Précédent   Buzz Comics, le forum comics du monde d'après. > > Moovies, Télé & Jeux vidéo > Moovies

Réponse
 
Outils de la discussion Modes d'affichage
  #46  
Vieux 03/10/2013, 14h18
Avatar de Zen arcade
Zen arcade Zen arcade est déconnecté
Dieu qui déchire sa race
 
Date d'inscription: août 2005
Messages: 5 369
Zen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John Constantine
Citation:
Posté par Samo
Voir le message
Vous êtes relou les mecs. Ca fait quelques semaines que je suis en mode rattrapage de ciné HK, avec achat de DVD et tout...

Et vous me mettez l'eau a la bouche avec du nippon maintenant. Comment vous voulez que je fasse ?
T'as qu'à nous mettre aussi dans la mouise en ouvrant un thread sur le ciné HK.
__________________
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - Arbre de fumée
Réponse avec citation
  #47  
Vieux 03/10/2013, 14h52
Avatar de Samo
Samo Samo est déconnecté
Casual Daddy
 
Date d'inscription: décembre 2004
Messages: 11 313
Samo change la caisse du Fauve
Haha, je l'aurais fait, si j'avais vos capacités d'analyse et redactionnelles

Mais continuez, je vous lis avec plaisir ^^
Réponse avec citation
  #48  
Vieux 03/10/2013, 14h54
Avatar de Aguéev
Aguéev Aguéev est déconnecté
Conducteur de Bat-camion
 
Date d'inscription: août 2010
Localisation: Paris
Messages: 3 587
Aguéev change la caisse du Fauve
Et t'as qu'a arreter tous les trucs pas biens que tu t'infliges hop! Plus de temps!
__________________


"Pour moi le scénario repose entièrement sur le fait que Magneto est con"




Réponse avec citation
  #49  
Vieux 04/10/2013, 00h04
Avatar de Zen arcade
Zen arcade Zen arcade est déconnecté
Dieu qui déchire sa race
 
Date d'inscription: août 2005
Messages: 5 369
Zen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John Constantine
Bon, Koji Wakamatsu, cinéaste engagé, enragé, violemment contestataire.
Un gars assez unique dans l'histoire du cinéma nippon.
Il a débuté à la Shochiku dans la première moitié des années 60.
La Shochiku était alors écartelée entre des productions traditionnelles (Ozu, Kinoshita) et une bande de frondeurs qui forment la nouvelle vague japonaise (Oshima, Yoshida, Shinoda).
C'est sous l'impulsion de cette nouvelle vague que va se placer Wakamatsu.
Mais c'est un film d'un autre réalisateur de la Shochiku qui va profondément marquer son cinéma : Daydream (Hakujitsumu) réalisé par Tetsuji Takechi en 1964.
Daydream est considéré comme le premier pinku eiga réalisé dans le cadre d'un grand studio et largement distribué sur l'ensemble du territoire japonais.
Le film est pourtant largement plus expérimental que franchement érotique.
C'est sans doute cet aspect qui va pousser Wakamatsu à investir le genre du pinku tout en y faisant passer ses propres préoccupations en contrebande.

Daydream débute de manière tout à fait banale dans la salle d'attente d'un dentiste. Un homme et une femme attendent sagement leur tour. Une fois entrés dans le cabinet du dentiste, les contours du film se font rapidement plus flous, on glisse peu à peu dans un monde étrange où dans un premier temps on ne sait plus trop ce qui relève du réel ou du fantasme. Soutenue par une bande-son très malsaine, le film se fait peu à peu éprouvant.
On devine que le patient, anesthésié, glisse dans des fantasmes concernant la jeune femme.
Des vignettes se suivent, épousant une logique purement onirique (plutôt dans une veine cauchemardesque d'ailleurs) très étrange (toujours accompagnée d'une bande-son bizarre que n'aurait pas renié le David Lynch période Eraserhead).
Bien qu'il soit difficile de cerner un réel propos, le film fascine par la beauté de ses images (la photo est signée du directeur photo d'Oshima) autant qu'il suscite le malaise par ce qu'il représente.
Film très étrange mais vraiment très beau.
On signalera pour finir qu'il s'agit de l'adaptation d'une nouvelle de Jun'ichiro Tanizaki et que Tanizaki lui-même exprime dans un carton introductif son admiration pour le film.





