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Vieux 07/07/2008, 00h29
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Ben Wawe Ben Wawe est déconnecté
Dieu qui déchire sa race
 
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Ben Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à Galactus
Salut à tous. J'avais envie d'écrire aujourd'hui un récit sur un aveugle qui perdait bien, limite de tâter du Daredevil, et finalement au fil des réflexions ça a donné un petit récit d'horreur. Ceux qui me lisent un peu verront qu'un personnage est déjà apparu il y a peu. Bonne lecture à tous.


Le Noir et les pavés.

On dit que l’enfer est pavé de bonnes intentions ; mais comment font les aveugles pour s’y déplacer ?

C’était la question que n’avait pas arrêté de se poser Mike Mardock depuis qu’il avait été assez grand pour comprendre que dans ce monde, on n’aidait pas les faibles, on s’acharnait sur eux pour le fun. Il était aveugle et n’avait pas eu une vie facile, loin de là : il avait été élevé dans le Bronx, le vrai, celui où on n’avait que deux façons de passer la récréation, à taper les autres ou à se faire taper par eux. Ses parents n’avaient pas pu assurer son avenir comme ils auraient dû, coincés dans des boulots minables et des soucis bien trop complexes pour des petites gens comme eux. Ils étaient tombés dans l’alcool, la dépression et les plaisirs faciles, et rapidement son père avait disparu sans laisser de trace et sa mère s’était mise à sortir bien tard la nuit pour payer un peu à manger.

Mike avait grandi en voyant ses exemples s’engager dans la misère et découvrir que la vie n’était pas aussi belle que dans les contes de fée. Sa mère lui en avait beaucoup lu quand il avait été petit, mais elle s’était soudainement arrêtée quand la bouteille avait été sa nouvelle passion et l’ouverture de jambes son nouveau sport quotidien. Il en avait été grandement peiné, mais il n’avait rien dit : ça n’aurait servi à rien, et il aurait sûrement pris une correction en récompense.

Le petit gamin du Bronx avait donc tenté de poursuivre ses études tranquillement, mais c’était sans compter le quartier et ceux qui y faisaient régner leur loi : rapidement, on l’avait insulté sur sa mère et on lui avait demandé des choses étranges qu’il n’avait pas compris, lui l’enfant d’à peine dix ans. Pour lui, sa mère était une sainte qui travaillait dur et tard le soir, mais il ne savait pas à quoi. Il avait escompté qu’elle arrête un jour pour mieux s’occuper de lui, mais ça avait toujours semblé impossible ; néanmoins, il avait quand même gardé cet espoir qu’elle soit à nouveau heureuse.

Chaque jour, il se battait pour que son rêve devienne réalité : il travaillait autant qu’il pouvait à l’école, il ne traînait pas dehors, il ne se battait pas et refusait les offres des types louches. Il faisait vraiment tout pour que sa mère sourît à nouveau, mais même si c’était arrivé par la suite, jamais il n’aurait pu le voir : un soir en rentrant chez lui, en ayant encore une fois décliné la proposition de faire du trafic pour des grands, il fut catapulté dans une impasse, entouré de bras et passé à tabac. Il fut frappé, frappé et encore frappé, jusqu’à ce qu’il en pleure et hurle au secours, mais personne ne vint l’aider.
Pas une personne ne sortit de chez soi pour venir secours le petit garçon qui se faisait brutaliser, violer et qui gémissait comme un animal. Ses yeux étaient remplis de larmes, et pour « l’aider », ses bourreaux lui firent un « cadeau » : d’un geste rageur, l’un d’eux taillada ses yeux pour qu’il arrête de pleurer. Comme ça, il se comporterait enfin comme un homme…comme ça, il en serait enfin un.

Malgré la douleur, malgré l’humiliation, Mike avait réussi à se relever, à remonter un peu son pantalon descendu à la hâte et à marcher vers la rue, où une des rares voitures de police du quartier l’avait recueilli à la fin de sa ronde trop rapide. Il avait été immédiatement amené à l’hôpital, mais les dégâts étaient considérables : il avait mis bien trop longtemps à aller vers des secours, et personne ne pouvait sauver ses yeux. Son visage était massacré par une immonde balafre qui ferait bien rire les responsables de son malheur, certains d’avoir fait une faveur au petit garçon en le faisant plonger plus rapidement dans le monde adulte.

La mère de Mike ne vint même pas le voir à l’hôpital : ce fut à peine si elle comprit ce qui lui était arrivé. Non pas qu’elle ne l’aimait pas, au contraire elle avait toujours été folle de son petit garçon, mais le problème était qu’elle devait boire et prendre des pilules continuellement pour travailler selon les déclarations de son fils, et qu’elle n’arrivait parfois plus à savoir si la chose qui parlait continuellement devant elle était le père de Mike ou simplement la télévision…elle avait du mal avec les statuts des choses, selon lui. Il ne lui en voulait donc pas de n’être pas venu le voir, et rentra tout seul quelques jours après, aidé par une canne et une gentille dame d’une association pour les aveugles.

Aveugle. Il avait appris à détester ce mot.
Au départ, il n’avait pas bien compris ce que ça voulait dire : durant les deux premiers jours, il avait cru qu’il dormait et que c’était pour ça qu’il ne voyait plus rien. Il s’était amusé à entendre des gens parler autour de lui, à faire attention à lui. Il avait déjà rêvé ce genre de choses, et ça lui plaisait bien parce que ça changeait de sa mère qui travaillait de trop pour l’aider vraiment. Mais au bout de ce temps-là, il avait quand même trouvé que ça durait beaucoup, et quand il avait compris que ce n’était pas un rêve, il avait crié pendant des heures entières pour faire cesser ça. Il avait espéré qu’en faisant peur au Noir, celui-ci partirait mais le Noir restait toujours : ça faisait quinze-ans maintenant qu’il était son seul repère dans ce monde, et il ne lui pardonnait toujours pas de s’être immiscé dans son existence.

Mike avait pleuré pendant le reste de son séjour à l’hôpital, mais avait quand même accepté d’écouter ce qu’on avait à lui dire : il savait que sa mère ne viendrait pas et qu’elle serait trop fatiguée pour prendre des notes. Il avait donc entendu avec attention ce que les médecins lui avaient annoncé, et avaient encore une fois explosé en larmes quand il avait compris ce qu’il allait subir pour le reste de ses jours. A dix ans, on a l’impression qu’on a toute la vie devant nous, mais à cet âge-là, le petit garçon se rendit compte que son existence allait être tout simplement un enfer, et qu’il ne pourrait rien faire pour se défendre. Il allait devoir grandir dans le Bronx en étant encore plus faible qu’auparavant, et rien ne viendrait le sauver. Pour lui, ça avait été comme si ce jour-là avait été sa mort : jamais plus il ne s’était considéré comme vivant par la suite.

