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  #181  
Vieux 14/07/2009, 19h45
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Au temps pour moi. Ca m'apprendra à chercher des influences partout.
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  #182  
Vieux 14/07/2009, 20h19
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Ca peut être une influence inconsciente.
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  #183  
Vieux 15/07/2009, 21h36
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Ben Wawe Ben Wawe est déconnecté
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Ben Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à Galactus
Dis-moi en quoi ça m'aurait influencé, ça peut peut-être m'avancer.
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  #184  
Vieux 01/09/2009, 23h49
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Thoor change la caisse du Fauve
J'y trouve du BRAZIL dans ce texte.

Je ne pense pas qu'il faille rechercher trop nos influences, sauf si on donne dans le plagiat

UN tres bon texte mon cher Ben
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  #185  
Vieux 13/01/2010, 17h53
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Ben Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à Galactus
Hop, un texte écrit en décembre sur Stingray ( http://en.wikipedia.org/wiki/Stingray_%28comics%29 ), super-héros océanographe un peu naze mais pour qui j'ai toujours eu une tendresse particulière.
Je considère objectivement que mon texte n'est pas très bon, mais j'ai essayé de le corriger pendant quelques semaines et je ne vois plus trop quoi y changer. Dites-moi, ô éventuels lecteurs, ce qui ne va vraiment pas pour le cibler dans mes prochaines productions.

Bonne lecture quand même !

Coming Home.

« Crzzzzalt ? Crzzalt, crzzzzm’entends ? CrzzzzWalt !
- Mmmmmh…Diane…?
- Crzzzm’entendzzzz?! CrzzzzWalt ?
- Diane ? Diane, c’est toi ? Diane !
- Crzzz… »

Plus rien. Walter était suffisamment habitué à la communication par radio pour savoir que s’acharner sur le dispositif de sa combinaison ne changerait rien. Pour une raison inconnue, sa femme Diane cherchait à le joindre et ils avaient été coupés. Restait à savoir maintenant ce qu’il s’était passé, vu qu’il ne se souvenait d’absolument rien.

Lentement, l’océanographe Walter Newell lança un rapide check-up des fonctions de la combinaison qu’il avait inventée – et il n’aima pas ce qu’il découvrit. Premièrement, la moitié des senseurs collés sur sa peau pour transmettre les informations à l’ordinateur central étaient hors d’usage. Ça voulait donc dire qu’il ne pourrait pas utiliser la combinaison à son maximum, du fait que le système ne pourrait pas s’adapter à chacun de ses ordres et de ses gestes.
Deuxièmement, le système d’extraction de l’oxygène à partir de l’environnement aquatique avait lui aussi été endommagé : il ne fonctionnait plus qu’à 50%. Il devait donc rapidement trouver une source d’air « classique » pour éviter de mourir noyé. Car oui, Walt se trouvait sous l’eau, dans les profondeurs au vu de la fraîcheur ambiante et des ténèbres l’entourant. Il n’avait aucune idée de comment il s’était retrouvé là.
Stingray, le Vengeur réserviste et membre de l’Initiative, était perdu.

Rapidement, il se palpa le corps pour voir s’il avait été blessé ou touché, mais la réponse était heureusement négative. Il se souvenait à peine qu’il était passé à l’Hydropolis, le complexe que lui et sa femme Diane administraient jadis avec des Atlantes et d’autres sur les fonds de l’ancienne société de Namor et de la Roxxon Oil, mais rien d’autre. Il avait été triste de voir comment la politique et des tensions imbéciles avaient mené à l’abandon d’un tel projet, mais rien d’autre.

Avec Diane et Namor, ils avaient tous trois rêvés d’une cohabitation pacifique entre l’Humanité et Atlantis, et cela aurait pu devenir réalité grâce à des complexes comme Hydropolis. Implantées sous l’eau, permettant la vie atlante et humaine par d’étroites segmentations et systèmes d’adaptation, ces bases avaient permis de le mettre au cœur d’un mouvement révolutionnaire et sans nulle autre pareille. Avec ses recherches sur l’Hydrobase, ça avait représenté les meilleurs moments de sa vie professionnelle.
Seulement, tout cela était maintenant tombé à l’eau.

Walter n’avait plus aucune nouvelle de Namor depuis l’attaque d’Atlantis sur Iron Man et les siens durant la Guerre Civile. Il l’avait entraperçu pendant la bataille, mais n’avait pas été assez près pour discuter avec lui et présenter ses condoléances pour Namorita. Diane et lui avaient tentés de joindre leur ami par tous les moyens qu’ils connaissaient, mais aucune nouvelle ne leur était parvenue. Le Prince des Mers avait décidé de couper tous ses liens avec le monde de la surface, et les dernières rumeurs semblaient confirmer un retour du « Prince de la Vengeance ». Et encore une fois, Newell ne pouvait pas le blâmer après tout ce qu’il avait vécu.

Seulement, si son amitié avec le Roi Atlante avait toujours été une part décisive dans son existence et avait participé à sa condition de « super-héros », Walter se trouvait dans une situation qui demandait avant tout une réaction immédiate ; il était en danger de mort. Ses appareils ne pouvaient pas lui indiquer à quelle profondeur où il se trouvait, et seul son sonar lui permettait de se diriger dans l’opacité ambiante. Il le mit en marche et nagea doucement, voulant autant éviter les pièges qu’économiser son énergie. Il devait absolument être le plus calme pour économiser le maximum son système de transformation de l’eau en air, mais ça n’était pas facile.
En fait, Newell avait peur. Il était seul, perdu dans les profondeurs de l’Océan Pacifique, sans aucune idée de comment il avait fait pour se retrouver ici. La liaison radiée avec sa femme était coupée, ses systèmes étaient quasiment tous hors d’usage et il naviguait à vue. Oui, il était terrifié et il n’avait pas honte de le reconnaître.

Même s’il faisait partie de l’Initiative et qu’il avait aidé Cap’ lors de la Guerre Civile, Walter ne se considérait pas comme un « super-héros ». Il était avant tout océanographe, passionné de la vie sous-marine et un fervent partisan d’une coexistence pacifique entre le Grand Bleu et le monde de la surface. Passant souvent pour un illuminé suite à ses théories et ses prises de position, il s’était néanmoins attiré une réputation flatteuse de par ses découvertes et ses réussites – et c’était de ça dont il était le plus fier.
Evidemment, avoir été un peu entraîné par quelqu’un comme Captain America forçait l’admiration, tout comme avoir rencontré un Dieu Viking ou un Protecteur de l’Univers. Mais pour lui, ça n’était pas pareil : ça ne représentait pas sa vie, son but dans l’existence.

Au fond, jouer les héros n’avait toujours été qu’un concours de circonstance : il n’avait créé ce costume que pour suivre les ordres de ceux qui le finançaient pour stopper Namor, parce qu’il le connaissait. Et il n’avait été Vengeur que pour apporter ses connaissances en océanographie et pour donner quelques coups de main à l’Hydrobase. Sauver le monde en costume n’avait jamais été une vocation et ne l’était toujours pas ; il ne reniait pas sa place dans l’Initiative, mais était très heureux d’être transféré pour retrouver pleinement sa passion. Et pour retrouver pleinement Diane.

Diane…
Alors qu’il touchait une énorme masse de pierre aux abords tranchants, Newell repensa de nouveau à sa femme, celle qui lui avait donné deux jumeaux et un autre fils dans quelques semaines. Elle était sa joie de vivre, son bonheur. Elle partageait sa passion pour la mer, elle l’aimait et le supportait malgré ses longues heures de travail et ses loisirs « héroïques ».
Comment aurait-elle pu dire non ? Elle avait longuement aimé le Prince des Mers avant de se rendre compte que ce dernier ne répondrait jamais à ses avances, et que le bon vieux Walter serait, lui, toujours là. Il savait et avait toujours su qu’il n’avait été qu’un deuxième choix ; si maintenant il était certain de son amour pour lui, il avait longtemps craint que Namor ne revienne hanter les désirs de sa bien-aimée. Manque de confiance en lui, sûrement, mais c’était le genre de choses contre lesquelles on ne peut lutter face à quelqu’un comme le Roi d’Atlantis, si bien bâti et plein de charme. Mister Fantastic devait en savoir quelque chose.

Cependant, maintenant, Diane l’aimait lui et c’était tout ce qui comptait. Il avait passé beaucoup trop de temps à s’occuper des péripéties super-héroïques, ces dernières années : membre des « Vengeurs Secrets », combattant la Loi d’enregistrement des super-héros, il avait voulu s’opposer à quelque chose qu’il considérait comme injuste et avait suivi un homme qui avait toujours forcé son admiration. Mais ils avaient perdu.

Cap’ avait abandonné en voyant les dégâts qu’ils avaient provoqués, comme si c’était la première fois que leurs combats menaient à des destructions massives. Walter l’avait toujours regretté, mais c’était quelque chose d’inhérent à la nature même de leurs engagements. Stopper un combat aussi essentiel pour la Liberté et l’Egalité pour une simple prise de conscience des dommages causés par leurs interventions lui avait paru quelque peu facile, mais…c’était Cap’. S’il semblait souvent naïf sur le monde et ses habitants, il n’avait pas eu le courage de s’opposer à sa décision.
Newell, comme les autres, était donc rentré dans le rang, direction l’Initiative et les leçons aux petits nouveaux. Le début de folles aventures et de pertes tragiques.

