2007, le bilan

[HiPs!]

Voilà quoi, 2007 s’achève dans moins d’un mois et il me semble qu’il serait de bon ton de faire un petit bilan des choses bonnes, écoutées et lues durant l’année.
Ce n’est pas follement original, ok, mais ça pourrait s’avérer utile quand viendra le moment crucial de mettre autre chose qu’une vieille mandarine dans les souliers de Noël.

Je commence :



DISQUES

Dans la catégorie:
« je suis un artiste confirmé mais je ne me repose pas sur mes lauriers »

PJ Harvey – White Chalk
Ouf, elle commençait à me saouler la Polly Jean. Ses deux derniers étaient quand même des ratages fatigants d’où surnageaient péniblement une ou deux chansons. Et là, miracle, elle abandonne sa guitare, se met maladroitement au piano et sort un album excellent. C’est d’ailleurs peut-être le seul de sa disco que j’aime dans son intégralité.


Radiohead – In Rainbows
Bon, eux c’est pas pareil, je trouve personnellement qu’ils s’améliorent d’album en album. Le précédent Hail To The Thief avait remplacé dans mon cœur Amnésiac qui, lui même, avait bousculé l’antépénultième KidA.
Le nouveau leur marche sur la tête et grimpe sur leurs épaules pour se hisser tout en haut.

Dans la catégorie:
« Je ne suis pas encore un artiste installé mais laissez-moi les clefs du monde et je vous refais tout l’appart »

Deer Tick - War Elephant
(Aurait pu aussi concourir dans la catégorie « Faites votre intéressant en étant le premier à faire découvrir à vos amis l’artiste de demain » mais l’appellation m’a été refusée par l’Académie Charles Cros. Les cons.)
Révélation de l’année, oui messieurs dames. Un premier album foudroyant de classe et son auteur n’a que 21 ans, c’est hallucinant. A croire qu’il a déjà vécu deux siècles et emmagasiné la sagesse réunie de Hank Williams, Dylan et Leadbelly. Pas une seule compo de faible sur les 14 de cette galette. Avec le soutien magnifique d’une instrumentation chiche et chic. Du folk-rock qui tue, chanté par une voix légèrement nasillarde et terriblement envoûtante. Pas sûr qu’il soit en magasin. A commander chez madame Web, à sa maison de disque par exemple (http://www.feowrecords.com/)

Dans la catégorie:
« Je ne fais qu’une chanson bien par album mais qu’est-ce que je la soigne !»

David Lafore « Un baiser, une bombe », album II
Ma chanson de l’année. Et ça fait du bien quand la chanson de l’année est française. Pour la fredonnerie, je veux dire, c’est mieux. Et là, ce refrain « Un baiser, une bombe de ta bouche, explose sur ma bouche en plein jour » avec cette scansion si particulière, j’ai dû l’écouter au moins deux cent fois.

Dans la catégorie:
« Je suis un oxymore »

« Je fais du rock et je suis modeste »

The National - Boxer
Non, le chanteur n’est pas le plus charismatique qui soit, ce n’est pas non plus le meilleur chanteur du monde. Profil bas, on est loin de la musique de stade. Mais, ce quintet sait trousser les meilleures chansons du moment en la matière rock.


« Je fais du jazz et je ne prends jamais l’ascenseur (pour l’échafaud)»

Chet Baker - In Paris
Non, je déconne pour la musique d’ascenseur.
Alors, oui, ça date un peu, mais un pote me l’a fait découvrir seulement cette année.
Deux raisons de l’avoir:
1) Vous pouvez le télécharger sans qu’un poids trop lourd encombre votre conscience
2) C’est le disque parfait pour arpenter les rues d’une ville la nuit. Une trompette anémique, une caisse claire solide, un piano et une contrebasse timides, c’est une musique languide et court-vêtue. Mais elle vous tient chaud même pour une marche d’hiver. Et lorsqu’au 14ème et dernier morceau, la voix douce de Chet se met à habiller vos oreilles, c’est bon, vous êtes en paix, c’est le signe que vous pouvez regagner vos pénates.
« 6ème étage, rayon lingerie »
Ah, je vous laisse, c’est là que je descends.