__________________
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - Arbre de fumée
Réponse avec citation
  #50  
Vieux 06/10/2013, 13h05
Avatar de Zen arcade
Zen arcade Zen arcade est déconnecté
Dieu qui déchire sa race
 
Date d'inscription: août 2005
Messages: 5 369
Zen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John Constantine
Citation:
Posté par Magda
Voir le message
Ryuji de Toru Kawashima

Ryuji c'est bien, c'est à voir de toute urgence pour ceux ne connaissant pas cette oeuvre culte. 10/10.
Merci pour ta chronique.
Je ne connaissais pas ce film, je viens de le voir et j'ai beaucoup aimé.
__________________
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - Arbre de fumée
Réponse avec citation
  #51  
Vieux 06/10/2013, 13h30
Avatar de Zen arcade
Zen arcade Zen arcade est déconnecté
Dieu qui déchire sa race
 
Date d'inscription: août 2005
Messages: 5 369
Zen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John Constantine
Nemuri Kyoshiro 3 - Full circle killing réalisé par Kimiyoshi Yasuda en 1964.



Après le superbe épisode réalisé par Kenji Misumi, la série revient à une exploration moins audacieuse des tribulations de son héros.
Retour à un Kyoshiro uniquement cynique, à une mise en images plutôt illustrative. Et on sent déjà poindre du recyclage scénaristique (par exemple : la fille illégitime du shogun est ici remplacée par un fils illégitime).
Mais tout cela ne veut pas dire que le film ne présente aucun intérêt car malgré l'aspect un peu routinier, il y a un savoir-faire indéniable qui permet au film de rester appréciable.
Le plaisir est également largement dû à quelques beaux morceaux de bravoure et à un combat final sur un pont en feu qui voit Kyoshiro littéralement sortir des flammes pour trucider ses ennemis.




Contrairement au deuxième film, Full circle killing ne livre aucun indice sur les mystérieuses origines de Kyoshiro. Pour en savoir plus à ce propos, il faudra attendre le film suivant, pierre angulaire de la série.
Mais la chronique viendra plus tard...
__________________
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - Arbre de fumée
Réponse avec citation
  #52  
Vieux 07/10/2013, 00h08
Avatar de Aguéev
Aguéev Aguéev est déconnecté
Conducteur de Bat-camion
 
Date d'inscription: août 2010
Localisation: Paris
Messages: 3 587
Aguéev change la caisse du Fauve
bon de mon coté je vais vous parler d"ici 2/3 jours de Sono Sion et de pourquoi il faut voir ses films.
__________________


"Pour moi le scénario repose entièrement sur le fait que Magneto est con"




Réponse avec citation
  #53  
Vieux 07/10/2013, 21h23
Avatar de Zen arcade
Zen arcade Zen arcade est déconnecté
Dieu qui déchire sa race
 
Date d'inscription: août 2005
Messages: 5 369
Zen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John Constantine
Nemuri Kyoshiro 4 - Sword of seduction réalisé par Kazuo Ikehiro en 1964

Ce quatrième opus est un épisode clé dans la saga du ronin Nemuri Kyoshiro. En effet, c'est dans cet épisode que vont être révélées les circonstances de sa naissance, que les épisodes précédents nous avaient laissé entrevoir via des indices disséminés parcimonieusement.
Sword of seduction est aussi l'épisode le plus sombre de la série : aucun personnage n'apparait de manière positive (et certainement pas Kyoshiro lui-même) dans un monde dirigé uniquement par les rapports de pouvoir et la manipulation.
Au niveau de la description de la société de l'époque, l'accent est cette fois mis sur la persécution des chrétiens japonais contraints à vivre leur foi de manière cachée.
Ils vont se retrouver pour leur plus grand malheur au centre de jeux de pouvoirs entre divers groupes.
Une très belle réussite qui continue de hisser la série largement au-dessus des productions similaires réalisées à la même époque.



