Le défi de décembre : Noël en huis clos

[Thoor]

Et aprés cela il y en a qui s'étonne des taux de suicide du 24 décembre.


Brrrrr, elle fait froids dans les dos ton histoire Ben

[grogramane]

Ben, mon ami, j'aime quand tu écris comme ça

	Citation:
	Je ne suis pas vraiment content de ce que j'ai fait

ça me rappelle quelqu'un

	Citation:			Posté par gorlab
	Ah t'a eu un pont point de Mr. Nix ? moi aussi, mais avec rien dedans... ma nouvelle a du le laisse sans voix...

Nix n'aime pas mes histoires
ou laros il a été deçu, c'est vrai que je vous ai (mal) habitués à mieux

[Ben Wawe]

Et dire que je pensais ce texte mauvais...c'est sympa' ce genre de surprises, en fait.
Sans déconner, merci à toutes et à tous de m'avoir lu, ça fait plaisir. Pour ceux qui pensent que j'ai le moral au plus bas, ce n'est pas forcément le cas. Je suis juste lassé et soulé de bosser tout le temps, et ça ne fait que commencer (exam', deux devoirs ramassés, une interro de samedi à mercredi, joie), donc ce n'est pas simple. Mais ça va, hein. Vraiment. C'est juste que je suis meilleur pour écrire des choses très tristes (d'ailleurs, il y en a plusieurs sur mon sujet...oui, je fais de la pub', j'assume), et que j'écoutais la reprise de The River par Sting et Springsteen au moment de l'écriture, et que ça m'a touché.

Donc voilà. Merci, et ouais, faudrait peut-être un sujet plus drôle pour la suite.

[Brother Ray]

Très touchant et malgré le malaise qui se dégage de ce récit je trouve que c'est sincèrement réussi. A lire donc sous Anafranil voire Tofranil.

[Hilarion]

TRI SELECTIF :
un huis-clos à Noël, avec un cachet d'aspirine, une chanson de Bourvil et des pétards.

Après 10.000 ans d’évolution, quelques milliards d’illuminés forcément méritants attendaient le Père-Noël. Dans le doute, des organismes de crédits à taux d’usuriers s’étaient fait un devoir de financer des tonnes de cadeaux vulgaires et inutiles. Un clochard surendetté commençait à geler pendant que les micro-ondes tournaient à plein régime dans les cuisines garnies des fruits de la trêve des confiseurs. Félix le contourna négligemment, pressé d’échapper à la persécution des néons blafards et à l’injonction d’amour et de paix aux hommes de bonne volonté.

Contrarié par l’idée qu’un vieil adipeux trainè par des rennes volants se faufile dans sa cheminée, Félix s’était réservé le droit de ne pas faire ramoner la sienne. Le corps de l’obèse couperosé sponsorisé par une marque de soda ne viendrait pas répandre son cholestérol dans son foie gras. Sa soupente était donc à température idéale pour le Sauternes quand Félix en franchit le seuil au bord de la crise cardiaque depuis déjà 4 étages.

2 heures plus tard, son cœur avait cessé de s’agiter alors même qu’il gardait précieusement son humeur morose chevillée au corps, langoureusement enlacée par une migraine persistante. Aucune gourmandise ne vint à son secours. Négligeant la dinde froide, le regard de Félix se perdit dans la contemplation des bulles joyeuses que produisait dans son verre à Moutarde une quelconque marque d’Acide Acétylsalicylique dont il oubliait toujours le nom. C’était tout le paradoxe des maladies de vieux : oublier le quotidien mais se rappeler jusqu’à revivre les drames vieux de 30 ans. Pas de roi Mage au chevet de son bébé... Balthazar avait du être reconduit à la frontière, que ce soit par Félix ou un de ses collègues. Même le SAMU était arrivé trop tard… Quand les gentilles idioties d’un fantaisiste Normand du siècle dernier échouèrent à le dérider, il se dit que cette heure était des plus propices aux taquineries d’usage du chien de son 6.35 de service qui lui faisait les yeux doux depuis quelques jours.