LIVRES :

Dans la catégorie:
« j’habite une ville morte mais j’exorcise avec des bouquins d’enfer »

Hervé Le Corre - Trois de chutes
De lui, j’avais déjà lu un polar historique épatant « L’homme aux lèvres de saphir » (rivages noir). Trois de chutes rassemble ses trois premiers romans aujourd’hui introuvables. Une trilogie bordelaise qui ne fait pas de cadeaux. Raison de plus pour l’offrir à Noël. J’adore le style de cet auteur, singulier et pourtant différent à chaque livraison. Un ventriloque très doué.

Dans la catégorie:
« je t’envoûte, je t’ensorcelle»

Haruki Murakami - Kafka sur le rivage
Je le sais, je lirai absolument tout d’Haruki Murakami. Ses romans font voyager comme personne avec des itinéraires à chaque fois surprenants. Son dernier paru en France est dans mon quarté de tête de mes préférés de lui.


Accessit : Nicolas Fargues - j’étais derrière toi. Ce petit livre sur la fin d’un amour et le commencement d’un autre m’a parlé comme rarement.
Et Prix spécial pour la deuxième année consécutive au livre que j’ai le plus racheté, car donné à des potes de passage chez moi : Tristan Egolf - Le seigneur des porcheries. Avec, à chaque fois, les mêmes retours extatiques.

[EsseJi]

Et pour les catégories comics on sollicitera votre avis bientôt

[zarma]

Ouh, l'année 2007 a été cool niveau CD pour moi.

Je vais pas parler de ce que j'ai découvert, juste les nouveautés de l'année. Sinon, j'ai pas fini.


Les petits nouveaux :
Premier LP de Pure Reason Revolution : The Dark Third
Oui, ok, c'est sorti en 2006, mais la re-issue avec un CD bonus, c'était cet année.

Et ça déboite, du prog rock avec un soupçon de psyché et des textes dans le même genre font des deux galettes deux morceaux tour à tour mystiques ou dynamiques comme il faut. Un peu faible parfois, mais la chanteuse et sa voix rattrapent tout.
C'est un groupe qu'il faut suivre, car il fera de grandes chôses. Oui, de grandes chôoooooses. Avec un seul accent circonflexe. Nous n'avons qu'un seul deroxat. Alors un seul accent circonflexe, c'est comme ça.


Premiere sortie aussi pour *Shels (on ne sait plus quoi inventer) : Sea of the Dying Dhow.

Du Post-rock. Forcément influencé par Isis, tout ça, mais beaucoup plus soft, plus léger et jouant carrément plus sur les morceaux efficaces.
Au final ? Et bien, oui, c'est efficace. Et on a des morceaux de pures jouissance dans cet album, le premier (conference of birds) et le dernier (In Dying Palm Fields) nottament, épiques comme tout. Et puis, c'est bien maitrisé et construit tout ça. Juste trop facile. Groupe à suivre. Prochain EP début 2008.


Je fais du prog avec un soupçon de pop, je sors un nouvel album et je vous emmerde :

Blackfield avec Blackfield II.

Bon, pour le coup, c'est carrément juste pop. Progressive, si tu veux, disons que c'est quand même plus élaboré et agréable que ce que tu entends à la radio.
Donc, Steve Wilson (Porcupine Tree, No Man) continue son projet avec l'Israelien Aviv Geffen.
On se retrouve devant 35 minutes de dépression et presque que ça. Faudrait qu'il se remette de sa rupture un jour, le gars Wilson. Reste que, hey, ça marche, c'est de la pop, faut pas chercher plus loin. C'est pas intelligent, pas subtil, juste efficace. Par contre, c'est le deuxième épisode à suivre cette formule, faudra voir à se renouveler si un 3e est dans les cordes.


Porcupine Tree a aussi sorti son Fear of a Blank Planet.

L'ami Wilson is baque eugaine avec un titre qui fait référence à Public Ennemy, uniquement dans le titre, je vous rassure.
Depuis qu'il se défoule avec Blackfield à ce niveau là, l'aspect morceau long et tristes popesques disparait de PT. Et PT cette fois essaye de pousser plus loin ses concepts albums qu'à l'acoutumée.
Pour the record, In Absentia était un concept album sur le serial killing avec des chansons qui n'avaient rien à y foutre et Deadwing était basé un scénario de film mais était à peu près incompréhensible et on finissait par écouter ça tracks par tracks plus qu'autre chôse.
Et donc là ? Tout tourne autour de la génération d'ado "perdue" dans les JV et détachée de la vie et de ses saveurs. Bla bla.
Une certaine expérimentation, oui. Il y a un morceau de 17 minutes !
C'est une valeur sûre dans le millieu progressif, il FAUT faire dans un album, une track de plus de 10 minutes pour être un TRVE et ne pas faire du "format radio".
Et bah cette track est surement la plus faible de l'album.
Le reste est bon, mais en voulant tatonner à droite à gauche pour experimenter des changements de rythmes et d'ambiance, on se retrouve parfois à retomber sur nos pas avec une ambiance un peu monochrome du son tout du long de l'album. Ecoute plaisante, mais toujours pas aussi bon que In Absentia.