Et malheureusement, les prévisions d’un petit garçon mort de peur s’avérèrent justes.

Sa mère tomba enceinte d’un de ses collègues de travail selon elle, et elle quitta la maison un soir pour ne jamais revenir : Mike passa deux jours à attendre dans son lit qu’elle vienne le réveiller ou qu’elle crie pour ça, mais rien ne lui vint aux oreilles. Il ne parvenait pas à se lever tout seul sans ce cri, sans cette alerte ; même si elle n’avait jamais rien fait pour l’aider avec son handicap, elle avait toujours mis un point d’honneur à ce qu’il dorme bien, sans réveil stressant, juste la voix de sa mère pour lui dire qu’il était l’heure. Evidemment, le petit garçon avait ouvert les yeux et s’était éveillé au bout d’un moment, mais aucune nouvelle de sa mère. Ce fut la voisine qui, alertée par ses cris désespérés, alerta la police. Les policiers le trouvèrent dans son lit, incapable de bouger, tétanisé de peur à l’idée que sa mère ait subi quelque chose de grave.
Il apprendra des années plus tard qu’elle avait été retrouvée dans une clinique illégale, morte parce qu’un boucher avait voulu l’avorter sur demande de son « collègue de travail », un maquereau notoire qui était depuis porté disparu. Un pas de plus sur les pavés, selon lui.

Après cela, le petit garçon avait été envoyé à l’orphelinat et les choses étaient devenues pire encore. Lui qui avait plus ou moins réussi à s’habituer aux tabassages quotidiens, aux humiliations constantes, au désarroi des gentils adultes qui voulaient l’aider mais ne pouvaient être là tout le temps avec lui était tombé dans un monde encore plus dur et cruel que celui de la rue. A l’orphelinat, personne ne faisait de cadeau à personne : tout se monnayait, tout s’achetait…tout se vendait. Si on n’avait rien, si on n’avait pas d’atout pour survivre, on n’était que de la marchandise pour les grands, et Mike le découvrit bien trop rapidement.

Il fut frappé, violenté et pire encore jusqu’au moment où il s’enfuit, incapable d’en supporter plus. Lui qui avait passé des mois à apprendre comment user seul de sa canne, lui qui avait enduré mille douleurs et appréhensions pour se déplacer dans les rues avec ses autres sens comme seuls repères n’avait plus pu endurer tout ça. Il connaissait l’orphelinat par cœur, et pouvait même encore détailler chaque recoin avec précision aujourd’hui, et il était parti dans la nuit, loin de tout ça.
Seulement muni de sa canne, des lunettes de soleil évidemment cassées, il s’était engouffré dans les ténèbres froides, celles qu’il connaissait depuis son enfance. Cette nuit-là, il devint véritablement adulte à dix-sept ans, et décida de se venger de ceux qui lui avaient fait du mal. Mais il ne savait pas encore comment.

Il avait bien pensé à s’entraîner, à devenir un combattant hors pair comme Daredevil, le personnage de comics lui aussi aveugle, mais il avait vite compris après ses piètres efforts dans une salle de boxe où il avait été la risée de tout le monde que tout ça n’était que de la fiction. Il était petit, maigre, peu souple et surtout avait des séquelles des violences subies auparavant : il se déplaçait difficilement à cause d’une sale blessure à la jambe droite et de problèmes au postérieur, et surtout il n’arrivait presque pas à déplier entièrement son bras gauche après que quelqu’un l’ait cassé et qu’il se soit « guéri » tout seul. Il avait été tellement tabassé dans son enfance que tout son corps était une souffrance, et il était conscient que cette voie-là n’était pas la bonne.

Seul, perdu dans les rues de la ville, sursautant à chaque bruit et mangeant trop peu, Mike était destiné à mourir jeune…et à ne jamais se venger. Ça avait été la seule véritable motivation pour lui pour survivre : retrouver ceux qui lui avaient fait du mal et les faire payer. Il n’avait aucune envie d’avoir une vie meilleure, il ne voulait pas décrocher la lune et être heureux : toute son existence n’avait été que douleur et peine, et il n’envisageait que la revanche comme futur.
Toute cette haine avait été son moteur pour avancer, et c’était ainsi qu’il avait rencontré Han.

Il n’avait jamais su quel était le nom de famille de Han ; il n’avait jamais compris pourquoi cet homme rencontré dans la rue alors qu’il cherchait à aller vers une des grandes artères de la ville et se dirigeait vers un cul de sac l’avait aidé ; il n’avait jamais saisi l’intérêt pour lui de s’occuper d’un pauvre aveugle, n’ayant pas eu les soins et l’amour nécessaires pour voir la vie autrement que dans une version cruelle et intéressée. Han avait fait acte de bonté envers lui, et c’était la première personne depuis sa mère qui ne s’était pas moqué de lui ou ne l’avait pas utilisé.

Il l’avait recueilli malgré les protestations du jeune homme, et lui avait donné un foyer, de la douceur et à manger, choses que Mike ne connaissait plus et n’avait finalement pas vraiment connu : même si il avait vécu avec sa mère et un tout petit peu son père, jamais cela n’avait été en sécurité et dans de bons termes. Il avait le droit avec Han à tout ce qu’un être humain pouvait attendre de la vie, mais comme c’était la première fois pour lui, il le voyait comme son sauveur et un être hors du commun.
De plus, Han ne lui demandait rien en retour : ni trafic, ni saletés nocturnes, ni don de sa nourriture au réfectoire…rien. Tout ce qu’il avait intégré par l’expérience difficile de son passé volait en éclats grâce à lui, et il avait réappris à sourire. Même si le Noir était toujours là, même si son vieil ennemi continuait de rire de lui et de le vaincre dès qu’il ouvrait les yeux pour être encore plongé dans l’obscurité, celle-ci semblait moins froide et dure quand il était avec Han.