L'impressionnante séquence inaugurale dans laquelle une princesse extrêmement cruelle humilie ses servantes sous l'emprise de la drogue




La vierge Shima qui détient le secret des origines de Kyoshiro




Pas de happy end pour cette fois
__________________
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - Arbre de fumée
Réponse avec citation
  #54  
Vieux 08/10/2013, 11h15
Avatar de Zen arcade
Zen arcade Zen arcade est déconnecté
Dieu qui déchire sa race
 
Date d'inscription: août 2005
Messages: 5 369
Zen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John Constantine
Nemuri Kyoshiro 5 - Sword of fire réalisé par Kenji Misumi en 1965

Retour aux manettes de Kenji Misumi qui avait déjà réalisé le superbe deuxième épisode.
On retrouve sa patte même si on le sent parfois un peu en mode automatique face à un scénario bien foutu mais quelque peu routinier.
Ce qui manque en fait dans cet épisode, c'est l'implication sociale et politique dans la vie de l'époque. Ici, on suit certes agréablement une palette de méchants (fonctionnaires corrompus, anciens pirates, femmes fatales manipulatrices, ...) face à l'imperturbable Kyoshiro mais on ne peut s'empêcher de penser que quelque chose manque.
Ceci dit, cela reste un très agréable divertissement, souligné par quelques excellents combats très bien chorégraphiés..

Quelques beaux plans signés Misumi :





__________________
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - Arbre de fumée
Réponse avec citation
  #55  
Vieux 08/10/2013, 23h14
Avatar de Zen arcade
Zen arcade Zen arcade est déconnecté
Dieu qui déchire sa race
 
Date d'inscription: août 2005
Messages: 5 369
Zen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John Constantine
Le secret derrière les murs (Kabe no naka no himegoto) réalisé par Koji Wakamatsu en 1965.

En 1965, Wakamatsu quitte la Nikkatsu quitte pour fonder sa maison de production.
Comme Oshima quelques années plus tôt et pratiquement en même temps que Yoshida et Imamura, il quitte un système qui ne lui donne pas la liberté de faire les films qu'il a envie de faire.
Les spécialistes se querellent quant à savoir si Le secret derrière les murs est le dernier film de Wakamatsu produit au sein de la Nikkatsu ou le premier qu'il ait réalisé via sa propre société de production.
Quoiqu'il en soit, le film est un portrait à charge au vitriol de la société japonaise de l'après-guerre.
Certes encore loin des audaces expérimentales des films à venir, le film porte cependant en germe toutes les caractéristiques du cinéma enragé de Wakamatsu.
Ici, nous suivons au travers d'une série de petites vignettes les vies d'une poignée d'habitants d'un complexe de HLM.
Ce petit monde cloisonné entre quatre murs dans des petits appartements déprimants balance entre aliénation, enfermement, frustration, perte des idéaux, incapacité de passer du discours à l'action, effondrement des valeurs traditionnelles qui ne se voient remplacées que par un vide impossible à combler.
Les seuls échappatoires à la grisaille ambiante sont le suicide, la déviance sexuelle et le meurtre.
On le voit, le constat que fait Wakamatsu est profondément désespérant.




__________________
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - Arbre de fumée
Réponse avec citation
  #56  
Vieux 11/10/2013, 11h55
Avatar de Zen arcade
Zen arcade Zen arcade est déconnecté
Dieu qui déchire sa race
 
Date d'inscription: août 2005
Messages: 5 369
Zen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John Constantine
Petite digression thématique avec deux films sur le sujet du shinju, le double suicide amoureux.
Le double suicide amoureux est profondément ancré dans les arts japonais. Celui qui lui a donné ses lettres de noblesse est incontestablement le dramaturge Chikamatsu Monzaemon, auteur du 17ème siècle qui écrivait des oeuvres pour le bunraku (théatre de marionnettes).
Son oeuvre eut et a toujours un impact considérable (ce n'est pas pour rien qu'il est considéré comme le Shakespeare japonais).
De nombreux films ont été tirés de son oeuvre, dont le chef d'oeuvre Les amants crucifiés (Chikamatsu monogatari) de Kenji Mizoguchi.