Oceansize : Frames

Effloresce était un bon premier album. Everyone into position fleurait bon la déception en reprenant la recette du premier et en baissant un peu l'intensité du tout. C'était pourtant prometteur.
Et la, tchiki, tchiki, boum.
Ils se sont repris et commencent à bien maitriser ce qu'ils font. Un peu emo, oui, mais ça pète. On est à mi chemin du prog, de l'art rock et du post rock. Et ce mélange passe comme une lettre à la poste. L'album parait presque lisse aux premières écoutes, il n'en est rien. Complexe et varié à souhait, il demeure un petit bijou (enfin, par rapport à ce qu'ils ont fait avant) et peut-être le meilleur opus du groupe à ce jour. Un grand pas vers la maturation de leur son.

D'ailleurs, en parler m'a fait envie, allez-hop.

J'ai pas touché au Hip-hop (avec peut-être le meilleur album de l'année dans cette catégorie) ni au metal/noise, ce sera pour demain si je suis pas trop occupé à boire des bières.

[Fix]

	Citation:			Posté par HiPs!
	The National - Boxer

déçu moi

[Fix]

	Citation:			Posté par zarma
	Oceansize : Frames

vais acheter

[HiPs!]

	Citation:			Posté par Fix
	déçu moi

Au début, j'avais été un peu déçu itou, moins emballé que par le précédent Alligator. Mais c'est de l'album long en bouche, plus complexe qu'il n'y parait et qui ne se laisse pas trousser comme une vulgaire fille des rues.
Laisse lui sa chance.

[Fix]

Gumby m'oblige.

[Virgule]

	Citation:			Posté par Fix
	vais acheter

superbe album qu'ne plus l'edition digipak elle contient un morceau bonus qui est d'aussi bonne qualité.
par contre essayer meme pas de lire le livret.

[John Keats]

le PJ Harvey en effet, indiscutable, j'ai beaucoup aimé le deuxième babyshambles, et puis le Icky Thump des Bandes Blanches bien sur.
rayon livre j'ai envie de parler de Night Train de Nick Tosches, qui m'a laissé une trace dans le cerveau, et peut être aussi le Harlem de Eddy Harris.
ma découverte bédé de l'année, à mon petit niveau, ce fut la Théorie du Grain de sable, nouveau tome des Cités Obscure de Schuitten et Peeters.
voilà c'est maigre mais c'est pas facile aussi.

[KaRaS]

Pour moi 2007, c'est
Alexandre Lebrun.

Explications:

Charles Villeneuve ne fait pas que des reportages sur le monde glauque des nuits chaudes parisiennes avec des femmes vêtues en STRING, il ne se limite pas qu’aux reportages expliquant que les arabes sont méchants juste avant les élections présidentielles. Il n’hésite pas, il pointe du doigt « la France qui triche » entre les deux tours des élections présidentielles. « Mais-pas-de-politique-ici ». Lui et son Droit de savoir méritent le Pulitzer pour le reportage de l’année. Il a fallu plus d’une semaine pour se remettre du choc et mener notre enquête.
Bienvenue dans « J’ai infiltré le milieu asiatique ».
(l'enquête est dispo intégralement là bas, en 5 morcifs, je crois)

Remerciements surtout à Charles pour sa persévérance et sa constance dans son travail, que l’on n’hésitera jamais à regarder simplement sur un titre tel que « J’ai infiltré le milieu asiatique », sans pour autant jamais s’attendre à tout l’extraordinaire que l’on y trouvera.