Mais son bienfaiteur n’avait pas fait que lui redonner goût à l’existence : il lui avait aussi donné un moyen de se venger. Même si il avait découvert le bonheur de vivre et commencé à oublier les horaires de son passé, le jeune Mike n’avait pas perdu le goût de la vengeance et Han avait exacerbé cela en leur faisant comprendre qu’ils ne pouvaient pas s’en sortir comme ça…que ceux responsables de ses malheurs ne devaient pas être libres et heureux après ce qu’ils lui avaient fait subir. Peu à peu, Mike avait développé une haine encore plus intense que celle qu’il avait eue au départ, et avait fait le vœu de tout faire, d’absolument tout faire pour trouver un moyen pour se venger.

Pour lui, même si la vie avec Han était belle, il était prêt à tout sacrifier pour faire souffrir ses bourreaux. Il était même prêt à tuer pour parvenir à cela. Et on aurait dit que c’était exactement ce que Han avait attendu depuis le début.

A partir de là, dès le lendemain de cette soirée funeste où Mike avait fait cette terrible déclaration, Han lui avait montré les moyens pour parvenir à ses fins. Il ne l’avait jamais su, mais son bienfaiteur était un grand amateur d’occultisme et se vantait d’avoir la plus grande bibliothèque spécialisée en cela de tout le pays : des rayonnages entiers étaient occupés par des œuvres expliquant comment invoquer des démons, occire ses ennemis dans les pires douleurs, maudire une famille, détruire une âme…tout ce que Mike rêvait pour ceux qui lui avaient fait du mal.
En passant ses mains sur les couvertures, en se baladant entre les différents étages de cette salle qui était sur les trois niveaux de la maison de Han, il s’imaginait combien il pourrait faire souffrir ces monstres, comment il pourrait les entendre le supplier comme eux l’avaient entendus faire cela quand ils s’en étaient pris à lui…et il sourit. Il sourit tellement qu’il faillit en avoir mal, jusqu’à ce qu’il se rende compte que tout ça lui était inutile : il ne pourrait jamais user de ces merveilleux livres pour se venger. Il ne pourrait jamais recevoir ce qu’il attendait depuis des années. Il était aveugle.

En se rendant compte que son handicap, en plus d’avoir ruiné sa vie, ruinait aussi sa vengeance, Mike ne pouvait rester calme. Les dents serrées, il jeta sa canne dans la pièce de rage, et se précipita sur plusieurs volumes pour les faire tomber au sol. Il haïssait ces livres qui avaient été de véritables miracles quelques secondes plus tôt : ils n’étaient là que pour le narguer, que pour lui faire miroiter des choses qu’il n’aurait jamais. Il ne pouvait le supporter.

Hargneux, violent, il se mit à arracher des pages et des pages de livres en criant sur Han et sur sa mauvaise fortune ; il en voulait à la Terre entière, il en voulait à Dieu, à tous ceux qui l’avaient un jour croisés sans achever ses souffrances. C’était tout ce qu’il voulait, maintenant : mourir. Sans aucune possibilité pour lui de se venger, sans cette chance d’assouvir enfin son désir le plus cher, il ne voyait aucune raison de continuer à vivre.
Tout ce qu’il voulait pouvait être obtenu par ce qui se trouvait dans cette pièce, mais ça lui était interdit. Il aurait été prêt à tout pour changer cela.

Ce fut à ce moment-là que Han posa sa main sur son épaule et lui annonça qu’il y avait une solution : il avait fait traduire ses grimoires en braille…pour lui. Mike n’en croyait pas ses oreilles, il refusait de croire que c’était possible, que son sauveur lui faisait encore le plus beau des cadeaux alors qu’il venait de saccager plusieurs œuvres au prix monstrueux. Il se jeta à ses pieds pour lui demander pardon, mais déjà celui-ci l’aidait à se relever en riant : non, il n’avait rien fait de si terrible. Ils n’étaient même pas dans la bibliothèque où il entreposait ses plus précieux livres, ils étaient juste dans celle où se trouvaient les récits « normaux ». Il avait voulu voir si il avait le degré de détermination et de rage suffisant pour se lancer là-dedans, et c’était le cas : ça avait été une sorte de test, et Mike l’avait réussi.

Avec soulagement, et même si il ne comprenait pas bien l’intérêt pour Han de faire tout ça pour lui, le jeune Mike se lança donc dans l’étude précise des livres de son ami. Celui-ci décida alors de le laisser seul dans la maison, ne revenant qu’une fois par année à la même date, pour voir si il avait besoin de quelque chose. Il semblait immensément riche et n’avait aucun remords à laisser sa demeure de New York à quelqu’un qu’il ne connaissait pas et à qui il avait réellement donné une vie…si pas La vie.
Pour Mike, son existence n’avait commencée qu’au jour de sa rencontre avec Han ; il était comme sa mère, son père et son Dieu. Il aurait tout fait pour lui et mettait le plus d’ardeur possible à son étude.

Ainsi, Mike vivait tranquillement : un majordome se tenait à ses côtés pour l’aider, et il avait rapidement pris ses marques dans la maison. Pour quelqu’un d’aveugle, habitué à vivre dans la rue et à donc devoir trouver assez vite des moyens de se diriger et de se repérer, ça avait été facile et il pouvait maintenant se mouvoir seul dans tous les étages de la bibliothèque, ainsi que son annexe plus secrète, placée derrière une porte à côté d’un rayonnage. Il était très difficile de voir cette entrée de loin, et ça avait été exactement le souhait de Han : il voulait un petit havre de paix rien qu’à lui, visible pour ceux qui prenaient le temps de respecter sa bibliothèque en l’observant véritablement, mais inexistant pour les gens pressés qui refusaient de profiter de la vie et de ses cadeaux.

Il passa donc huit années comme cela, lisant, réfléchissant, apprenant, s’exerçant même, et il savait que chaque jour passé, sa puissance augmentait. Il sentait un feu terrible en lui, qui le rongeait dès qu’il appréhendait un nouveau concept, une nouvelle possibilité de faire souffrir ses alliés. Han lui répétait bien à chacune de ses visites de faire attention, de ne rien tenter sans sa présence et surtout de ne jamais essayer de lier des conversations avec les êtres cités dans les pages traduites, mais parfois…parfois, la tentation était forte.