Le shinju ou double suicide amoureux est vécu comme le seul moyen pour un couple qui vit un amour impossible d'échapper aux contraintes sociales qui l'empêchent de se réaliser.
Dans la société extrêmement codifiée des shogun Tokugawa, il était dès lors considéré comme un acte de libération subversif, très lourdement puni (cadavres des amants exposés publiquement, honte pour les familles,...).
Le shinju est intéressant parce qu'il est parfaitement représentatif de la tension au Japon entre ce qui relève du giri (le devoir, la contrainte sociale) et ce qui relève du ninjo (le sentiment).
Soudainement, deux mondes qui doivent rester strictement cloisonnés entrent en interférence. Dramaturgiquement parlant, cela donne évidemment un matériau très riche.
D'autant plus que le shinju se trouve également dans une tension entre Eros et Thanatos, du côté d'un plaisir contrarié qui ne peut trouver refuge que dans la mort.
Au-delà du contexte du Japon féodal du théatre de Chikamatsu, on voit bien qu'il y a quelque chose d'intemporel et sans doute d'universel dans les questions que soulèvent l'acte du shinju.
Le shinju connait d'ailleurs aujourd'hui des résurgences modernes avec le phénomène des suicides collectifs d'adolescents (comme on peut le voir dans Suicide club de Sono Sion).
Bon, tout ça pour dire que j'aime bien les histoires de double suicide amoureux.

Après ce long préambule, parlons quand même un peu de cinéma, hein... en l'occurrence de Double suicide à Amijima (Shinju ten no Amijima) que Masahiro Shinoda a réalisé en 1969.

Double suicide à Amijima est adapté d'une pièce de Chikamatsu Monzaemon.
L'histoire est assez simple.
Jihei est un marchand plutôt pauvre. Marié à Osan et père de deux enfants, il est épris d'une prostituée, Koharu. Le devoir envers sa famille et la différence de statut social rendent sa relation avec Koharu complètement impossible. D'autant plus qu'il ne possède pas assez d'argent pour racheter Koharu, endettée auprès de son souteneur.
Le seul moyen d'affirmer leur amour sera donc le double suicide.

Shinoda, qui a quitté le studio Shochiku pour se lancer dans des productions indépendantes, ne dispose que d'un budget très limité qui va le contraindre à opérer des choix formels radicaux.
Il va enfermer ses personnages dans de superbes décors stylisés aux limites de l'abstraction.
Le sol, constitué de peintures et de calligraphies va représenter le ninjo et les panneaux de bois (filmés commes des barreaux) vont représenter le giri.









Shinoda théatralise sa narration à l'extrême, jusque dans le jeu des acteurs.
Il va même introduire dans son film des kuroko, utilisés dans le théatre japonais pour déplacer décors, accessoires,... en les faisant intervenir dans la narration pour accompagner les personnages vers leur issue fatale.
Masqués et tout de noir vêtus, les kurokos vont symboliser l'inéluctabilité du destin funeste qui attend les amoureux.




Jouant à la fois le rôle d'Osan l'épouse et et celui de Koharu la prostituée, Shima Iwashita réalise une performance mémorable.
(Shima Iwashita a joué dans la plupart des films de Shinoda - elle est son épouse à la ville - mais aussi dans plusieurs films de Masaki Kobayashi et de Hideo Gosha qui sont disponibles en DVD chez nous)



Double suicide à Amijima est un film formellement proche du sublime (trop selon certains, mais pas moi), porté par une histoire tragique que le talent de ses acteurs magnifie.
En quelques mots : putain de grand film.

(et belle édition en DVD chez Wild side avec une très intéressante interview de Shinoda en bonus)

Prochain épisode : Double suicide à Sonezaki de Yasuzo Masumura avec Meiko Kaji
__________________
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - Arbre de fumée

Dernière modification par Zen arcade ; 11/10/2013 à 12h51.
Réponse avec citation
  #57  
Vieux 15/10/2013, 10h22
Avatar de Zen arcade
Zen arcade Zen arcade est déconnecté
Dieu qui déchire sa race
 
Date d'inscription: août 2005
Messages: 5 369
Zen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John Constantine
Quand l'embryon part braconner réalisé en 1966 par Koji Wakamatsu



Film magnifique et éprouvant mais à l'évidence à ne pas mettre entre toutes les mains.
L'argument est très simple, le dispositif franchement minimaliste.
Un homme et une femme flirtent dans une voiture, ils montent dans l'appartement du gars, il lui donne un somnifère et il la séquestre en lui faisant subir les pires humiliations.
Dit comme ça, ça a tout du film particulièrement scabreux.
Mais en fait non, même si c'est quand même franchement malsain.