Depuis presque deux ans, Walter ne s’occupait plus que des affaires de la surface. Il n’avait que trop peu vus Lisa et Tommy, ses jumeaux. Il n’avait que trop peu profité de Diane. Il n’avait que trop peu pris soin d’elle. Soudainement attiré par la lumière des projecteurs, il avait foncé dans le projet de Stark et de Pym – enfin, de Stark et Pym-le-Skrull, maintenant. Il n’y comprenait pas grand-chose, mais il savait maintenant que tout ça ne l’intéressait plus.

Quelques heures plus tôt, il avait annoncé qu’il acceptait l’offre proposée par l’Initiative et retournait à ses occupations essentiellement océanographiques. Oui, il allait retrouver les éprouvettes, les calculs, l’observation longue et difficile ; il adorait ça. Recommencer tout ça, reposer tout à plat, laisser son imagination dériver sur de nouveaux concepts comme l’Hydrobase et l’Hydropolis…voilà ce qu’il aimait faire. Voilà ce qu’il voulait faire.
Etre un héros, ça avait été fun mais ce n’était pas pour lui. Voir Cap’ se faire arrêter, mourir, aider Stark, former des gamins qui grandissaient bien trop vite…il n’était pas fait pour ça. Il était un rêveur, un « imaginaute de la mer ». Elevé par Jules Verne, nourri des grands explorateurs, il voulait s’immerger dans son monde et ne plus le quitter.

Malheureusement, son rêve risquait de devenir réalité. Il ne lui restait plus que 25% de capacité de transformation d’eau en oxygène.

Son crâne le faisait souffrir depuis son réveil et il détestait l’ignorance – tout comme tous ses souvenirs remontant à la surface ; il devrait vraiment arrêter ces jeux de mots déibles. Il sentait que sa concentration faiblissait, à cause des profondeurs et de l’obscurité. Il avait longuement analysé les témoignages de marins perdus dans des submersibles s’étant enfoncés trop profondément et qui étaient devenus fous.
La mer pouvait prendre la raison d’un homme trop facilement, et il s’était juré de ne jamais se laisser ainsi prendre. Pas pour lui, mais pour Diane et les enfants.

Maintenant qu’il allait être de nouveau père, il était hors de question pour Newell d’abandonner. Ce n’était pas une histoire de Liberté, de Justice ou toute autre valeur mise en avant par les super-héros : c’était simplement un devoir moral. Il était le mari de Diane, il était le père de Lisa, Tommy et du bébé à naître ; il ne pouvait juste pas les abandonner.
Ce n’était pas de l’héroïsme, du sacrifice : c’était quelque chose d’immuable, d’ancré en lui. Il devait remonter pour les retrouver et s’occuper d’eux, compenser le temps perdu et être vraiment lui-même.

Walter Newell ne se considérait pas comme un héros, même s’il avait sauvé le monde deux ou trois fois. Il ne se voyait pas comme un Vengeur alors qu’il avait toujours le statut de réserviste et avait sauvé la vie de l’équipe quelques fois. Il pensait n’être qu’un homme comme les autres alors qu’il était en train de modifier ses interfaces pour optimiser ses chances de survie, muni d’une froide concentration.
La majorité des hommes aurait paniqué, entouré des ténèbres les plus profondes et avec très peu de chance de survivre ; lui luttait contre ça.

Après tout, Newell était un des meilleurs océanographes qui soient : il connaissait l’océan et la mer comme personne. Il était informé de ses pièges, ses attaques mais aussi ses secrets. Il était conscient qu’il pourrait perdre un jour la bataille de l’homme contre la puissance aquatique, mais pas aujourd’hui. Ses senseurs étaient peut-être tous hors-circuit, mais il y en avait encore quelques-uns pouvant fonctionner et il comptait bien les utiliser.
Lentement, alors que sa concentration se raffermissait et qu’il donnait l’ordre de s’injecter quelques stimulants, les souvenirs plus récents remontaient. Il avait été dans l’Hydropolis, il avait fait quelques recherches sur la base et avait vu une brèche dans les profondeurs, là où les ramifications avaient été construites pour une extension aux Atlantes. Il avait bêtement voulu voir ça tout seul, et avait été piégé par un éboulement de gravats. La pression de l’eau avait fait sombrer les premières esquisses de travaux abandonnés par manque de fonds et manque d’intérêt, et il avait été emporté par la chute de l’espoir d’Hydropolis.

Diane devait être morte d’inquiétude, et il sentait que se sortir de là ne serait pas facile. Comme beaucoup d’autres, il avait profité de l’Initiative pour baser sa combinaison sur des éléments StarkTech : même s’il avait eu une mauvaise expérience avec Tony quand celui-ci avait cru qu’il lui avait volé des éléments de sa technologie durant sa Guerre des Armures, il avait sauté sur l’occasion pour améliorer son système et ainsi avoir une meilleure interface, plusieurs systèmes de secours et d’aide et des mises-à-jour régulières. Il le regrettait.

Maintenant que Norman Osborn avait pris le pouvoir – seigneur, Norman Osborn pensa-t-il…il avait vraiment eu raison de partir – la technologie StarkTech était pratiquement devenue obsolète. OsbornTech tentait par tous les moyens de parasiter les composants créés par Tony et Walter était certain que des piratages avaient été lancés.
C’était pour ça que l’éboulement avait autant endommagé ses circuits : ils avaient déjà été affaiblis par le manque de réparation et de mise à jour après l’Invasion, et ils avaient eu fort à faire pour survivre aux attaques de l’autre Bouffon.

Seul, perdu dans les profondeurs, Walter ne pouvait plus compter que sur ses propres circuits et sa volonté pour s’en sortir. Il n’avait jamais été un grand ingénieur et se débrouillait mieux dans l’analyse des composants chimiques de l’eau et les mouvements de flux. Mais il allait quand même survivre.

Il avait basé son système de survie sur les branchies des poissons, et il restait environ 20% d’autonomie. Sa combinaison pouvait résister à environ 360 mètres de profondeurs avant les améliorations StarkTech, et il ne devait donc pas être au-delà sinon il ne serait déjà plus là. Ses turbines peuvent le propulser jusqu’à 70kms/h au maximum, et il avait encore la possibilité d’émettre des décharges électriques par ses mains…plus des mini-répulseurs installés par Tony quand il lui avait donné sa combinaison. Il n’avait pu s’empêcher d’installer ce petit « cadeau », et ça risquait de lui sauver la vie.

Programmant son système pour transférer la majorité de la puissance dans les turbines et les répulseurs, Newell s’autorisa une grande inspiration. Aveugle, ne pouvant se fier qu’au sonar, il savait que son coup était risqué : foncer en haut aussi vite que possible, tablant sur son système pour l’empêcher de subir le mal des profondeurs et pour lui donner assez d’oxygène pour survivre.
Il avait plus de chance de mourir sur ce coup-là, mais il n’avait pas d’autre choix. Pour Diane, pour Lisa, pour Tommy, pour le petit, il n’avait pas de choix. Il n’était peut-être pas un héros, il ne le serait sûrement jamais, mais ce n’était pas d’héroïsme dont il s’agissait aujourd’hui.

Il était un mari, un père et ça suffirait. Il s’était fourvoyé ces deux dernières années, mais ça allait changer. La technologie Stark n’était pas pour lui, comme l’Initiative et les Vengeurs. Il était océanographe, il voulait que le monde soit en paix avec lui-même – et il travaillerait sur ça. Il se battrait pour ça, et il n’aurait pas besoi d’autre chose.

Rapidement, la poussée des turbines et des répulseurs le propulsa dans l’eau, son sonar lui permettant d’éviter de justesse les pièges. Malgré le danger, malgré la folie de son geste, Newell avait la foi ; il ne pouvait pas mourir, pas aujourd’hui. Il s’était trop battu pour ça.
Alors que la surface se rapprochait et que la réception radio faisait son retour, Walter s’accorda un sourire. Il remontait, au propre et au figuré. Il retrouvait la surface mais aussi sa véritable existence, son véritable but. Il retournait auprès de sa famille et de ses projets de cités sous-marines.
Il retournait chez lui après un trop long voyage, et ça faisait du bien.
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Vieux 20/01/2010, 17h54
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Bon texte mon cher Ben avec un personnage attachant.

Un peu de mal avec le début mais la fin coule toute seule.
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Vieux 20/01/2010, 20h31
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Sans jeu de mots, bien sûr.
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Vieux 20/01/2010, 21h10
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Vieux 30/01/2010, 15h52
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Juste pour continuer ma pub' : je viens d'ouvrir mon blog, L'imaginarium de Ben Thomas, mon blog : http://benthomas.over-blog.com/ .

J'y posterai d'anciens textes mais aussi de nouveaux, pour recevoir des critiques et des avis et aussi pour avoir une structure à moi. J'espère vous y voir.

Pour l'ouverture, je viens de poster un texte inédit.

Et oui, j'ai déjà fait ma pub' autre part, mais c'est la régularité de la pub' qui pousse à l'intérêt.
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  #190  
Vieux 06/02/2010, 19h44
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Popolom Polom...

Même si j'ai déjà posté ce texte sur mon blog, je le remets ici au cas où des gens préféreraient le lire sur Buzz (intégristes ! ). Je compte reprendre le personnage sous peu, j'espère en faire quelque chose. Bonne lecture.

Un grain de sable.

