

— Sors la de là qu'on en finisse, "maitresse", on a du pain sur la planche… C'est pas le trajet qui va nous retarder, mais tu sais que Richards n'est pas du genre patient…

— Il m'aime bien... et je suis toute à lui.

— Je crois qu'il appréciait Octavius, aussi…

Kwannon s'accroupit et tend la main vers l'épée noire. Elle en saisit le manche pour l'exhumer sans effort :

— Elle lui fait déjà des infidélités. Elle piaffe d'impatience à l'idée de parader dans ma main.

Elle glisse la lame noire dans son étui :

— Ça marche comment, ces fourreaux, tu crois ? Une protection mystique pour pas qu'ils finissent en deux à chaque fois ?

Zéro se tourne vers la jeune femme, son menpō et son kabuto dans les mains :

— Aucune idée. T'as terminé ton shopping ?

— Oui… Rentrons.




L'air se sature d'ozone. Des flammèches blanches crépitent dans la pluie. Un cercle de lumière opaque s'étale comme un liquide de part et d'autres des pieds du mutant albâtre, et rampe comme un masque soustractif, en épousant les reliefs du sol bien au-delà de l'emplacement de Kwannon, dont les traits s'assombrissent lugubrement sous l'effet des ombres projetées par rétro-éclairage. Les deux mercenaires disparaissent dans un flash aveuglant qui se dédouble à la surface des grands yeux vides qui hébergèrent Dane Whitman. Sa tête a basculé sur le côté. Sa bouche ouverte repose mollement au fond d'une flaque. L'eau s'y insinue rapidement, et commence à s'écouler dans sa gorge. On perçoit difficilement les mouvements de son diaphragme. Les traits de son visage sont tellement déformés qu'on peine à le reconnaitre.



__________________
"Bats ta femme tous les matins... Si tu sais pas pourquoi, elle, elle sait."

Dernière modification par kael ; 07/03/2024 à 13h34.
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