Le film explore lors de quelques flashbacks les motivations du tortionnaire mais l'intérêt n'est pas vraiment là.
L'intérêt est chez la femme qui refuse de se soumettre, même si elle le feint parfois, et qui affronte sa peur en essayant de s'échapper même si elle sait que les sévices qui suivront n'en seront que plus durs.
L'intérêt est chez cette femme qui se rend compte que si elle s'échappe, l'enfermement qu'elle subit chez son tortionnaire sera remplacé par celui qu'elle retrouvera au sein de la société japonaise.
Elle se rend compte, dans une scène éblouissante, que si elle est peut-être capable d'inverser le rapport de domination qu'elle subit dans l'appartement, cette inversion ne sera pas possible à l'extérieur.
Paradoxalement, c'est justement cette prise de conscience frustrante qui, au lieu de la briser, va déclencher chez elle une rage meurtrière qui finira dans un bain de sang.
Au-delà de son argument sadien, le film est donc avant tout celui d'une prise de conscience amère du sort réservé aux femmes dans la société japonaise de l'époque.

Le film est sorti en salles en France en... 2007. Il a été interdit aux moins de 18 ans pour, selon le comité de censure, l'image dégradante de la femme qu'il véhicule.
Les censeurs n'ont absolument rien compris au propos du film.

Hormis la scène inaugurale dans la voiture, l'entièreté du film est tournée en huis clos dans le petit appartement du tortionnaire.
Avec un budget qu'on devine très limité, Wakamatsu réalise des merveilles, grâce à un sens du cadre et une manière de filmer les corps épatants et grâce à une équipe de collaborateurs fidèles que l'on retrouvera dans nombre de ses films de l'époque.
C'est ainsi que l'on notera pour la première fois au générique le nom de Masao Adachi qui deveindra rapidement son scénariste attitré.
J'en reparlerai dans de futures chroniques parce que la figure de Masao Adachi est cruciale dans le développement du cinéma de Wakamatsu, particulièrement dans son évolution vers un discours proche des mouvements d'extrême-gauche radicale.
__________________
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - Arbre de fumée

Dernière modification par Zen arcade ; 18/10/2013 à 09h39.
Réponse avec citation
  #58  
Vieux 18/10/2013, 10h11
Avatar de Zen arcade
Zen arcade Zen arcade est déconnecté
Dieu qui déchire sa race
 
Date d'inscription: août 2005
Messages: 5 369
Zen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John Constantine
Les anges violés réalisé en 1967 par Koji Wakamatsu

Wakamatsu, qui a cette époque réalise en moyenne 7 à 8 films par an, tourne avec Les anges violés un nouveau film au budget minuscule.
Comme d'habitude, il en tire un film qui tire magnifiquement parti de son décor unique ainsi que de son cast et des temps de tournage réduits.
La rage du réalisateur n'est jamais autant palpable que dans ces films tournés dans l'urgence.