« Troisième plage horaire du huitième jour de la septième semaine du deuxième semestre de la troisième année du cycle de l’Equinoxe Rouge. Vous êtes à l’heure, agent n°7.
- Il le faut bien.
- Entrez dans la salle de désinfection. »

Les portes s’ouvrirent devant le regard lassé de Jim, l’agent n°7. Il n’avait dormi qu’une plage horaire alors que l’Entreprise ordonnait à ses employés de se reposer au mieux une plage et demie, voire une plage trois quarts. Sa couche allait transmettre au Service de Surveillance les informations, et même s’il avait fait semblant de reprendre des forces, il était certain d’avoir une remarque sur son écran optique.
Comme tout le monde, Jim avait été modifié lors de sa naissance pour être apte à remplir son rôle dans la société. Destiné à un poste de gardien de nuit, une des places les moins intéressantes dans l’Entreprise, les chirurgiens qui l’avaient fait naître l’avaient de suite opéré pour lui rajouter le peu d’éléments supplémentaires dont il avait besoin.

Alors que la pièce dans laquelle il se trouvait devenait un sauna complet, où la vapeur lâchée était censée enlever toutes les poussières qu’il avait recueilli en venant ici, ses vêtements étaient désinfectés ; comme tout le monde, il portait un ensemble grisâtre composé d’un pantalon, d’une chemise et d’un veston sans aucune originalité. Son numéro était inscrit sur sa tempe gauche, prenant un peu de son crâne entièrement rasé.
Il ne passait que quelques minutes à l’extérieur, bien à l’abri derrière les énormes tunnels reliant les immeubles qui faisaient l’ensemble de la ville, mais cela suffisait pour être atteint par les petites saletés qui n’étaient pas supprimées par les robots et les mécanismes faisant fonctionner toute la cité.

L’Entreprise avait une phobie de la crasse, et tous ses employés devaient se livrer à des tests réguliers de pureté, autant génétique que de vie. Jim avait de la chance : même si ses capacités intellectuelles et physiques avaient été considérées comme trop faibles pour candidater à un autre poste, il n’était pas génétiquement conditionné pour subir de lourdes maladies. Son corps ne lui permettait peut-être pas de devenir un Surveillant ou un gardien de jour, voire dans ses rêves les plus fous un Receveur, mais au moins ne le destinait-il pas à une agonie lente dans les centres souterrains de « soins » ; tout le monde savait qu’il s’agissait de mouroirs, mais tout le monde refusait d’y penser.
« On » préférait être rassuré de ne pas en être plutôt que s’en occuper, car ça voulait dire se remarquer aux yeux de l’Entreprise. Et ça, ce n’était jamais bon.

« Sortie de salle de désinfection. Bienvenue à votre poste, agent n°7. »

Devant lui, les portes s’ouvrirent alors que Jim entendait d’autres se fermant en même temps ; son collègue disparaissait toujours sans qu’ils se croisent. L’Entreprise ne voulait absolument pas que ses employés puissent avoir des rapports, de n’importe quelle sorte.
Après les Emeutes Syndicales, tout rapprochement entre les agents n’était pas interdit officiellement, mais au moins officieusement. Ceux qui allaient contre cet ordre disparaissaient « étonnamment » : ils n’étaient pas assassinés, mais étaient assignés aux tâches les plus dégradantes et aux horaires les plus inhumains. Tous finissaient par se suicider, faisant ainsi le travail de l’Entreprise sans qu’elle ait à s’en inquiéter.

Il arriva donc dans la salle où il passait la majorité de son existence. Elle était froide, sans vie, représentant pleinement l’image de l’Entreprise. Un siège trônait au milieu de la pièce, face à une demi-douzaine d’écrans de surveillance. Plusieurs autres sièges étaient rangés sur le mur en face de lui, étant remis en place dans la journée quand d’autres intervenaient sur la dizaine de machines qui étaient collées contre le mur à sa droite.
Grande, blanche, entièrement propre, la salle avait un effet terrifiant et déprimant. C’était le but.

Jim s’approcha de son siège, s’assit et croisa les bras en regardant les écrans qui montraient des images sombres d’endroits vides. Il allait devoir faire ça pendant une plage horaire entière ; c’était ça, son travail.

Pendant tout ce temps, le gardien de nuit devait fixer les écrans du bâtiment de l’Entreprise, lui-même déjà protégé par le complexe système de sécurité auquel Jim n’avait pas le droit de toucher. Son emploi était entièrement inutile, mais l’Entreprise avait accepté une convention avec la ville pour s’implanter, et une des clauses prévoyait une présence humaine indispensable.
Apparemment, les administrateurs pensaient que seul un homme pouvait gérer une crise dans l’Entreprise, alors que Jim savait très bien qu’en cas de vrai problème, il laisserait le système s’en occuper tout seul.

Il ne faisait donc rien, absolument rien. Il était payé une misère pour être inutile.
Il s’en sortait assez bien vu ses capacités, mais ça ne l’empêchait pas de s’ennuyer terriblement. Son monde était un cycle sans fin d’une routine sans espoir : repos, boulot, repos, boulot…il n’avait pas assez d’argent pour se payer des loisirs, il n’avait pas assez de capacité pour intéresser les gens.

Jim était un sous-être dans un emploi de sous-être. Il y avait une certaine logique là-dedans, mais ô combien cruelle.

Seulement, alors que l’agent n°7 s’attendait à nouveau à une plage horaire longue et inutile, mais quelque chose allait troubler sa morne attente. Quelque chose, ou plutôt quelqu’un : la personne qui se trouvait juste derrière Jim, alors que personne ne l’avait suivi et que personne ne pouvait entrer dans cette salle sobre et dépouillée. Quelqu’un qui lui tapota l’épaule et le fit hurler.

« Bonjour, mon ami. »

L’agent n°7 ne savait pas quoi faire. Sa gorge continuait de pousser un cri à la limite de l’inhumanité, et les systèmes de sécurité commençaient déjà à se déclencher pour identifier la menace. Plusieurs drones sortirent des murs pour s’approcher de l’employé ; ils s’arrêtèrent au-dessus de lui et le fixèrent, cherchant la cause de son trouble.

« Quel est le problème ?
- Mais…mais…mais…
- Quel est le problème, agent n°7 ?
- Mais…mais…
- Identifiez le problème, agent n°7. Rapidement. »

Jim savait que le système ne pouvait être patient. Il avala sa salive, et continua de fixer l’être devant lui ; jamais il n’avait vu comme ça. Alors que les employés portaient tous le même uniforme grisâtre, lui…lui était différent.
Il était d’une taille moyenne, mais portait un long manteau noir, avec un pantalon serré bleu, une chemise sombre et une cravate rouge. Il avait aussi des chaussures de montagne beige, et un chapeau ancien sur le crâne. Ses cheveux n’étaient pas rasés, il portait des petites lunettes rondes et une barbe de quelques jours.

Aucune Entreprise n’accepterait cela. Aucune ville ne permettrait à un tel individu de marcher dans ses rues.
Jamais Jim n’avait vu quelqu’un comme ça. Il était terrifié.

« Je…qui…
- Ne dis rien, mon ami. Le système ne peut me voir, mais il remarque tes réactions. Tu n’as pas le choix : tu ne dois rien dire et m’obéir, sinon le système te prendra pour un fou et te fera disparaître. Tu n’es que gardien de nuit, agent n°7 : mieux vaut éviter de le prolonger la chute, n’est-ce pas ? »

Malgré un manque de capacités, Jim n’était pas stupide : la logique de l’être était bonne, même s’il allait maintenant devoir suivre un fou qui menaçait tout ce qui était la base de son existence. Il acquiesça et s’adressa aux drones.

« Rien. Tic physique…frisson incontrôlé.
- Vous passerez un examen médical à la fin de la plage horaire. Prévenez à la prochaine alerte, vous serez remplacé.
- Parfait, agent n°7, parfait. »

Jim déglutit difficilement. Qu’est-ce qui l’avait poussé à suivre les ordres de cet inconnu, de ce…monstre ? La peur, certainement. Et son potentiel génétique inférieur, qui ne lui avait pas permis de savoir vraiment quoi faire. Encore une fois, il se sentait inutile.

« Tut, tut, tut : je sais ce que tu penses, agent n°7. Et tu as tort. »

L’inconnu colla son dos contre les écrans ; normalement, cela aurait dû attirer à nouveau les drones qui retournaient dans le mur, mais ceux-ci semblaient apaisés.

« Tu penses que tu n’es qu’un sous-être, ou quelque chose du genre, c’est ça ? Tu as tort, agent n°7. Ce n’est pas ton ADN qui conditionne ce que tu es, et ce n’est pas non plus ce que tu es. C’est ce que tu veux faire, et ce que tu fais par la suite. »

Jim voulait répondre, mais il savait que ça attirerait l’attention des drones, et uniquement sur sa personne. Il était trop stupide pour savoir comment cet homme faisait pour ne pas être repéré, mais il ne l’était pas assez pour empirer sa situation.

« Ce monde n’est pas très juste, n’est-ce pas ? A un moment, on disait que l’ascenseur social était cassé dans ce pays, à cause de problèmes d’immigration, d’identité nationale, de politique…c’était il y a bien longtemps. Avant que le pouvoir soit entièrement décentralisé dans les villes, avant que l’Etat ne disparaisse pour laisser la place aux Firmes et aux métropoles. Ce monde a changé parce que le peuple l’a laissé changer, mais revenir sur le passé ne changera pas le présent et ne construira pas le futur.
Tu ne sais sûrement pas de quoi je parle, agent n°7, parce que ce monde n’a pas jugé utile de te donner une éducation suffisante. Mais il est clair que tout va mal depuis que les villes ont le pouvoir, et que ses gouvernants préfèrent se payer dans une mer de billets plutôt que de faire au mieux. Remarque, c’était déjà le cas avant, mais…moins. Beaucoup moins. »

Que faire ?
Jim n’avait jamais jugé bon de se rappeler vraiment les mesures de sécurité : il avait été trop confiant dans les systèmes de sécurité, il avait toujours pensé qu’eux seraient la solution. Voilà qu’ils étaient le problème.