Mike était seul face à un savoir incommensurable et n’avait qu’une seule envie : s’en servir. Il était plus que redevable envers Han de tout ce qu’il avait fait pour lui, mais le seul but de son existence était de faire souffrir ses bourreaux. Il savait que les gens ne trouvaient pas ça Bien, mais qu’est-ce qu’ils savaient du Bien ou du Mal ? Ils ne connaissaient que les traditionnelles définitions religieuses ou sociétales, alors que lui avait regardé l’horreur personnifiée et fait maintes fois l’expérience du Mal : c’était la dernière chose qu’il avait vue avant que le Noir, que son vieil ennemi ne prenne le pouvoir. Il le narguait toujours en le faisant réveiller la nuit et en le forçant à allumer la lampe, son cœur prêt à exploser en espérant qu’il reverrait enfin la lumière ; comme toujours, la déception était aussi grande que ses attentes et il fondait en larmes.
Des monstres avaient massacrés sa vie, et d’autres pires encore avaient détruits sa mère. Les gens ne pouvaient comprendre sa douleur et ses envies car ils étaient trop protégés, à l’abri derrière leurs grands murs et leurs comptes en banque. Il était l’exemple typique du pourrissement de cette terre, et il n’avait aucune raison de tendre l’autre joue à ceux qui avaient fait ça.

Ce soir-là, en face de lui, se trouvait une formule : simple, assez belle aux oreilles si on la récitait à haute voix, elle semblait assez basique par sa longueur et son vocabulaire, mais c’était totalement faux. Mike avait rapidement compris dans ses études que les grandes échappées lyriques ne valaient pas grand-chose dans la matière qu’il apprenait, et que c’était plus les petites phrases rapides et fortes qui donnaient le plus de résultat. Il se trouvait donc avec l’une d’entre elles, et elle pouvait invoquer quelqu’un qui pourrait l’aider…un démon. Un démon de la Souffrance, pour être exact.

La Souffrance, comme Han le lui avait expliqué, était une des Guildes de l’Enfer, ces grandes assemblées de démons qui s’étaient réunis jadis pour former les Légions du Diable, Lucifer, Satan ou quelque soit le nom qu’on voulait lui donner. Celui-ci avait réuni ses armées pour combattre, mais jamais elles n’avaient bougées : depuis des siècles, elles restaient en état de guerre, sans aucune cible à attaquer. Et comme à chaque fois que des soldats sont obligés de rester quelque part sans rien faire, certains des démons acceptaient d’être invoqués pour régler les problèmes des mortels et être payés en retour : il fallait bien s’occuper.

Mike savait qu’en invoquant ce démon et en lui offrant son âme, celui-ci le vengerait et il aurait enfin ce qu’il attendait le plus au monde. Mais ça aurait été aller contre les ordres de Han, et donc trahir son ami, celui qui avait tout fait pour lui ; celui qui l’avait « mis au monde » et emmené dans cette voie qui était désormais la sienne. Agir ainsi serait trahir son sauveur, et il hésitait : il en avait envie, mais voulait respecter l’homme à qui il devait tout.
Evidemment, il aurait pu l’attendre : ça aurait été simple, Han serait normalement revenu trois mois plus tard. Mais Mike ne se voyait pas rester devant cette formule tout ce temps…ça aurait été une torture trop forte. Ses doigts tremblaient devant la feuille remplie de braille, et il savait déjà ce qu’il allait faire. Même si c’était une trahison, même si Han ne serait pas content, il ne pouvait plus attendre : il devait le faire. Il avait attendu ça toute sa vie, et il ne pouvait passer à côté de cette occasion.

Lentement, les mots sortirent de sa bouche : en quelques secondes, Mike sentit tout son cœur trembler et son cœur battre d’excitation. Ses paroles semblaient flotter dans l’air, et les instants où il les prononça furent comme de l’extase pour lui : depuis ses débuts, il avait rêvé de ce moment ; enfin, il y parvenait.

A genoux, les bras en croix, il attendit l’arrivée du démon. Il ne connaissait pas vraiment la « procédure » pour ce genre de choses, et il louperait sûrement les effets magnifiques de l’apparition, mais ça n’était pas grave : il aurait sa vengeance, c’était tout ce qui comptait pour lui. Le sourire sur le visage, il laissa donc les secondes s’écouler lentement, jouissant à l’avance de la réalisation de son vœu.
Malheureusement, les secondes devinrent longues, mais il resta là, sûr de lui : ça allait fonctionner. Mais ces secondes longues devinrent très longues, aussi vite que des minutes…que plusieurs minutes…que plusieurs dizaines de minutes. Le démon ne venait pas. Malgré sa longue attente, aucun signe ne lui parvint, aucun son, aucune douleur : rien. Ça n’avait pas fonctionné.

Quelque peu énervé d’avoir ainsi perdu du temps et loupé la formule, Mike se remit à la formuler à haute voix, et attendit à nouveau…en pure perte. Comme avant, rien ne se produisit. Il la répéta plusieurs fois, attendit deux heures en la prononçant toutes les dix minutes, mais il n’y avait toujours aucun résultat, et il ne comprenait pas pourquoi. Il faisait exactement ce qu’il fallait : il prononçait bien chaque syllabe, inspirait et expirait bien quand il le fallait, y croyait plus que tout dès qu’il se lançait…il n’y avait rien de mauvais dans son invocation ! Il suivait à la lettre les conseils des livres et de Han !

Mike n’en pouvait plus. Il avait passé cinq heures à prononcer la formule comme il le fallait, mais ça ne fonctionna pas : ses rêves partaient en fumée. Tout ce qu’il avait espéré, tout ce qu’il avait rêvé culminait à ce moment-là, mais ça n’allait pas. Il était déçu, triste et anéantit : il avait mis toute son énergie, toute son envie de vivre dans la réalisation de cet instant, et il n’y arrivait pas.
Peut-être que la formule était mal recopiée, peut-être qu’il n’était pas assez bon, peut-être que rien de tout cela n’existait, mais le résultat était le même : Mike était à genoux, vaincu. Il pleurait lentement et en silence, comme un enfant.

Se laissant encore plus tomber au sol, n’arrivant même plus à tenir son corps droit, il explosa en sanglots et demanda d’une toute, toute petite voix à mourir : ça lui était déjà arrivé d’y songer, la nuit quand il se rappelait tout ce qu’il avait subi, mais il s’était toujours raccroché à son désir de vengeance, à la perspective d’y parvenir par ses études. Maintenant que tout était terminé, maintenant que tout lui semblait fichu, il ne voyait plus rien pour le garder sur Terre : il voulait juste qu’on le laisse tranquille et pouvoir se perdre dans ce Noir qu’il haïssait tant, mais qui lui semblait la seule solution à son enfer. Et le démon accepta sa requête.