Dans ce film, Wakamatsu s'inspire librement d'un fait divers qui avait défrayé la chronique l'année précédente, en 1966.
A Chicago, Richard Speck s'était introduit dans un dortoir pour infirmières avant de les tuer toutes sauf une.
Dans Les anges violés, un jeune homme, manifestement perturbé et mal dans sa peau, suit le même parcours que Richard Speck.
Le film est court, moins d'une heure, mais la confrontation entre le tueur et ses victimes est d'une intensité rare. Wakamatsu instaure une ambiance vraiment déstabilisante, à coup de longs plans fixes, de retours incessants sur les images des cadavres dans la pièce où l'action se joue, de bruitage sonores dérangeants, de musique hypnotique,...
Le film, très bizarre, est à la croisée du thriller et du film expérimental.
Aucune tentative d'explication, de psychologisation.
Le final est absolument sublime. La dernière victime, qui était restée impassible et en retrait pendant tout le reste du film apaise le tueur. Le film, en noir et blanc jusque là, passe alors en couleur pour un effet d'une beauté sidérante.
Le film se conclut sur des images d'archives d'interventions policières, signifiant sans doute que le tueur est aussi une victime. Victime de la répression de la société japonaise répressive envers sa jeunesse qui perd pied.
In fine, le discours politique de Wakamatsu refait donc surface, mais il n'altère en rien le pouvoir de fascination de ce film vraiment étrange.

Le film a été présenté au festival de Cannes en 1971.
Pour la petite histoire, sur le chemin du retour au Japon, Koji Wakamatsu et son scénariste Masao Adachi (ainsi que Nagisa Oshima et Kiju Yoshida) sont passés par le Liban pour filmer un documentaire sur le FPLP (Front populaire de libération de la Palestine) qui soutenait financièrement l'Armée rouge japonaise (groupuscule terroriste japonais pro-palestinien qui sera responsable l'année suivante du massacre à l'aéroport de Tel Aviv).
Si Wakamatsu prendra ses distances par rapport à la lutte armée et à ses dérives, Masao Adachi (réalisateur, scénariste, critique et essayiste) quant à lui retournera au Liban en 1974 et y restera pendant plus de 20 ans au sein de l'Armée rouge japonaise avant d'être arrêté en 1997 et plus tard extradé au Japon.
Aujourd'hui libéré, il est toujours interdit de sortie du territoire japonais et a repris ses activités dans le milieu du cinéma (réalisateur en 2007 de Prisonnier / Terroriste et scénariste à nouveau de Wakamatsu pour Le soldat dieu en 2010).

Pour contextualiser ce moment de l'histoire où des réalisateurs japonais ont fricoté avec les mouvements d'extrême-gauche radicale, il faut vraiment voir le film somme de Wakamatsu United Red Army.
Une analyse lucide et critique de toute cette énergie révolutionnaire qui s'est auto-détruite dans la désillusion et la violence.






__________________
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - Arbre de fumée

Dernière modification par Zen arcade ; 18/10/2013 à 10h35.
Réponse avec citation
  #59  
Vieux 22/10/2013, 03h20
Avatar de Magda
Magda Magda est déconnecté
Queen Mob
 
Date d'inscription: août 2013
Localisation: Belle Reve
Messages: 2 995
Magda change la caisse du Fauve
Critique très intéressante.

Flic de Masahiro Kobayashi


Je connaissais le film depuis longtemps, il était sur ma pile de dvd depuis quelques temps et je me suis décidée à le voir hier dans la matinée et c'était bien, c'est, et je pèse mes mots, un chef d'oeuvre de bout en bout qui mériterait une sortie française pour ceux qui ne comprennent pas la langue Ningetsu Ishibashi. Le film se divise en quatre partie et chaque partie à un intérêt autant séparément que pour le tout je dirai. Le film pose une base simple au film. Un agent de police du nom de Murata doit enquêter sur la mort d'une jeune étudiante qui fut retrouvée morte quelques jours plus tôt dans un des Love Hôtel pullulant sur l'archipel. Murata est un homme brisé par la mort de son épouse et indirectement cette enquête peut s'avérer comme une renaissance, du moins c'est ce que pense son collègue. Ici l'enquêteur nous fait penser à celui de Mad Détective si on veut un prendre un exemple que vous connaissez, c'est un homme brisé et qui perd peu à peu pied avec la réalité ce qui nous propose à de nombreux moments des épisodes assez angoissants et tristes. Le réalisateur nous a souvent proposé des films assez spéciaux et je dois dire que j'aime beaucoup son cinéma, ici l'œuvre se passe à Hokkaido comme dans plusieurs de ses œuvres. Les personnages sont tous spéciaux et on ne sait jamais vraiment ce qu'ils pourront faire dans l'histoire, ils nous apparaissent peu à peu que se soit de manière physique ou psychique si on peut dire. Le film est assez ambiguë dans ce qu'ils nous montre, l'enquête nous mène sur des voies auquel on ne pense et au final le tout se révèle être assez flou dans ce qu'ils nous montrent.