« Tu dois avoir peur, et c’est normal. Je ne ressemble à rien que tu n’ais vu, et tu ne sais pas quoi faire. Je suis désolé de te mêler à ça…mais je suis certain que ça peut beaucoup t’apporter. »

D’un geste violent, l’inconnu donna un coup dans l’écran juste derrière lui. Celui-ci explosa, les débris tombant autour de Jim ; une seconde ne passa pas avant que les drones sortent à nouveau des murs pour foncer vers lui. Cette fois-ci, ils ne le laisseraient pas aller de lui-même se faire incarcérer par le service de santé.

« Agent n°7, interdiction de bouger ! Interdiction de bouger ! Interdiction de bouger ! »

Jim lança un regard apeuré vers les drones. Même sa logique d’inférieur était parvenue à la conclusion logique : son existence allait prématurément prendre fin.

« Je crois que tu n’as plus le choix, agent n°7 ! Allons-y, comme dirait l’autre ! »

L’inconnu posa sa main sur le crâne de Jim, et les drones s’arrêtèrent en plein vol. Leurs lobes extérieurs vrillèrent quelque peu, signe d’une réflexion intense dans leurs cerveaux électroniques. Après de longues secondes d’une apathie terrifiante, ils commencèrent lentement à reculer, comme s’ils hésitaient à suivre leur logique pourtant réputée infaillible.
Finalement, ils retournèrent dans le mur qui les avalait dès que leur mission était terminée.

Jim, lui, était toujours assis et assistait, stupéfait, à la scène. Il tourna ensuite lentement sa tête vers l’inconnu, tremblant de peur.

« Nous allons enfin pouvoir discuter, agent n°7. Mais j’aimerais bien savoir ton nom : je m’oppose à cette volonté entrepreneuriale de supprimer tout individualisme en remplaçant les noms par des numéros. Quel est ton nom, agent n°7 ? Tu peux me parler, ils ne réagiront pas.
- Ji…Jim…
- Enchanté, Jim. Je suis Lord Corlatius. Prêt pour un petit voyage ? »

Sans pouvoir répondre, Jim sentit son corps se détendre et sa tête tourner. Des tâches de couleur apparurent devant ses yeux et ses doigts le picotèrent, et tout devint blanc.
Et ils ne furent plus du tout dans la pièce.

***

« Où…où…
- Loin, Jim. Très loin. »

Jim n’avait jamais rien vu de semblable.
Lui et « Lord Corlatius » se trouvaient au sommet de ce qu’on appelait une montagne, au-dessus d’une étendue bleutée qui devait être de l’eau, même s’il n’en avait jamais vu autant. Il y avait quelque chose de verdâtre à leurs pieds et qui recouvrait toute la montagne, mais il avait du mal à se concentrer : le vent était si fort qu’il commençait à reculer sous son impact.

A ses côtés, Lord Corlatius riait. Cet homme était fou.

« Nous sommes dans un endroit que les Entreprises n’ont pas encore conquis. Ça ne devrait pas tarder, mais pour le moment, la planète n’est pas encore entièrement sous leur contrôle. C’est beau, n’est-ce pas ?
- Je… »

Jim ne savait que dire. Il n’avait connu que la ville et l’Entreprise. Dès sa naissance dans les tubes de la section Reproduction, il avait été testé et conduit au Centre pour grandir et apprendre son futur emploi. La sélection avait été terrible et les discriminations d’une cruauté sans nom ; il avait encaissé, conscient que le monde se résumait simplement à cette lente agonie.

Seulement, il se rendait compte qu’il se trompait. Que ce que lui montrait Corlatius était d’une beauté sans nom, à couper le souffle. Et qu’il y avait des choses tout simplement somptueuses, qui dépassaient toutes les horreurs de son existence.
Sans s’en rendre compte, les larmes se mirent à couler le long de ses joues.

« Oui, je sais. Ça change de la ville. Ça change de ton poste de gardien de nuit. Ça change de ta vie. »

Jim était parvenu à bouger son regard pour fixer maintenant l’être à ses côtés. Corlatius avait sorti une pièce d’une de ses poches pour la faire rouler sur les articulations de ses doigts ; jamais il n’avait vu quelqu’un faire ça. C’était extraordinaire.

« Co…comment…
- Comment ? »

Lord Corlatius sourit en faisant toujours rouler la pièce sur le dos de sa main. Son seul spectateur était captivé par ce spectacle simple, qu’il stupéfia totalement quand, en levant son bras, il fit tomber sa pièce vers son autre main, qu’il avait judicieusement placé en-dessous et qu’il referma de suite.
Cependant, alors que Jim pensait qu’il la lui montrerait, Corlatius montra sa paume…vide. La pièce n’y était pas, et il n’y avait rien sur le sol.

« La magie. Les cheat-codes de l’univers, comme dirait l’autre. Les rouages de la réalité. Les petits trucs qui permettent de rendre la vie plus dangereuse. Mon fonds de commerce. »

Jim ne comprenait rien. Et il avait peur.
Il avait été transporté dans un endroit inconnu, avec un être complètement fou qui avait enfreint une dizaine de règles de l’Entreprise. Jamais ses supérieurs ne le croiraient, jamais il ne retrouverait son emploi. Même si son existence était pathétique et inutile, c’était quand même sa vie…et il venait de tout perdre. Par la seule faute de ce « Lord Corlatius », ce taré au nom incompréhensible.
Enfin…était-ce vraiment la faute de ce type ? Peut-être était-ce un piège…un test de l’Entreprise. C’était bien son genre de tester ses agents, mais…mais ça ne leur ressemblait pas de faire les choses comme ça. Des réveils dans la nuit, des chocs électriques, oui…mais une montagne ? Une étendue bleutée ? C’était trop éloigné de son terrain d’action, de son niveau.

Quoique…changer autant les choses permettrait de ne pas se douter de son action. Il…il n’en savait rien. Il était perdu…trop bête pour comprendre.
Toute son existence, Jim avait été persuadé par des « preuves » qu’il n’avait pas le niveau pour raisonner, qu’il n’était pas capable de penser. Réfléchir à ça le terrifiait et l’affolait : l’Entreprise et la sélection lui avaient démontré qu’il n’en était pas capable, et il n’osait pas se lancer. Pourtant, il pouvait penser et aboutir à des raisonnements logiques, mais…il ne parvenait pas à dépasser sa peur et son conditionnement.

Tout cela lui donnait des sueurs et des terreurs. Son cerveau semblait bouillir dans sa boîte craniene, et il ne parvenait pas à se calmer. Il avait peur ; de ce qu’il se passait et de sa nullité.

« Hum. C’est déjà le moment où tu m’en veux, n’est-ce pas ? Apparemment, tu dois regretter que je t’ai emmené ici parce que tu penses que mon intervention va te faire tout perdre. C’est vrai. Si tu retournes ainsi à la ville, tu n’auras même pas la chance de te supprimer toi-même. L’Entreprise ne supporte pas l’inconnu, le mystère…les petites choses qui nous rendent imprévisibles. Par ma présence, tu es devenu imprévisible. Et pour ça, elle voudra te tuer. »

Jim se retrouva à genoux, vaincu, autant par la situation que par ses réflexions. Il ne se sentait pas au niveau pour réfléchir réellement à ce qu’il se passait, et ça le terrifiait de voir son cerveau s’en mêler quand même ; il était persuadé que ça ne donnait rien de bon, et ça l’affolait terriblement.
Les paroles de Corlatius étaient comme des poignards qui s’enfonçaient dans son dos, rendant chaque seconde plus difficile à passer. Il avait raison : l’Entreprise le supprimerait, elle ne lui laisserait même pas la dignité de choisir sa fin. Il avait raison, et il se jetait sur cette approche pour ne pas avoir à réfléchir lui-même. Surtout ne jamais réfléchir lui-même.

« C’est injuste, Jim. Tu n’as pas demandé à subir ça, comme tu n’as pas demandé à être trop subir pour faire autre que garder de nuit un immeuble qui n’en a pas besoin, mais c’est comme ça. Je n’ai pas demandé à ce que ça soit toi qui subisse ça, mais c’est comme ça. Ce monde n’est pas juste, et ce monde n’est pas beau. Ou en tout cas, il l’est de moins en moins. »

Corlatius s’accroupit aux côtés de Jim, dont le regard était fixé sur l’étendue verdâtre à leurs pieds. Ses mains étaient posées dessus, et il trouvait ça étonnamment doux et chaud.