En un instant, Mike sentit la vie quitter son cœur : il ne fallut que quelques secondes pour que son âme disparaisse de son corps et que celui-ci ne devienne plus qu’une masse immobile, son sang se figeant dans ses veines et l’air arrêtant de transiter par ses poumons. Il partit enfin définitivement sur les pavés de l'enfer, comme il le voulait et même si il n'y voyait rien : ça n'avait plus d'importance, maintenant. Le démon de la Souffrance avait accepté la demande de celui qui l’avait invoqué, mais il ne l’avait pas fait de si bon cœur : ça faisait cinq heures qu’il attendait que celui-ci lui indique son vœu, et il était plus qu’heureux de pouvoir l’accomplir, de prendre l’âme plus que facilement (c’était toujours difficile de prendre une âme à un vivant, alors qu’un enfant aurait pu capter celle d’un défunt, du moins si il pouvait voir l’âme sortir du corps et la voler comme lui et ses congénères en avaient la possibilité) et de lui faire payer son attente en même temps.
Ceci fait, il quitta en silence la bibliothèque, laissant là son ancien « employeur » et victime, avec le sentiment du travail bien fait.

C’était Han qui avait tout expliqué de la Souffrance et des Guildes à Mike, mais il avait volontairement omis un petit détail : ils étaient silencieux devant les mortels. Agissant ainsi de manière illégale et non officielle, ils ne pouvaient se permettre d’apparaître en grande pompe devant les mortels qui les invoquaient et les liaient à eux pour leur vœu ; sans cela, ils auraient été appréhendés par leurs supérieurs et sévèrement réprimandés.
Ainsi, le démon était bien apparu à Mike, avait même été assez énervé d’entendre l’invocation une bonne trentaine de fois, et il avait accepté avec soulagement de réaliser son vœu, pour pouvoir reprendre sa place dans les Légions. Han n’avait rien dit à Mike pour l’empêcher d’invoquer quelqu’un de manière efficace sans lui…ou peut-être pour le punir de le faire si il bravait son interdit. Son jeune disciple n’en saurait jamais rien, et Han évacuerait tranquillement son cadavre dans sa Collection personnelle, avec lui aussi le sentiment du travail bien fait et un petit sourire ironique sur le visage. Il y avait quand même des fois où il adorait ses loisirs.

PS : oui Deadpoule, il morfle bien lui aussi.
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  #107  
Vieux 07/07/2008, 01h02
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Tu tiens un bon filon, avec "Les loisirs de M Han"

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  #108  
Vieux 07/07/2008, 12h34
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Je ne sais pas. L'idée me paraît bonne et très plaisante, mais il faudra que j'essaye de varier beaucoup les petites histoires et de ne pas tomber dans la même dynamique à chaque fois. Je ne veux pas trop en dire sur Han mais en même temps je veux aussi laisser beaucoup d'indices...je verrais ce que je peux faire. En tout cas, ça m'amuse beaucoup.
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  #109  
Vieux 09/07/2008, 12h43
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Deadpoule change la caisse du Fauve
Je lirai ça et donnerai mon avis d'ici vendredi ou samedi matin
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- Bon, fallait s'y attendre, je comprends rien à cette BD ; je ne sais même pas comment la lire ; et en plus c'est écrit très petit et la police est moche :-(
Maman

>> J'écris des trucs ici
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  #110  
Vieux 10/07/2008, 14h58
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Thoor change la caisse du Fauve
Belle réussite que ce conte horrifique.

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  #111  
Vieux 12/07/2008, 18h03
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Merci à tous, réellement. Voici un autre texte : en improvisation au départ, l'idée m'est parvenue très rapidement et j'ai construit mon texte en même temps que je l'écrivais. Ca faisait longtemps que je voulais écrire sur les mondes parallèles, je pense m'en être sorti ici. Bonne lecture.

Joshua Ambrose.

« Alors quoi de neuf aujourd’hui, Josh ?
- Que dalle.
- Quoi de prévu ?
- Que dalle.
- Je t’ai connu plus original. Et plus sympa’.
- Les choses changent. »

Michael soupira en regardant son ami se caler mieux sur sa chaise, un verre de martini dans la main. Ils étaient tranquillement assis sur la terrasse d’un café parisien, sous le soleil d’un chaud après-midi d’été. Ils étaient bien, encore jeunes et semblaient heureux mais il savait que son compagnon ne partageait pas son sentiment. Même si Joshua souriait et semblait apaisé derrière ses lunettes de soleil et ses cheveux hirsutes et mi-longs qui lui tombaient dans le cou, il sentait que ce n’était que du cinéma.

« Allez, Josh, tu peux me dire ce qui va pas…ça fait des semaines que t’ouvres plus la bouche…
- Je te parle quand même, vieux.
- Sois pas bête : on sait tous les deux que ça va plus depuis ce qui est arrivé à Claire. »

La tête de son ami se tourna lentement vers lui, faisant légèrement bouger sa chevelure sombre. Si il n’avait pas eu ses lunettes de soleil, Michael était sûr qu’il aurait pu voir un regard noir sur le visage de son ami. Heureusement, la protection solaire le protégeait de ça aussi…ça valait finalement le coup de dépenser cinquante euros là-dedans.

« Ne parle pas d’elle.
- Il faudra bien que ça vienne tôt ou tard…et vaut mieux tôt, crois-moi… »

Joshua ne répondit rien, avala d’une traite le fond de son verre. Il le reposa sans douceur et fixa les immeubles autour d’eux. Il n’avait aucune envie de parler de celle qui lui avait brisée le cœur, mais apparemment tous ses amis pensaient différemment. Ils voulaient tous qu’il se livre à eux, mais que pouvait-il bien leur dire ? Que ça faisait mal ? Qu’il était triste ? Qu’il aurait tout fait pour qu’elle lui revienne et qu’il lui pardonnerait sur le champ ce qu’elle avait fait ?
Il ne pouvait pas dire ça : il ne le pensait pas. Claire l’avait trahie, elle était partie et il était mieux sans elle. Seulement, ça, les gens ne pouvaient le comprendre : il vivait dans un monde où la dépression était la norme et la recherche du moindre sujet pour se sentir mal le sport le plus populaire du monde. Il était une des rares personnes de la planète à ne pas être malheureux et à ne pas vouloir l’être, quitte à passer à côté des pseudos paroles réconfortantes des autres. Tout ça le dégoûtait.