Le suicide, l'espoir, les frayeurs, la mort et j'en passe, sont des thèmes récurrents dans ses œuvres, dans le film ils se mêlent de façon étonnantes et nous captivent de bout en bout, comme je l'ai dit on ne sait pas ou le réalisateur veut nous mener et plus on avance dans l'intrigue plus on veut en savoir plus sur le film, sur les personnages et sur l'univers que nous montre le réalisateur. Je ne suis pas une experte non plus de son cinéma mais je dois dire que c'est assez récurrent dans ce qu'il nous montre. Les personnages ont tous un rôle dans l'histoire et ils mènent les autres personnages la ou l'histoire doit se conclure comme pour nous. Le film nous montre à la fois une enquête policière, certes des plus classique mais qui nous mène sur de nombreuses pistes captivantes, comme elle le fait pour l'enquête psychologique de l'œuvre. Ce n'est pas un film ou tout explose, ou on a de nombreuses course poursuite et je ne sais quoi encore, ici l'enquête est lente, posée et le film se laisse contempler. L'œuvre nous propose de nombreux plans assez beaux et finalement je dois reconnaitre que c'est l'un de ses plus beaux films et l'une des meilleures œuvres du genre que j'ai vue cette année. Je le conseille donc pour les fans du réalisateur ou du casting plus que bon (non mais il y a Teruyuki Kagawa et rien que pour cela ça justifie l'achat), je lui donne donc la note de 10/10 pas moins et je ne regrette pas du tout mon achat!
__________________
"Si tous tiraient dans la même direction, le monde basculerait."
----------

"my feminism will be intersectional, or it will be bullshit." Kelly Sue Deconnick
“Conscience. Conscience is the ultimate measure of a man.” G. Willow Wilson
"Magneto would be all, "Mutants shall rule all" and Sex Giraffe would be all, "One second there, broski." Gail Simone

Dernière modification par Magda ; 05/12/2013 à 02h02.
Réponse avec citation
  #60  
Vieux 04/11/2013, 15h02
Avatar de Zen arcade
Zen arcade Zen arcade est déconnecté
Dieu qui déchire sa race
 
Date d'inscription: août 2005
Messages: 5 369
Zen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John ConstantineZen arcade part en virée avec John Constantine
Bon, j'ai pas laissé tomber le topic hein, j'étais juste parti une semaine au Japon
De nouvelles chroniques bientôt.
__________________
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - Arbre de fumée
Réponse avec citation
Réponse

Tags
cinéma

Outils de la discussion
Modes d'affichage

Règles de messages
Vous ne pouvez pas créer de nouvelles discussions
Vous ne pouvez pas envoyer des réponses
Vous ne pouvez pas envoyer des pièces jointes
Vous ne pouvez pas modifier vos messages

Les balises BB sont activées : oui
Les smileys sont activés : oui
La balise [IMG] est activée : oui
Le code HTML peut être employé : non

Navigation rapide

Discussions similaires
Discussion Auteur Forum Réponses Dernier message
Le topic du Kaiju Eiga et des grosses bêbêtes Kani Moovies 95 07/07/2015 11h27
Bloodstrike au cinéma. CYRIL Moovies 0 11/07/2012 00h52
Comment faire un clip sans budget et sans idée ? Jean miX.L. Arts, musique & bouquins 5 20/04/2009 17h41
méthode d'apprentissage japonais? Katina Choovansky Brêves de comptoir 21 12/02/2009 17h25
Comics FX s'associe ? un artiste japonais PEZ A vos crayons !! 5 17/07/2003 02h03


Fuseau horaire GMT +2. Il est actuellement 04h38.


Powered by vBulletin® Version 3.8.3
Copyright ©2000 - 2024, Jelsoft Enterprises Ltd.
Version française #20 par l'association vBulletin francophone
Skin Design et Logos By Fredeur
Buzz Comics : le forum comics n°1 en France !