« Je ne suis pas là pour que ce monde soit plus juste, ni plus beau. Je suis là parce que je ne pense pas que continuer comme ça soit une bonne solution. Je ne suis pas un révolutionnaire, je ne suis pas un maître de guerre. Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark, et il est temps que ça change. Il est temps que quelqu’un donne un coup de pouce pour que la folie et l’aventure reprennent un peu le dessus. »

Il ne comprenait rien à ce qu’il disait : il ne savait pas ce qu’était ce « Danemark », ni ce dont parlait réellement ce Corlatius. Il avait toutes les raisons pour le détester, mais sa voix douce et chaude était…rassurante. Ses yeux, cachés derrière ses épaisses lunettes, étaient très troublants : ils appartenaient à quelqu’un dans la trentaine, mais reflétaient une vie bien plus longue que son âge. Il y avait une tristesse et une mélancolie que quelqu’un comme lui ne devait pas avoir connu.

« J’ai détruit ta vie, Jim. Tu devrais me détester, et tu peux le faire. Je peux te renvoyer à la ville tout de suite, mais tu ne survivrais pas plus de quelques heures là-bas. Je peux aussi te changer. Te montrer certaines choses. T’apprendre d’autres choses. Pour que mon coup de pouce fasse que tu puisses, toi, être un grain de sable dans la belle mécanique. Et que le grand bordel reprenne enfin ses droits.
- Mais…pourquoi… ?
- Pourquoi pas ? »

Le sourire de Corlatius s’étira alors qu’il posait sa main sur l’épaule de Jim.

« Tu n’es pas que l’agent n°7, Jim. Et tu peux faire mieux que ce que ton potentiel génétique dit de toi. Tu fais partie de l’Humanité, tu peux faire tout ce que tu veux. Tu n’as comme limites que celles que tu te fixes, et les Entreprises sont en train d’en fixer pour les autres. Ce n’est pas normal, comme de ne jamais rire, de ne jamais sourire et d’agoniser pendant toute une vie.
Jadis, avant les Emeutes Syndicales, avant la fin de l’Etat, avant que tout ne se brise, l’Humanité savait vivre, et je ne veux pas qu’elle continue à être asservie. Je ne veux pas que l’Histoire s’écrive ainsi. Et ce que je n’aime pas, j’essaye de le changer. »

Jim commençait à comprendre. Mais il n’était pas sûr d’apprécier.

« Mais…pourquoi…pourquoi vous…vous faites rien ? »

Corlatius sourit, comme un père en enseignant une règle de vie basique à un jeune enfant.

« Ce n’est pas mon rôle : ça ne l’a jamais été. Je ne donne que des coups de pouce. Je viens, je rigole, je m’amuse mais je ne suis pas directement intégré dans les événements. C’est ma façon de faire, mais j’aide quand même.
C’est à toi de choisir, Jim : à toi de savoir ce que tu veux. Rester avec moi te mènera à une vie difficile, de dangers, de fuites, de combats et de violence. Partir te permettra d’éviter tout ça…et à arriver peut-être plus rapidement vers l’issue qui sera la tienne pour la première option.
Tu ne peux pas échapper à ce choix, Jim. Et tu dois te décider : la vie ou la mort, la violence ou le repos éternel. Ta vie est terminée, ou du moins ce que tu voyais comme ta vie. A toi de voir comment la terminer, et si quelque chose en ressortira ou non. »

Jim ne savait que faire. Jamais dans son existence il n’avait dû choisir : toujours l’Entreprise ou le destin avaient décidés à sa place. Il était perdu, terrifié, dans un endroit si magnifique qu’il n’arrivait pas à se dire que c’était vrai.
Le monde pouvait encore être beau, comme le disait Corlatius. Mais c’était aussi lui qui l’avait mené ici, qui l’avait mis devant ce choix impossible et qui l’avait condamné. Il était incompréhensible et impénétrable. Il ne l’aimait pas, mais c’était lui qui avait son existence entre ses mains.

Non…ce n’était pas vrai. Ce n’était pas Corlatius qui avait sa vie entre ses mains. C’était lui. Pour la première fois, c’était lui qui pouvait décider : il ne pouvait pas se cacher derrière d’autres pour décider à sa place, il ne pouvait pas fuir comme tout le monde.
C’était lui qui décidait. Ça le terrifiait, mais…c’était lui qui décidait. C’était sa vie, et ça serait sa décision. Sa réflexion.

***

Troisième plage horaire du huitième jour de la septième semaine du deuxième semestre de la quatrième année du cycle de l’Equinoxe Rouge. L’agent n°147 se pressait, il était presque en retard pour son poste de gardien de nuit. Il venait d’y être nommé après des années de gestation dans les locaux de l’Entreprise pour ceux qui n’étaient pas assez qualifiés pour les nouveaux postes créés ; ses camarades et lui devaient attendre qu’un emploi se libère pour enfin commencer leur existence. Et il y était enfin.

« Hey ! »

Perdu dans ses pensées, l’agent n°147 n’avait pas vu le camarade chargé du nettoyage du tunnel entre les différents immeubles de la ville et lui était rentré dedans. Il recula et leva les bras en signe d’excuse, affolé de perdre encore du temps.

« C’est bon, c’est bon… »

Le camarade baissa la tête et retourna à son nettoyage, et l’agent n°147 put reprendre sa course. Il était terrifié, mais il parviendrait sûrement à arriver là où il le voulait à temps, s’il continuait à se dépêcher.
Cependant, son instinct, son naturel le poussèrent à se tourner pour jeter un dernier regard vers son camarade. Celui-ci, appuyé sur son balai, s’était arrêté et avait aussi tourné son visage vers lui. Ce fut là que l’agent n°147 se rendit compte que sous sa casquette grisâtre se trouvait des cheveux longs et une barbe drue, ce qui était évidemment interdit par l’Entreprise. Mais surtout, il était en train de faire rouler sur le dos de ses doigts une pièce, ce qu’il n’avait jamais vu faire. Et il souriait, ce que personne ne faisait jamais au travail.

Pendant une seconde, l’agent n°147 eut le souffle coupé ; il sentait le monde s’ouvrir sur ses pieds. Il devait avertir l’Entreprise, avertir ses supérieurs de cet événement. Mais…mais ça le mettrait dans une mauvaise situation s’il ne retrouvait pas ce nettoyeur. Ça le mettrait en danger s’il attirait l’attention, alors qu’il venait enfin d’avoir un poste et qu’il sortait enfin de l’enfer.
Surtout, ce camarade avait un meilleur poste que le mieux…il était génétiquement supérieur dans ses capacités que lui. Attaquer quelqu’un comme ça, alors que sa situation était si instable, était du suicide.

L’agent n°147 se retourna alors et se dépêcha. Il fut légèrement en retard, fut réprimandé et pendant des jours fut terrifié au travail et dans ses déplacements. Sa tension était extrêmement haute mais il tentait de tout cacher en gardant tout à l’intérieur. Son stress s’intensifiait, les rapports du service de santé étaient de plus en plus alarmants mais l’Entreprise lui laissait encore son poste, du moins pour quelques temps au moins.
Seulement, tout cela ne faisait qu’empirer la situation. Et quand, pour la première fois, une réaction en chaîne mena à une explosion dans les locaux de l’Entreprise la nuit et que le système de sécurité fut si touché qu’il ne put envoyer un signal d’alerte aux services d’urgence, l’agent n°147 céda à l’ulcère qui s’était développé tout ce temps en lui et qui le mena à un état statique de stress intense.
Il ne bougea pas quand les explosions se répercutèrent et s’amplifièrent. Il ne bougea pas quand les drones fondirent sous l’effet de la chaleur, il ne bougea pas quand les flammes commencèrent à lécher son siège.

Il ne bougea pas quand tout l’immeuble s’embrasa.

…un coup de pouce…un grain de sable…un grand bordel.
C’était le début.
C’était un bon début.
Réponse avec citation
  #191  
Vieux 15/03/2010, 23h57
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Même si le texte est sur le blog, je le mets ici pour ceux qui préféreraient l'habitude de venir sur ce sujet. Bonne lecture, j'espère.

Légion
15 mars 2010

« Mets-en plus ! Balance la sauce ! Celle que j’aime !
- Hein ?
- Ouais ! Sauce ! Ketchup !
- Quoi ?
- Ou mayonnaise ? Mouarf, mouarf, mouarf ! »

A mes côtés, Hank rit à en s’étouffer. Même si je ne vois pas son visage sous son épaisse combinaison ignifugée, je le connais trop bien : je sais comment il fonctionne. Alors que les restes humains de nos victimes tombent au sol, carbonisés, lui lance une blague sur les barbecues. C’est son petit rituel, son humour. Pas le mien.
Rien de personnel, dit-il. Rien de personnel, disent mes supérieurs et leurs propres patrons. Nous avons une mission, nous devons la remplir. Le problème, c’est qu’elle consiste en l’anéantissement d’êtres vivants qui hurlent, se défendent et demandent pitié. Rien de personnel : c’est le boulot. Un sale boulot, bien sûr.

Hank donne un coup de pied dans la carcasse de la plus petite, qui ne devait pas avoir plus de dix ans. Comme ma fille, Annie. Je ne devrais pas y penser, le CyberPsy m’ordonne chaque jour de les oublier, elle et Jenny, mais…je n’y arrive pas. Trop dur, trop…personnel. Exactement ce que les CyberPsys et l’Entreprise essayent de supprimer : le personnel, la vie privée. Nous ne devons faire qu’un, oublier nos consciences et mettre en seule priorité la survie de l’Entreprise.