« Non je ne me souviens plus
du nom du bal perdu…»

Sa Mathilde n’allait de toute façon pas quitter le cadre de la photo ni sa concession pour entrainer son vieux cogne décati et perclus d’arthrite dans une java endiablée. Entre 2 larmes fugitives et un sanglot étranglé, Félix composa un dernier numéro sur le clavier de son téléphone. Déjà, les sirènes étaient suffisamment proches pour avoir une chance de sauver la viande pouvant être recyclée. Pour peu qu’il soit adroit, ce dernier sursaut d’altruisme et un rein de Félix ferait bien le bonheur d’un quidam halluciné convaincu que ce triste nid de cafards de 12.00 kilomètres de diamètre valait encore la peine que l’on tourne en rond dessus.

Une balle pas perdue pour tout le monde alla s’égarer dans le tumulte des pétards prévus à l’origine pour la victoire des Bleus à la dernière coupe du Monde de Rugby.

[HiPs!]

Clap clap et classe
Et puis il n'y a pas que du Bourvil. Un peu de Brel "Mathilde", Du Gainsbourg "6.35 fait les yeux doux". Respect.

[Hilarion]

Belle culture musicale!

Bon, je suis soulagé... l'ambiance du trid à fait sortir une partie de moi que j'essaye en général de mettre en sommeil.

Non, ce n'est pas une image obscène!

Et maintenant, un peu de fun pour la suite?

[grogramane]

arg!
plus de points vert!

[Brother Ray]

Pour tous les auteurs de ce thread. Et c'est pas fini....

[wallyvega]

Un grand bravo pour ce texte très bien ficelé!

[wallyvega]

Enfin, le moteur vrombit, les sièges tremblèrent légèrement et les bandes blanches du tarmac défilèrent de plus en plus rapidement. L’avion avait bien failli rester au sol, une tempête de neige menaçant d’accaparer les voies aériennes. Cependant, la tour de contrôle de Roissy-Charles de Gaulle avait décidé que le décollage n’était en rien compromis par les quelques irréductibles flocons de neige qui, dans le halo des projecteurs, pailleter le ciel noir d’encre.
C’était le dernier vol pour New-York et Thomas ne voulait le manquer pour rien au monde ; toute sa belle-famille l’attendait pour une présentation officielle. Le jour du réveillon ! Cela ne lui semblait pas être la meilleure idée que sa fiancée ait jamais eue mais elle était parvenue à le convaincre…
Un interminable voyage nocturne, durant lequel il serait impossible de trouver le sommeil, ne le réjouissait pas et cela n’allait pas en s’arrangeant depuis que deux énergumènes avaient pris place à ses côtés. Le premier, de taille moyenne, arborant un abdomen impressionnant, le coinça contre la paroi de l’avion, sa joue collée au hublot. Ses manières étaient brusques mais la distraction et l’inquiétude semblaient en être à l’origine. Une épaisse barbe blanche et des sourcils broussailleux encadraient un nez proéminent et des yeux pétillants, d’un bleu profond. Le second lui parut d’abord être un enfant ; en y regardant de plus près, son visage émacié présentait de profondes rides au front et de fines ridules aux coins de yeux, révélant un quadragénaire de très petite taille. Un mètre trente, tout au plus. Lui aussi semblait perturbé, cherchant le réconfort dans les yeux de son camarade. Ce dernier ne pipa mot, perdu dans ses pensées. Ils demeurèrent tous trois silencieux, alignés dans l’aile gauche de l’appareil.
L’engin formait désormais un angle de quarante-cinq degrés avec le sol, imitant l’ascension d’une montagne russe. Thomas se surprit à penser que la descente ne prolongerait pas la comparaison.
Ses voisins l’intriguaient ; il était rare de rencontrer de rencontrer des personnes aussi originales, vêtues de couleurs totalement dépareillées. Cette originalité ne se marquait, cependant, pas tant par leurs vêtements que par leur aura. Le fait qu’ils ne desserraient pas les dents amplifiait cette impression.
Soudain, son voisin direct, le barbu, écarta les jambes et Thomas aperçut un petit sac de voyage vers lequel le vieil homme se pencha, avec difficulté. Il ne se souvenait plus de l’avoir vu porter un tel bagage. Des reflets métalliques et colorés s’en échappèrent furtivement, avant que le corps du barbu ne lui obstrue complètement la vue. Il fouilla quelques instants, referma le sac et se redressa. Son petit compagnon le dévorait du regard, avide d’un geste, d’une parole. Il obtînt une phrase entière :
« Comment va-t-on faire, Merwish ? Il est en mille morceaux… », soupira le vieil homme, n’attendant pas réellement de réponse.
Merwish -quel drôle de nom !- sauta sur l’occasion :
« Ah ben maintenant, il va beaucoup moins bien voler ! », ironisa-t-il d’une voix aigüe.
L’autre lui lança un regard glacial, plein de reproches. Merwish baissa les yeux.
La curiosité de Thomas venait d’être piquée au vif. Que pouvait bien renfermer ce sac pour troubler à ce point ses deux voisins ?