Il avait pensé que Michael, son vieux pote de bringues, ne l’ennuierait pas avec ça, mais il s’était trompé. Ça faisait dix ans qu’ils avaient faits connaissance sur les bancs du lycée et ils avaient fait les pires bêtises ensemble. Michael avait eu plus de copines que Joshua ne pouvait s’en rappeler, et il était passé maître dans l’art de la drague et des ruptures. Il avait songé que lui au moins aurait la décence de ne pas essayer de l’aider avec ses gros sabots, mais il était encore une fois déçu.

« J’y vais.
- Quoi ? »

Michael ôta sa main de son crâne nu qu’il était en train de masser et lança un regard plein de surprise vers son ami. Ils venaient à peine de s’asseoir et de commencer à parler : même si il n’avait jamais été doué pour les sentiments et pour aider autrui, il avait songé que ça ferait plaisir à son vieux copain de discuter de ce qui n’allait pas. Il savait qu’il vivait une période difficile, mieux valait tout lâcher au lieu de garder pour soi.

« Ouais, j’y vais. C’est pas contre toi, Michael, mais c’est juste que je ne veux pas discuter de Claire. C’est fini, ça fait encore un peu mal mais ça passera. Je veux juste me changer les idées.
- Euh…je…d’accord. Mais si tu veux, on peut…
- Arrête : je sais que tu vas me proposer un plan foireux mais que tu ne seras pas à l’aise toute la soirée car tu te dis que je veux fuir mes problèmes et que ça n’est pas bien. C’était cool de te revoir, faudra qu’on refasse ça. »

Laissant Michael sans voix et déposant quelques euros pour payer son martini, Joshua se leva souplement et se dirigea vers le métro, sa veste marron sur les épaules. Il savait que son ami ne prendrait pas bien ce qu’il venait de faire, mais il n’avait pu agir autrement : il était fatigué de devoir s’expliquer, d’entendre la pitié des gens autour de lui. Tout ce qu’il voulait, c’était penser à autre chose et il savait exactement quoi faire pour ça. Même si il s’était promis de ne pas y retourner après le départ de Claire, ses pieds le menaient directement chez lui, ou plutôt à l’endroit qu’il avait habité pendant des années.

Au bout d’une demi-heure, il parvint finalement à un entrepôt dans un des anciens quartiers industriels de la grande cité. Joshua ne connaissait rien à Paris, il n’avait même jamais su quel était le nom du quartier où il se trouvait et où il avait habité : Claire s’était longtemps occupée de ça, et il ne faisait que recopier ce qu’elle avait fait auparavant depuis son départ. Il n’était pas vraiment du genre à s’inquiéter pour des détails comme ça et il s’en fichait, à vrai dire : ça n’était pas important de connaître Paris du moment qu’il savait quelles stations de métro lui étaient nécessaires pour aller chez lui et chercher ce dont il avait besoin. De plus, refusant toute visite chez lui, ça réglait le problème des indications aux amis.

Calmement, il marcha jusqu’à cet entrepôt qu’il avait observé tant d’années et sourit légèrement : il était heureux de revenir. Même si ça faisait toujours mal de penser que Claire n’était plus là et que c’était le temps passé par ici qui l’avait fait partir, il savait qu’il avait eu raison. Il n’était pas un homme de sentiment, au fond, plus un homme de science et d’aventure, et il était conscient que son existence serait solitaire. Les moments avec Claire avaient été bons et beaux, mais ils étaient passés…ses travaux, eux, étaient toujours là. Ils ne l’abandonneraient jamais.

Il se dirigea alors non pas vers l’entrée de l’entrepôt mais plutôt une cabine téléphonique qui se trouvait juste en face. Le quartier était pauvre et quasiment abandonné : quelques entreprises vivotaient encore, mais la désindustrialisation et la tertiarisation des activités avaient poussés bien des sociétés à délocaliser leurs complexes sous d’autres cieux, laissant là des dizaines de bâtiments inoccupés. La zone était comme une ville fantôme avec encore quelques spectres espérant revoir venir les beaux jours : c’était très triste de voir ces gens se tuer au travail pour ce fol espoir, mais personne n’y pouvait rien. Joshua croisait les doigts pour eux, mais il savait au fond comment ça se finirait.
Il entra tranquillement dans la cabine téléphonique, ferma la porte derrière lui avec habitude puis décrocha le combiné. Il soupira lourdement en se rappelant qu’il s’était juré de ne plus jamais faire ça après le départ de Claire, mais ça n’avait été que folie due à sa souffrance : il était sûr maintenant que ses travaux comptaient plus qu’elle, malheureusement. Elle l’avait quittée mais ça ne devait l’empêcher de continuer…ça aurait été stupide de s’arrêter alors qu’il n’avait plus aucun centre d’intérêt.

Joshua composa le numéro qu’il connaissait par cœur et sourit en entendant le déclic qu’il connaissait si bien. Les hologrammes apparurent sur chaque pan de la cabine téléphonique, où les éventuelles personnes à l’extérieur pouvaient voir le même homme parler, parler et encore parler au téléphone, avant que l’image ne disparaisse au bout de trois heures, le délai ayant sûrement énervé chaque personne observant la cabine ou attendant pour téléphoner. Il avait mis ce petit système en place pour cacher ce qu’il se passait vraiment à l’intérieur : juste en dessous de l’appareil apparaissait une petite trappe découvrant une échelle, coincée dans les ténèbres.

Il sourit en se rendant compte que tout fonctionnait encore, et il se mit calmement à descendre, tandis que la trappe se refermait doucement. Les lumières s’allumèrent dès qu’il passa le pied près du détecteur qu’il avait installé, et en deux minutes il parvint au bout de sa descente, dans son complexe, son antre, sa « Josh-cave », sa « grotte de la solitude » comme il l’avait appelé dans une conversation avec lui-même après avoir relu quelques comics. Ça faisait très geek, mais il s’en fichait : ça le faisait bien marrer.
En fait, il s’agissait d’un sous-sol aménagé par le propriétaire de l’entrepôt : relié à une porte dans le grand bâtiment menant à un grand couloir qui débouchait ici, cette grande salle avait été creusée dans le sol et possédait plusieurs petites plateformes. Il y en avait trois, en tout, et Joshua les utilisait toutes, en plus de l’espace le plus grand qui se trouvait en dessous de celles-ci.