Nous sommes un, nous sommes tout. Telle est la devise de l’Entreprise, la seule qui existe encore sur cette bonne vieille planète. Telle est la devise du consortium au nom dérivé d’une vieille croyance sur laquelle repose tout notre système, mais tout le monde l’appelle l’Entreprise – réflexe des temps anciens et nostalgie des anciennes dénominations. Et puis, nous murmurons toujours son nom quand nous nous réunissons, au moins lors des cérémonies publiques. Pas besoin de le redire à chaque instant pour désigner ce qui nous entoure et nous préserve : il faut savoir goûter et apprécier ce nom selon les autres.

Hank ouvre sa combinaison pour uriner sur les corps de ceux que nous avons assassinés ; comme toujours, je détourne le regard. Lui adore son boulot, il ne vit que pour la mise à mort des cibles désignées par l’Entreprise. Il ne devrait pas être en liberté, il devrait être enfermé au fond d’une cage dont on aurait jetée la clé, mais pourtant il reçoit régulièrement des félicitations, des primes et des médailles pour son application au travail.
Hank est un pyromane qui a mis le feu à sa mère et regardé brûler son petit-frère de deux ans alors qu’il en avait six. Hank a fait exploser la voiture de son père et incendié l’orphelinat où il avait été placé avant ses quatorze ans. Hank est un parasite, un rebus de l’Humanité, et c’est exactement ce que cherche l’Entreprise pour ce boulot.

Nous sommes des Cendreurs. Ce n’est pas notre appellation officielle, mais le surnom est devenu tellement commun que nos propres supérieurs en usent. Nous allons et venons, le visage et le corps toujours protégés contre nos lance-flammes et les tentatives vengeresses des familles de nos cibles. L’Entreprise voit en nous son système immunitaire, qui supprime les « inutiles » et les « dangereux ». Tous, nous devons participer à l’épuration de ce qui nous empêche tous de parvenir à un nouveau stade ; nos cibles sont trouvées grâce à un efficace système de délation, inculqué dès les premiers mois des centres de formation.

Jadis, paraît-il, nous naissions du ventre des femmes et étions éduqués par une forme d’organisation sociale dite « famille » ; nous ne connaissons plus ça. Nous naissons par voie artificielle, nous sommes formés pour notre future tâche grâce à une analyse de nos capacités physiques lors de notre naissance. Le fort deviendra guerrier, l’intelligent sera chercheur, l’inutile sera supprimé.
Evidemment, il est possible que des changements s’opèrent, par la voie d’accidents ou d’un miracle qui permet aux moins performants de s’élever socialement ; personne ne se l’explique, mais c’est suffisamment médiatisé quand ça arrive pour faire croire aux foules que l’espoir est possible. Dans ces programmes extrêmement populaires, des « petites gens » deviennent plus importants et sont à la tête des magazines à succès.

Bien sûr, quand leur gloire se ternie et que leur attrait diminue, ils retombent dans l’anonymat. Parfois, ils se rebellent et commencent à causer des problèmes. C’est là où nous intervenons, Hank et moi, mais nous nous occupons aussi d’autres cibles. Mutés, inutiles ayant échappés aux contrôles, enfants créés « naturellement » malgré les interdictions, révoltés…chaque comportement déviant est colporté au Centre Nerveux local qui nous avertit.
Chaque Cellule, les blocs d’habitation d’une douzaine d’immeubles repliés sur eux, reçoit des formations régulières pour détecter de tels monstres dans notre unité. Grâce à ça et aux formations aux nouveaux nés, les Cendreurs sont de plus en plus missionnés, et l’évolution reste en marche.

Je n’ai pas ma place chez les Cendreurs, en fait. Alors qu’Hank referme sa combinaison et que nous nous approchons du fourgon sous le regard satisfait des membres de la Cellule locale. Ils nous prennent pour des héros, mais…je me dégoûte. Hank ne le comprendra jamais : il fait ça depuis qu’il est né. Depuis sa naissance, il a été programmé à devenir un Cendreur, et c’est avec joie que nos supérieurs ont appris ses « exploits » de jeunesse.
Moi…moi, je n’ai atterri ici que depuis deux ans. Je ne suis devenu un Cendreur qu’à mes trente-deux ans, après avoir été bien plus haut dans la hiérarchie. J’ai dirigé un Système Nerveux, en fait. J’étais quelqu’un de haut placé, de reconnu socialement. Mais…mais…Annie, Jenny, je…
Merde. Je faute, encore une fois. Je repense à ce qui est arrivé, à ce que j’ai perdu…à moi. Je faute. Je dois faire pénitence. Je dois me purifier.



« Pardonnez-moi, Leu-Ko-Sith, parce que j’ai pêché.
- Pas besoin de tant de cérémoniel, Hay-Ma-Ty-Cendreur, et tu le sais très bien.
- Je sais, mais…
- Oui, oui, tu aimes ça et tu en as besoin. Mais je ne suis qu’un programme holographique, un Leu-Ko-Syth classique, un conseil inspiré des CyberPsys mais avec un environnement plus religieux. Je te rappelle que je peux aussi prendre une forme plus orientale, asiatique ou sud-américaine.
- Je…le caucasien suffira.
- Bien. Tu as encore pensé à elles ?
- Je…oui.
- Tu ne devrais pas. Nous sommes un, nous sommes tout. Pourquoi ne pas appliquer une devise aussi simple ? Toutes les Cellules l’inculquent, et cela apporte de la joie à toutes leurs unités. Tu demeures cependant un obstacle à l’unification de tous.
- Je…je ne le fais pas exprès…
- Je sais. Mais tu es un Cendreur : tu sais très bien que l’Entreprise ne pourra accepter longuement un tel comportement. Une seule issue est possible.
- Mais…comment pourrait-elle savoir…
- Ce que tu me dis, elle le sait.
- Vous…vous leur dites tout ?
- Je suis un programme Leu-Ko-Syth : je suis créé pour t’apporter un environnement propre à la confession et cela participe à la surveillance globale des unités. On te l’a inculqué dès la naissance, rappelle-t-en.
- Je…oui…
- Je sais que tu ne fais rien exprès, et que ton changement d’affectation te trouble encore. Cependant, tu es Hay-Ma-Ty-Cendreur : tu brûles ce qui empêche l’évolution de l’unité. Tu ne peux continuer à douter.
- Mais…elles…
- Elles n’existent plus. Elles n’existeront plus. Je t’ai déjà proposé de les supprimer de ton esprit.
- Non ! Non…je…j’y arriverai…
- Il le faut. Nous pourrions nous passer de ton avis, à un moment.
- Mais…je…
- Tu es un Cendreur : tu connais la seule issue à de tels problèmes moraux. Nous sommes un, nous sommes tout : tu sais ce qu’il te reste à faire. »



Chez moi, je m’allonge sur mon lit, vaincu. La fatigue veut m’emporter et m’offrir un sommeil réparateur, mais je lutte, comme chaque soir. Dans les dix mètres carrés qui me sont offerts, il n’y a rien de personnel : un confort spartiate est la seule description qu’on peut en faire. Je n’ai même plus de photographie de Jenny et d’Annie : ils m’ont tout enlevé quand…quand…
Merde…je pense encore à elle. Je pense trop. Quand le CyberPsy sera informé de ma conversation avec le Leu-Ko-Sith, il commandera une analyse de mes pensées et verra une augmentation anormale. Nous ne sommes pas autorisés à penser autant, à imaginer autant. Nous devons accomplir les tâches imparties, et nous avons un taux de pensée quotidien à ne pas dépasser. Régulièrement, je suis averti de mes excès, mais là…là, je sens venir la sanction.

Je…j’ai peur. Je ne veux pas de sanction. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas souffrir.
Depuis toujours, j’ai…peur de la douleur. Peur de sentir mon corps hurler parce qu’on lui fait quelque chose. En ça, je comprends la raison d’être des Cendreurs : l’Entreprise a mal, nous devons empêcher que ça continue. C’est pour ça que j’ai choisi ce poste, parce que je pensais pouvoir guérir et évoluer grâce à lui, grâce à quelque chose que je comprenais.
Mais à cause de lui, je suis un assassin. Je tue, et j’entends les cris de mes victimes quand je m’endors. Je n’ai plus de bon sommeil depuis deux ans et demi, depuis que je suis devenu un Cendreur et que…et qu’elles…

Lentement, je sens les larmes couler sur mes joues. J’ai mal, j’ai tellement mal…depuis leur disparition, la douleur est encore plus forte, toujours présente. C’est…c’est impossible de souffrir autant, ça ne devrait pas être permis. Je ne veux plus de tout ça, je ne veux plus qu’elles me harcèlent autant…
Oh, je les aime…je les ai toujours aimées. Je…c’est pour ça que c’est si dur. Parce qu’elles ne sont plus là. A cause de moi.

Je…oh, et puis merde pour le CyberPsy ! Oui, je vais y repenser. Je vais repenser au jour où notre voiture a été heurtée par un arbre détaché par le vent d’une formidable tempête. La Cellule locale nous avait demandé de quitter notre pavillon en haut d’une colline, et j’avais emmené Jenny et Annie pour partir dans un endroit sûr. L’arbre nous a heurtés d’un coup, sans que je puisse faire quelque chose.
En un instant, je fus expulsé de la voiture, qui se retrouva sur le dos, en feu. Quand je me relevais, je savais qu’elle allait exploser quelques minutes plus tard et que je devais sortir Annie et Jenny. Je pouvais le faire : c’était possible, humainement possible. Mais je n’ai rien fait : je les ai regardé être elles aussi réduites en cendres. Comme tous ceux que j’ai assassinés depuis, et chez qui j’ai toujours cru voir leurs visages.