Aucune réponse ne devait lui être apportée avant une bonne dizaine d’heures, pas même le moindre indice. Lassé par ce statu quo, il avait essayé de rejoindre Morphée à plusieurs reprises, échappant alors au supplice de la compression que lui infligeait Blanche-Barbe par la même occasion. En vain. Chaque fois qu’il posait un pied au Royaume des Songes, d’étranges grognements sourds lui emplissaient le crâne, comme si des bêtes sauvages rôdaient dans la soute. Il regagnait alors l’atmosphère froide et silencieuse de la cabine ; les autres passagers avaient eu plus de chance. Tous dormaient paisiblement, comme drogués. Tous exceptés les deux hommes à ses côtés. Une bulle temporelle semblait s’être emparée d’eux, les condamnant à un éveil interminable.
Discrètement, il leur jeta un rapide coup d’œil. Le petit homme avait adopté une position similaire à celle du Penseur de Rodin mais le léger rictus qu’il affichait trahissait une certaine ironie. L’autre n’était pas d’humeur à rire. De toute manière, il ne remarqua pas l’attitude de son camarade. Tête baissée, il errait d’une pensée à l’autre, cherchant certainement une solution à son problème, les sourcils figés en un froncement explicite.
Thomas fit mine de s’étirer puis se pencha vers l’avant, désireux de s’assurer que le sac n’avait pas été le fruit de son imagination. Il l’entraperçut, coincé entre les mollets massifs du vieil homme. Un détail attira son attention. Une fine traînée de fumée s’échappait de la fermeture éclair, semblable à celle laissée par l’explosion d’un petit pétard. Le sac prenait feu ! Un extincteur, vite !
« Quelque chose ne va pas, mon ami ? », demanda une voix rauque et empreinte de bienveillance.
Thomas regardait le barbu, interdit.
« De… De la fumée… votre sac, balbutia-t-il.
-De la fumée s’échappe de mon sac ? L’altitude vous joue des tours, mon garçon. »
Le barbu écarta les jambes et invita le jeune homme à constater son erreur par lui-même.
-Vous voyez ? »
Question rhétorique, bien entendu. Rien qui puisse ressembler à une quelconque fumée ne planait au-dessus du petit bagage.
Thomas pris conscience du mal de tête latent qui le taquinait depuis un certain temps et enfouit celle-ci entre ses mains, tentant d’en extraire la douleur. Il avait hésité à emporter da trousse de soins en cabine, y renonçant juste avant l’embarquement. Quel imbécile !
« Vous n’auriez pas de l’aspirine, s’il vous plaît ? murmura-t-il.
-Pas d’aspirine, je le crains. Cependant, ceci fera peut-être l’affaire, dit Blanche-Barbe en lui tendant un sucre d’orge, sorti d’une de ses larges poches.
Se moquait-il de lui ? Une confiserie n’avait jamais atténué une migraine.
-J’insiste, jeune homme, continua le bibendum, sur le même ton bienveillant.
Qu’avait-il à perdre, après tout ? Il se saisit de la friandise, en cassa un morceau et le jeta dans sa bouche, ainsi qu’il l’aurait fait avec un comprimé. L’effet fût immédiat, la douleur s’était envolée.
Thomas décocha un regard interrogateur à son voisin qui lui déclara :
« Recette de grand-père. » Phrase qu’il ponctua d’un clin d’œil.
Il ne fallut que quelques secondes pour que le vieil homme se replonge dans ses pensées ; son compagnon n’avait pas bougé d’un pouce.
Pris d’un certain sentiment de sympathie pour son sauveur, Thomas souhaitait lui venir en aide. Il s’enquit donc de l’origine du trouble qui les minait, lui et son petit camarade.
« Une catastrophe, mon ami ! Un grande catastrophe ! Mais je pense que ça ne vous intéressera guère, lui avoua le barbu.