Il avait acheté tout ça avec l’argent de ses prix aux jeux télévisés : petit génie qui avait eu son bac à treize ans et qui avait par la suite suivi quelques études tout en menant une carrière éclair à la télé, il s’était fait une solide réputation treize ans plus tôt avant de rapidement disparaître de la circulation. Il avait empoché beaucoup d’argent et l’avait fait fructifier en bourse et dans l’immobilier, se bâtissant ainsi une jolie fortune qu’il dilapida pour prendre possession de l’entrepôt et faire installer ce qu’il voulait ici. Ses parents étaient devenus fous quand ils avaient vus qu’à ses dix-huit ans il avait tout retiré de la banque, mais il s’en fichait : Joshua n’avait jamais su se faire comprendre d’eux, et il ne leur avait plus parlé depuis. Ils n’étaient pas méchants, ils ne pouvaient juste pas le comprendre et n’avaient fait que le brimer en refusant de lui faire sauter des classes à une époque ou des cadeaux plus utiles que des jouets.

Depuis, il avait créé cet endroit et s’y sentait bien. La première plateforme menait à la cabine téléphonique, et il pouvait passer à la seconde par un petit pont en fer ou bien descendre par une autre échelle. Cette deuxième plateforme contenait son lit, la cuisine, le frigo, la télévision et la salle de bains : ce n’était pas intime et très spartiate, mais ça lui convenait. Il n’avait pas besoin d’un luxe extraordinaire, il lui suffisait du minimum pour survivre.
Cette deuxième plateforme menait elle aussi à la troisième avec le même genre de petit pont, et ce dernier palier avant le sol contenait en fait son débarras, tout le matériel dont il ne se servait plus ou qui avait été rendu inutile par ses expériences.
Enfin, il y avait le gros de la salle, le sol en lui-même, où se trouvaient son énorme ordinateur et toutes ses expériences. Des fils étaient disposés partout sur le sol, des choses étranges vibraient et faisaient de la lumière dans divers endroits, un monstrueux ordinateur fixait celui qui arrivait et des petites unités étaient placées un peu partout dans la pièce : il y en avait pour des milliers d’euros ici, voir plus.

Joshua était un génie, un vrai génie qui pouvait rivaliser avec les meilleurs scientifiques de la planète, et il s’était concentré ces dernières années sur les terres parallèles et leur rapport avec le Temps. Il avait découvert depuis ses dix-sept ans que la théorie d’Einstein sur la relativité permettait de se rendre compte que le monde tel qu’on le connaissait n’était qu’une infime partie de l’univers, contenant lui-même des milliards d’autres réalités alternatives. Il avait été de suite fasciné par cela et s’était mis dans la tête de prouver sa théorie et de voyager entre les dimensions. Et il y était parvenu.

En fait, Joshua ne venait pas vraiment de ce monde : ce n’était pas lui qui avait acheté cet endroit et qui l’avait décoré. Il avait fait de même sur sa propre planète, mais il avait rencontré le Joshua d’ici deux ans plus tôt, quand il avait réussi à s’extirper de l’enfin qu’était devenue sa réalité. Sa Terre avait été gangrénée par des problèmes écologiques beaucoup plus rapides et destructeurs qu’ici, et surtout les solutions apportées par des surhumains sortis de l’inconnu avaient été pires que tout : l’hiver nucléaire était arrivé après une folie nord-coréenne et américaine, et depuis les gens mourraient à petit feu, rongés par le cancer.
Lui avait réussi à s’enfermer dans sa petite grotte mais savait qu’il n’y survivrait pas longtemps : les pillards s’étaient fait de plus en plus nombreux et il n’avait plus eu beaucoup de réserves de nourriture. Il avait donc sauté dans l’inconnu en traversant son vortex verdâtre qu’il avait réussi à créer en drainant toute l’énergie de la région et s’était retrouvé ici, en face de son « frère jumeau » plus surpris encore que lui.

Ils avaient passés plusieurs semaines à discuter, à échanger, à formuler des théories et à se raconter leurs vies. Globalement, les Joshua avaient vécus les mêmes expériences sauf que l’expatrié avait passé sa vie sur une planète déjà condamnée. Celle où il se trouvait maintenant était plus saine mais vu les dérives des gouvernants, ceci ne durerait plus très longtemps. Ils avaient ambitionnés ensemble de transformer le monde en lui donnant les moyens de survivre et en faisant publiques leurs découvertes, et ces moments passés avec lui-même avaient été merveilleux. Pour une des premières fois de sa vie, Joshua avait été heureux et complet, parlant avec quelqu’un de son niveau qui le comprenait parfaitement. Ils avaient commencés de grandes choses ensemble, mais malheureusement tout s’arrêta le jour où le Joshua de ce monde voulut lui aussi faire un grand saut.

Malgré ses critiques appuyées, malgré ses avis sur le fait qu’il ne trouverait peut-être pas un autre Joshua aussi avancé qu’eux et malgré ses tentatives pour l’arrêter, l’expatrié ne parvint pas à lui faire changer d’avis : il avait l’impression que le Joshua local était jaloux de n’avoir pu tenter la même expérience que lui, et qu’il ne comprenait pas le danger qui accompagnait de telles tentatives. L’expatrié avait pu drainer toute l’énergie d’une région entière, se fichant de ceux qui en avaient besoin car ils étaient déjà presque morts à cause des ravages atomiques : le local ne pouvait avoir accès à de telles ressources sur sa planète encore sauve.
Il avait tenté de palier cela par l’obtention de toute l’électricité de Paris, mais ça ne pouvait suffire : il s’était arrêté à un certain minimum pour que les hôpitaux ne soient pas démunis et qu’on ne puisse pas remonter sa trace, mais malheureusement ça avait été trop peu. L’expatrié s’était jeté sur lui pour l’arrêter mais le local l’avait frappé et avait crié de joie en pénétrant dans le vortex. Malheureusement, celui-ci s’était refermé deux secondes après, empêchant toute arrivée réelle dans un autre monde : son « frère jumeau » avait été rayé de l’existence entre deux pans de l’univers, et il avait été incapable de le sauver.