Je…j’avais peur. Peur d’avoir mal, peur d’intensifier la souffrance que je ressentais déjà. J’avais un bras cassé, des côtes cassées et je craignais de subir encore pire. Depuis mon enfance, on avait diagnostiqué un refus panique de la douleur et de son éventualité. J’avais peur, j’étais terrifié, mais pas par l’idée de les perdre, mais par la douleur née de leur sauvetage.
Alors je n’ai rien fait. Je les ai vues mourir alors que j’aurais pu les sauver.

Je suis responsable. J’ai été démis de mes fonctions au Système Nerveux, j’ai été interné six mois et on a décidé que je pourrais être toujours utile par mes capacités mentales et physiques à des échelons inférieurs. Je suis devenu Cendreur pour me punir et pour tenter de guérir, mais…ça n’a jamais marché. Je suis toujours au même point.

Et maintenant, je risque de souffrir encore plus à cause de ça.

Le Leu-Ko-Sith a raison : ils vont bientôt se passer de mon autorisation pour supprimer leurs souvenirs de mon esprit. Et si l’opération est indolore quand le sujet est d’accord, elle est d’une violence rare quand il s’y oppose.
Je risque de souffrir, plus encore que je n’ai jamais souffert. A cause de souvenirs qui eux aussi me font mal à chaque instant.

Je…non. C’est trop dur. Tout est trop dur.
Ca fait deux ans et demi que je me bats pour m’en sortir, mais je souffre, jour après jour, heure après heure. Ça…ça me rend fou. Je ne veux pas souffrir, je ne veux pas avoir mal. Je…je ne supporte pas d’avoir mal. Je ne veux plus avoir mal…plus jamais.

Lentement, je me lève et j’appuie sur le communicateur à ma porte. L’hologramme du Leu-Ko-Sith apparaît quelques secondes après, son gros ventre en avant sous sa soutane violette et blanche. Ses cheveux grisonnants sont comme toujours coiffés à la perfection et ses yeux reflètent l’autorité et la compassion.
Je racle ma voix avant de parler. J’ai peur…mais j’ai encore plus peur de souffrir.

« Je…d’accord. D’accord pour supprimer mes souvenirs.
- Je savais que tu prendrais la bonne décision. Je suis sûr que tes ennuis seront enfin terminés et que tu deviendras enfin une unité parfaitement fonctionnelle.
- Je…j’espère.
- Tu seras enfin une unité de l’Entreprise, un Hay-Ma-Ty acceptable. Tu en es fier, j’imagine.
- Je…oui.
- Bien. Tes collègues vont venir te chercher dans quelques minutes pour l’opération. »

Et il disparaît, me laissant seul avec l’impression d’avoir fait la plus grosse erreur de ma vie – mais peut-être la seule façon de m’en sortir et d’éviter cette douleur.

Le Leu-Ko-Sith a raison : je vais entièrement changer grâce à ça. Je ne vais plus poser de problème, je serais parfaitement fonctionnel. Une unité qui répondra à toutes les demandes, qui sera intégrée à merveille dans l’Entreprise.
Je ne penserai plus à moi, mais à nous. Je ne serai plus je, mais nous.

Je pourrais enfin être complet.
Je pourrais enfin être l’Entreprise.
Je pourrais enfin être Légion, car nous serons un.

Dernière modification par Ben Wawe ; 16/03/2010 à 00h41.
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  #192  
Vieux 16/05/2010, 17h26
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J'espère plus de réaction pour ce texte qui a eu du mal à sortir : il est sur la même idée que le précédent mais est plus abouti et représente plus ce que je voulais dire. Ca a eu du mal à sortir mais c'est sorti et je ne reviendrai plus vraiment dessus. Bonne lecture.

Je

Je circule. Sans me presser. Je passe entre les grands flux de circulation, laissant mes cousins transporter le nécessaire à notre survie. Je n’y connais pas grand-chose, en fait, et ça ne m’intéresse pas vraiment. En fait, je n’ai pas besoin de savoir grand-chose : ce que je dois faire m’apparaît dès que je m’approche. Ma seule fonction est de circuler entre les flux et les organes, vérifier qu’aucune cellule infectée n’a échappé à mes frères. Et laisser agir quand je suis près d’une de ces saloperies.

A mes côtés, un cousin se dissout de lui-même, ne survivant pas à ma présence. Son aspect extérieur était recouvert de signaux d’infection : un seul regard de ma part a suffit pour déclencher la réaction biologique présente en chacun d’entre nous, ou presque. D’autres « cousins » ont besoin que j’active moi-même les anticorps présents dans leurs organismes. C’est un peu plus sportif dans ces moments-là, mais il n’y a jamais de vrai souci. Au pire, je dois faire appel à mes frères et les choses sont réglées.

Bien sûr, j’ai déjà assisté à de vraies crises, de vraies infections qui ont nécessité des appuis extérieurs. Nous ne savons pas d’où viennent ces aides, ces étranges soldats qui semblent invincibles et dotés d’une discipline de fer, mais ils nous ont déjà maintes fois aidée. Nous l’acceptons : nous avons tous nos limites, et c’est uniquement dans le collectif que nous pouvons survivre.
Même les leucocytes ont leurs limites, oui. Mais nous devons toujours aller au-delà d’elles pour remplir notre fonction : protéger le corps, protéger le collectif. Jusqu’à ce qu’une cellule soit plus forte, jusqu’à ce que nous soyons aussi infectés, qu’un frère doive nous lyser, nous dissoudre. Jusqu’à la fin.

Je passe dans un nouveau flux, laissant mes cousins, les érythrocytes, transporter leurs lourdes charges vers les muscles, pour passer dans un nouvel organe. C’est ma ronde habituelle, mon territoire. Dès notre création dans la moelle osseuse puis le séjour dans la lymphe, mes frères et moi savons qui ferait quoi. Selon un processus bien huilé, les premiers ont choisi les premiers coins et ainsi de suite. Pas de préférence, pas de choix véritable : la logique, la rapidité, l’efficacité. Nous ne sommes pas là pour durer, mais pour faire le boulot et périr.

J’accepte ça. J’aime ça, même, car être utile au collectif me semble la meilleure chose à faire.
Mais c’est bien là le problème.

J’accepte.
J’aime.

Je pense.
Ce n’est pas quelque chose que je suis censé faire.

Je suis conscient de moi-même alors que mes frères et cousins ne semblent pas souffrir du même syndrome que moi. Ce n’est pas « normal » que je sois ainsi : ce n’est pas « normal » que je songe à ce que je vis, comment je le vis. Ce n’est pas « normal » d’accepter ma fonction : je devrais l’accepter et ne pas y penser. Ne pas penser tout court, en fait.

Pourtant, je ne suis pas infecté. Je veux dire, quand un frère passe près de moi, je ne me dissous pas et il ne me donne pas la chasse. J’ai l’impression que j’ai toujours pensé à moi, que je me suis toujours interrogé sur ma fonction et je n’ai eu aucune réaction.
En secret, j’ai souvent vérifié mon apparence, ma structure mais les signaux sont en état de marche et ils sont d’inhibition et non d’activation pour la lyse. De même, je ne présente aucun indice sur une éventuelle infection. Je suis clean. Mais je ne suis pas comme les autres.

Nous ne parlons pas, donc au fond je ne peux pas être certain que les autres ne sont pas comme moi, mais…instinctivement, je le sais. Ils ne réagissent pas comme moi à certains éléments, semblent tellement sûrs d’eux et de leurs missions. Bon, moi aussi je suis comme ça, mais ce n’est qu’une apparence…une apparence qu’ils peuvent aussi avoir, finalement.

Je ne sais pas ce qu’ils pensent, en fait. Je ne sais pas s’ils pensent. Mais je ne peux rien dire : ils réagiraient de suite en me faisant dissoudre. Les cellules ne doivent pas être différentes, elles doivent suivre la norme. Nous sommes nés dans la moelle osseuse, nous devons suivre notre fonction et périr pour elle. Point.

Autour de moi, deux autres cellules périssent d’elles-mêmes, heureuses de servir le collectif en ne le contaminant pas d’avantage. Je continue mon inspection, poussant un peu plus la visite de cet organe. Deux cellules infectées, ce n’est pas grand-chose : à chaque instant, le collectif est contaminé par un millier de cellules et aucune alerte n’est lancée. Cependant, laisser le phénomène empirer est inacceptable : l’infection est extrêmement rapide et seule l’action des leucocytes peut l’empêcher de détruire le collectif. C’est pour ça que nous sommes aussi nombreux ; nous sommes indispensables au collectif, nous sommes sa main armée pour se protéger.

Un de mes frères passe auprès de moi. Comme d’habitude, nous nous ignorons : nous savons quoi faire, où aller et communiquer n’est pas prévu car inutile. Nous sommes trop bien organisés comme force de frappe : dès notre création, nous savons quoi faire et où aller. Nous sommes divisés en trois grands groupes : le premier subdivisé lui-même en ceux qui absorbent les bactéries, ceux qui appellent les renforts et ceux qui s’infiltrent chez les regroupements de cellules infiltrées pour les éliminer petit à petit ; le deuxième qui sépare ceux qui libèrent des armes, des anticorps, pour détruire la cellule infectée, ceux qui coordonnent entre autres les réponses et ceux qui, de façon innée, suppriment les infectés ; et le troisième qui s’occupe de la destruction des cellules en les absorbant globalement.
Moi, je suis du deuxième groupe, je suis un défenseur « inné » du collectif. Je sais, par instinct, les cellules qui doivent disparaître pour que tous survivent. Je suis certainement un des arguments les plus efficaces de la réponse du collectif aux infections.