-Bien au contraire, si je peux vous être utile, j’en suis ravi.
-J’ai bien peur que vous ne me preniez pour un vieux fou, mon cher Thomas, hélas… »
Thomas ?! Comment connaissait-il son prénom. Il ne se souvenait pas s’être présenter. Le vieil homme lut l’étonnement et la perplexité sur son visage, se pencha et lui chuchota à l’oreille :
« Le Père Noël, ça vous dit quelque chose ? »
Thomas, décontenancé, se tourna vers le petit homme qui accompagnait le barbu. Celui-ci tendit les bras devant lui, gonfla les joues et se balança de droite à gauche sur son siège.
C’était une blague, bien sûr. Ce ne pouvait être qu’une blague…
« Et si vous voulez tout savoir, nous sommes le vingt-trois décembre et mon traîneau a été transformé en petit bois, suite à la tempête d’hier, ajouta le Père Noël. Je suis dans de sales draps. »
-Qu… Quoi ?
-Mon seul espoir réside à New-York. J’ai un vieil ami qui s’est installé là-bas, Sotphaïs, l’Ebéniste. Il est le seul à pouvoir m’en fabriquer un en si peu de temps. Le problème, c’est que je ne connais pas bien cette ville et j’ignore l’adresse de Sotphaïs, confia le vieil homme
-Je croyais que vous étiez le Père Noël, objecta Thomas.
-On me prête bien trop de pouvoirs, vous savez ?
De plus en plus abasourdi, le jeune homme ouvrit la bouche mais aucun son ne s’en échappa. Ses deux voisins étaient complètement cinglés.
Le Père Noël s’empara de son sac, au prix d’un effort démesuré, et le posa sur ses genoux. Il l’ouvrit lentement et s’adressa à Thomas :
« Jugez par vous-même ! »
Le jeune homme hésita puis pencha légèrement la tête jusqu’à découvrir le contenu du sac. C’était impossible ! Il semblait regarder à travers une fenêtre ouverte sur un autre monde. Le petit bagage paraissait s’étendre à l’infini. Des milliers de cadeaux étaient rangés en colonnes immenses, des personnes de la même carrure que le compagnon du Père Noël s’affairaient entre elles et un large tas de bois était disposé au centre de la « pièce ». De la fumée recommença à s’élever du sac et Thomas comprit d’où elle provenait. Huit rennes étaient attachés aux restes du véhicule, juste sous lui, évacuant de la vapeur d’eau par leurs naseaux.
Il eût du mal à se détacher de ce spectacle, cependant, lorsqu’il y parvînt, tous ses doutes s’envolèrent. C’était peut-être dû au fait qu’il avait envie d’y croire. Quoiqu’il en soit, tandis que le commandant annonçait un atterrissage imminent ainsi que la température extérieure, Thomas plongea son regard dans les yeux du Père Noël et lui déclara :
« Je connais très bien New-York. »

[HiPs!]

Cool. Du vrai, bon, positif. Très jolie idée que celle du sac.
Deux remarques: le "nous demeurames tous les 3 silencieux", fin du 2ème par, c'est le reliquat d'une version à la première personne?
-Tu n'aurais pas, par hasard, troqué la contrainte de la chanson de Bourvil en une phrase prononcée par lui dans le Corniaud, mmhh?

[wallyvega]

Doublement grillé, je pensais avoir corrigé toutes les tournures à le première personne.
Pour Bourvil, c'est vrai que j'avais plus envie de reprendre cette réplique célèbre que d'introduire une chanson.
En tout cas, merci.

[grogramane]

l'as tu vu
l'as tu vu
le petit bonhomme
le petit bonhomme
l'as tu vu
l'as tu vu
le petit bonhomme
au capuchon pointu?

	Citation:			Posté par HiPs!
	Cool. Du vrai, bon, positif.

heu... pas si positif que ça. Je te signale que le traineau est en mille morceaux

[wallyvega]

Certes, mais il y a toujours un espoir. Et puis, il y a quand même un peu plus de légerté que dans certains autres textes, non?