Alexandre Lebrun dit « le Chinois » (les chaumières tremblent) est un vrai caïd, un kingpin façon rouleau de printemps, un cambodgien qui a fait fortune en France. La preuve : il a des armes, un tatouage de Yakuza et il parle avec un accent. Il est donc chinois. « Il ne dit pas tout » nous dit le grand Charles. Vidéo publicitaire ultra ringarde de sa boite de nuit improbable. Il a des armes chez lui qu’il montre au travers d’une table transparente, comme dans les clips de raps. Il a une armée de boxeurs thaï à ses ordres, prêt à donner l’assaut sur les hautes sphères, entraînés par un ancien champion du monde de la discipline, pote du caïd simplement par intérêts réciproques, et qui n’hésite pas à crâner plus de 200 élèves dans la région disponibles d’un claquement de doigts, au cas où un problème avec ces brutes de gitans ne survienne. Parce que bon, les mecs, ils viennent à 10, mais après, hein, ha ha !
Bien entendu, comme il est chinois, asiatique, jaune, bref comme il vient de « là bas », il a une vaste famille (ces gens là ça se reproduit beaucoup), un milliard de cousins au bas mot qu’il se vante d’avoir fait venir depuis « le pays » (c’est dire s’il n’est pas intégré ici, le salaud !) et qu’il entretient du haut de son empire ; et de toute façon même lorsqu’ils n’ont aucun lien de famille, ceux là s’appellent « mon frère » entre eux. Alors à « son frère » il promet une chouette affaire, un restaurant asiatique en plein Belleville transformé en restaurant africain par toute la bande en moins de temps qu’il n’en faut à Sami Nacéri pour sortir une insulte raciste, parce que l’Afrique c’est apparemment le marché porteur maintenant, certainement depuis que les français ont appris à se méfier de ces intrigants asiatiques et de leur cuisine étrange. Et ils ont bien raison, puisque même entre eux ces zozos finissent par se crêper le chignon pour une sombre affaire d’ego, oubliant bien vite leurs promesses fraternelles d'un temps : vraiment ceux là sont sans loi !

« A la fin de l’enquête, deux gangs se déclarent la guerre ».
Une enquête minutieuse, mais le mec parait évidemment too much. On n’y croit plus tellement il est « Roi Heenok ». Le reportage, montage made in TF1 navigue dans une vision de l’asie des films américains des années 80, à base de « honorable étrangers » et Yakuza sanguinaires à la Rising Sun (où jouaient les 2 seuls mecs à gueule asiatique d’Hollywood de l’époque), avec une petite pincée de blanchisseur noich des Lucky Luke. Musique angoissante pécho chez Sans aucun doute, mais en mieux. C’est l’aboutissement du savoir faire TF1 matière de création journalistique. On nous vend du rêve et de l’exotisme.
Alors, acteur ou pas acteur ?

Mais le reportage culte ne s’arrête pas là. Libé attaque aujourd’hui, où l’on trouve, grâce à Google, le blog d’Alexandre, qui balance aussi des photos digne d’un Skyblog :

	Citation:
	Lui qui me prenait pour un vulgaire petit vendeur de nems stupide s’est fait avoir comme un débutant !

Et ça risque de continuer :

	Citation:
	Un journaliste de "arrêt sur image" m'a également contacté mais je ne lui donnerai une interview que dans quelques jours.

OH OUI VIVEMENT !

(Je lui ai même laissé un petit mot amoureux sur son blog, sauras-tu le trouver?)

[Deroxat (Expert en Potins)]

ah ouais l'était méga classe ce Droit de savoir. beaucoup mieux que l'été chaud de la BAC qui était pourtant déjà très fort mais il manque encore un truc pour battre celui de "La France qui triche"

[HiPs!]

C'est vrai que dans le bilan "Arts, musique et bouquins", ça se pose là...

[KaRaS]

La France qui triche, en même temps, ce qui fut exceptionnel, c'est le timing. Entre les deux tours de la présidentielle. PLUS c'est gros, et plus ça passe.

Hips, à ce niveau de créativité, de structure narrative et de cohérence artistique, que ce soit faux ou vrai, ce reportage tient du génie. On tient notre roi 2007.

[HiPs!]

Je ne discute pas de la qualité du perdreau de l'année, de fort belle facture, il est vrai. Mais peut-être que sa place aurait été plus adéquate au sein d'un bilan du forum "tv et ciné".
That's all folk.

[gillesC]

Ah, ça dépend, il faudrait mesurer la volonté purement artistique de Charles Villeneuve ?