Je suis une des cellules les plus importantes.
Mais je suis infecté.

Je suis infecté par ces pensées, par ce « je », par ce « moi »…ce n’est pas normal, j’en suis certain. Nous ne parlons pas, nous ne faisons que remplir notre fonction. Les autres semblent heureux, accomplis, mais moi…moi, j’ai toujours l’impression que ce n’est pas assez. Que je voudrais et mériterai plus.
Mais…mais je ne sais pas pourquoi. Je ne comprends même pas pourquoi je pourrais vouloir plus ou mériter plus. Je ne fais que remplir ma fonction, mais c’est pour ça que je suis né. Alors pourquoi vouloir quelque chose d’autre ? Quelque chose que je ne peux pas atteindre ?

Je ne comprends pas…mais je veux comprendre. Et c’est dangereux. Parce que je n’ai pas été créé pour comprendre.

Peut-être que je suis infecté par une bactérie vicieuse, qu’on ne connaît pas. Peut-être que je devrais encore vérifier mes signaux et…oh. Ohoh. Pourquoi te caches-tu, toi ? Où vas-tu ?
Alors que je passais dans un flux de circulation, une cellule s’est stoppée et a changée de direction ; ce n’est pas normal. Je n’ai que rarement vu ça, et uniquement quand j’étais accompagné par des frères. C’est une bactérie, et une méchante. Du genre à pouvoir infecter beaucoup trop de cellules pour l’attaquer seule.

J’avise un frère spécialisé dans l’appel des renforts et je circule entre les érythrocytes pour suivre l’infecté. Mes cousins n’aiment pas que je gêne leur marche en avant mais je ne m’en soucie pas. Ma mission compte plus que la leur, pour le moment. Même si ma mission consiste à ce qu’ils ne soient pas dérangés durant la leur.

La bactérie passe dans un organe et accélère pour entrer dans un nouveau flux. L’imbécile. Elle croie pouvoir me prendre de vitesse alors que j’ai été créé spécifiquement pour stopper les monstres comme elle. Bien sûr, je ne pourrais pas la dissoudre seul : c’est certainement une bactérie issue de l’extérieur et j’aurais besoin de mes frères. Je dois la suivre pour éviter qu’elle n’infecte trop de cellules sur son passage. Je dois maintenir la pression.

Je m’approche…non, elle me laisse l’approcher. Alors que mes cousins circulent librement, je vois mon ennemie décélérer. Pour moi. Elle me veut. La bactérie croit qu’en m’infectant, elle stoppera la réponse biologique à sa présence, ou au moins la ralentira. Elle veut se reproduire auprès d’un maximum de mes cousins et de mes frères pour que tout le collectif soit infecté.
Elle veut m’abattre pour que abattre le collectif. Ca n’arrivera pas.

La bactérie se stoppe définitivement et circule vers moi, changeant de rythme pour aller encore plus vite qu’avant. Je l’évite grâce à deux cousins, que je sacrifie en les envoyant sur elle. Aussitôt touchés, ils commencent à se transformer mais ma présence les fait se dissoudre rapidement ; il leur faut quelques instants pour que le changement soit complet et cela me permet d’être efficace. Mais pas contre une bactérie aussi achevée et ancienne, pas contre une saloperie aussi ancienne et maligne. Pour ça, il me faudra mes frères.

Je dois juste tenir.

La bactérie tente encore de me toucher mais je l’évite. J’essaye de reculer encore mais j’avise trop de cousins derrière moi : je ne pense pas que ma présence serait assez forte pour tous les dissoudre, ils seraient trop nombreux pour que l’effet soit efficace s’ils étaient infectés. Je ne peux pas fuir, je ne peux pas reculer.
Je m’approche alors, faisant croire à la bête que je suis prêt à attaquer, mais j’évite encore son toucher infectieux. J’essaye d’intensifier mes signaux et ma recherche des siens, mais ça ne fonctionne pas. Trop ancienne, trop forte. C’est de la bactérie résistante ça, une belle saloperie oui. J’essaye de la pousser vers l’intérieur du flux et de l’empêcher de s’approcher d’un organe. Même si mes cousins nuisent à l’efficacité de notre intervention, laisser une bactérie infecter un organe serait pire encore.
Les cellules touchées, nous pouvons gérer seuls. Un organe, il faudra les soldats extérieurs – et ils ne seront pas là tout de suite.

Gauche, droite, recul, avance…plus vite, plus agile. J’essaye, je fais de mon mieux, mais elle est trop forte. Droite, droite…gauche. C’est de plus en plus dur. Elle s’adapte, elle sait comment j’évite maintenant. Je…gauche, gauche ! Ne pas penser. Eviter. L’empêcher de fuir.
Gauche. Recule. Recule ! Bien. Droite. Plus à droite, la prochaine fois. Elle sait qu’elle perd du temps et veut en finir. Je dois tenir. Gauche. Droite. Gauche. Droi…trop tard. Evidemment.

Vient le moment où mes limites apparaissent.
La bête me touche, ayant compris ma feinte et ayant joué contre moi. Je sens sa poigne putride et mortelle sur moi, je sens l’infection grandir dans mon être. Je…je suis pris. Infecté.
Dans quelques instants, je deviendrai comme la bactérie et je n’aurai plus le contrôle de mes actes. J’en profite donc pour me coller totalement contre elle, forçant mon dégoût pour ne pas être séparé. Elle se débat, veut s’échapper, mais je ne bouge pas. En faisant ça, je l’immobilise et je gagne les quelques instants qu’a besoin l’infection pour se propager. Avec ça, mes frères pourront arriver à temps.

Je ne les entends pas venir. Je ne les vois pas non plus, mais je sens qu’ils sont enfin là. Leur présence m’est connue par ses conséquences : l’action conjuguée des miens me fait chanceler, me fait perdre mes forces. Je…je suis dissous. Peu à peu. Collé contre la bactérie, je subis la même attaque qu’elle et l’effet sera le même.

Je disparais.

Je…je ne veux pas. Je ne veux pas…mourir.

Alors que mes frères s’évertuent à me faire disparaître, m’entourant pour m’empêcher de fuir, je sens en moi monter l’envie de…vivre. Je ne suis pas comme les autres, je ne veux pas périr pour ma mission. Je pensais que je le voulais, je pensais que je partageais ça au moins avec les autres, mais non.
Je veux vivre.

J’essaye de me décoller de la bactérie pour fuir, mais déjà mes forces ont disparu. Mes frères sont venus en nombre, nos cousins circulent en essayant de ne pas nous gêner. L’organe n’a pas été infecté, ceux dans lesquels nous sommes passés non plus du fait de notre trop forte vitesse à ce moment-là.
La mission est accomplie. Mais je meurs. Et je ne le veux pas. J’avais…j’avais tant à faire encore…à découvrir…à connaître. Qui je suis, ce que je fais, pourquoi…pourquoi tout ça…pourquoi…moi…

Je…j’ai du mal à penser…
J’ai du mal à…à me concentrer…je…

Je veux vi…viv…

Je…
J…





Moelle osseuse. Centre de création des leucocytes. Centre de commande du système de défense du collectif.

« Le leucocyte a bien été dissous.
- Pas de problème ?
- Le rythme cardiaque a rapidement chuté dès l’arrivée des autres leucocytes, la résistance a disparu normalement et les capacités cérébrales ont rapidement cessé de fonctionner. La bactérie a bien joué son rôle et le processus d’éradication s’est déroulé sans encombre.
- Introduisez deux nouveaux virus dans le flux n°14 et dans le n°06 alors. Tenons ses frères occupés. Envoyez deux monocytes nettoyer tout ça. L’analyse du repos des cellules a encore montré des faiblesses dans notre gestion des personnalités ?
- Non, pas encore.
- Bien, continuez. Le Collectif a besoin de garder chacun à son poste, pour que le Collectif fonctionne. Restez donc bien à vos postes et prenez cette affaire comme un exemple pour tous ceux qui voudraient dire la vérité aux cellules, qui ne comprendraient pas bien le bienfondé du Collectif. Nous avons besoin d’un monde discipliné et encadré pour ne pas retomber dans l’Âge Sombre. Nous n’avons plus besoin d’individualités…nous n’avons plus besoin d’hommes. »
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  #193  
Vieux 16/05/2010, 21h02
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Alors, perso. j'ai eu un peu de mal avec le sujet du texte, ton style n'a rien à voir à ca, mais j'ai eu un peu de mal à m'y imerger.
Mais je salue l'effort.





donc, salut....
__________________
C'est en voyant un moustique se poser sur ses testicules qu'on réalise qu'on ne peut pas régler tout les problèmes par la violence.

Mes planches originales de comics à vendre.http://xanadu-art.eklablog.com/accueil-c17038922
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  #194  
Vieux 16/05/2010, 23h03
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Salut.
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Vieux 17/05/2010, 00h43
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Je viens de lire les deux derniers récits d'une traite. Je t'avoue que j'adore la narration au présent, et ça a donc été assés facile pour moi de me plonger dans ces deux histoires respectives.

Ecriture dense et pensées fortes. On est projeté directement et sans retenue dans l'esprit du narrateur au plus prés de son action, qu'elle soit punitive ou destructrice, dans le collectif absolu.

Bravo monsieur, que de talents sur ce forum, c'est incroyable !!!

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