Joshua était resté deux jours entiers à fixer le cercle entourant normalement le vortex quand celui-ci apparaissait, cercle relié à l’ordinateur central qui était si gros qu’il prenait tout le mur de la grotte. Il était triste, déçu et vidé : tous les projets qu’ils avaient montés ensemble, toutes les idées folles qu’ils avaient eues avaient disparus quand son « frère » avait décidé de tenter lui-même le saut. Il avait été bête et stupide, mais il pouvait le combattre : il savait qu’il aurait fait la même chose à sa place, et il aurait dû le voir venir.

Comment un scientifique comme lui n’aurait pas été jaloux de quelqu’un qui avait fait une telle expérience ? Comment avait-il pu tenir si longtemps avant de craquer ?

Joshua avait été triste mais avait su qu’il fallait continuer : si ça n’était pas lui, au moins devait-il prolonger la voie de son « frère » dans ce monde, lui rendre honneur en prenant sa place. Il s’était donc lancé et avait prit l’existence de celui qui l’avait impressionné, et il était depuis devenu le Joshua Ambrose de ce monde. Rien n’avait été différent de sa propre réalité, sauf qu’il avait dû s’occuper de Claire, la véritable petite-amie du Joshua local : il avait été surpris de voir que lui était parvenu à la rendre amoureuse que lui, alors que lui l’expatrié avait entièrement loupé leur premier rendez-vous, ayant choisi une ballade romantique qui finit en douche froide – au propre comme au figuré.
Seulement, dans ce monde, la météo n’était pas autant détraquée que dans le sien depuis ravagé, et il s’était rendu compte qu’ici, la ballade avait été superbe et tout s’était bien passé. Joshua avait alors eu l’occasion de poursuivre ses recherches et d’avoir l’amour, et il avait passé des moments merveilleux avec Claire. Malheureusement, il n’avait pas été à la hauteur et tout était terminé. Il n’avait pu s’empêcher de se dire qu’il violait la mémoire de son « frère ».

Depuis le départ de Claire, Joshua n’arrêtait pas de penser au fait qu’elle avait été extrêmement heureuse avec le local mais qu’elle avait été si mal avec lui qu’elle l’avait quittée. Il ne pouvait s’empêcher de voir qu’il n’avait pas été assez attentionné, assez gentil avec elle et que son « frère » avait été un bien meilleur homme que lui. Quand il s’en était rendu compte lorsque Claire l’avait quittée, il avait juré d’arrêter ses expériences et de vivre une existence exemplaire, loin de toute cette folie qui l’avait conduit à perdre ce qui avait compté le plus pour le Joshua local. Seulement, il s’était trompé.

Le local avait eu les mêmes sentiments que les siens : ses recherches étaient toujours passées avant Claire. Celle-ci ne l’avait jamais acceptée mais elle avait songée que ça s’arrangerait avec le temps, et malheureusement sa limite avait été atteinte avec lui. Il avait passé des nuits entières sans dormir à se dire qu’il était responsable d’une horreur de plus, lui qui se sentait déjà coupable d’avoir abandonné un monde détruit et d’avoir précipité la mort d’autres personnes innocentes mais déjà perdues, avant de se rendre compte que ça ne servait à rien.
Le Joshua local était mort en voulant pousser la science à son maximum, comme lui : la seule façon de lui rendre honneur et de faire amende honorable n’était pas de bien se comporter en société et d’abandonner ses travaux, mais plutôt de les perfectionner et de rendre le monde meilleur. Même si c’était difficile, il se devait de sortir de là pour arranger les choses et travailler dessus. C’était exactement ce qu’il avait fait, seul dans sa chambre d’hôtel sur des papiers qu’il avait tous dans sa veste.

Et maintenant, il se trouvait là, dans son antre, avec ces calculs enfin aboutis, fruits d’insomnies et de fatigue intense ces derniers jours, mais il y était parvenu. Il avait compris comment faire pour avoir plus d’énergie et permettre de revenir lors d’un voyage, point qu’ils avaient abordés sans jamais réussir à y trouver une solution. Joshua n’y avait jamais pensé quand il avait construit sa propre machine car il n’avait jamais eu aucune envie de revenir chez lui : il avait su que c’était une pensée terriblement égoïste de fuir seul et il s’en voulait encore, mais il n’avait plus rien qui le retenait chez lui. Ses parents étaient morts ou devaient être condamnés, et toute la planète elle-même était gangrénée par un cancer atomique. Son monde était mort ou en instance de l’être, et il l’avait fui comme la peste.

Néanmoins, celui sur lequel il se trouvait actuellement était différent et le Joshua local n’avait jamais eu, avant sa pulsion destructrice, l’envie de partir sans revenir : ils avaient donc songés à des possibilités, mais jamais cela n’avait donné grand-chose. Jusqu’à aujourd’hui.

Lui avait trouvé la solution, lui avait su quoi faire ; lors d’une nuit sans lune, il avait fini une bouteille de martini à lui tout seul et la réponse s’était imposée à lui : il fallait laisser un signal de ce côté du vortex, lié à un mécanisme qu’il tiendrait de l’autre côté. Ce signal devrait être dormant, simple et basique, mais quand il le déciderait, il faudrait que ce signal devienne actif et fasse fonctionner le vortex de ce côté : ainsi, il pourrait repartir comme il le voudrait.
Evidemment, il y avait là des inconnues : est-ce qu’il pourrait passer dans le vortex alors qu’il s’ouvrait dans ce monde ? Est-ce que le signal ne disparaîtrait pas dès qu’il serait autre part ? Est-ce qu’il ne serait pas arrêté par le contexte du monde où il arriverait ?

Toutes ces questions étaient bien trop importantes pour être laissées de côté, et Joshua n’était pas un homme à faire les choses à la légère. Il savait que personne ne trouverait ses découvertes et celle de son « frère jumeau » si il mourrait, car aucun être humain ne semblait capable de percer leurs défenses : ils avaient créés des interfaces infernales et des pièges tordus pour quiconque tenterait de venir ici. Ils avaient été sûrement paranoïaques, mais ça avait été une des premières choses qu’ils avaient accomplis à deux, sachant très bien que le gouvernement, même français, prendrait un malin plaisir à étudier l’expatrié, un homme venu d’un autre monde. Après tout, les Etats-Unis encadraient bien ceux qui se disaient surhumains par des lois bientôt tyranniques et la France elle-même semblait s’y mettre…l’âge du merveilleux semblait disparaître pour quelque chose de plus sombre, et Joshua était décidé à empêcher cela en rendant publiques ses découvertes pour montrer au monde la beauté de l’univers.

Au fond, il avait encore une âme d’enfant et était naïf : c’était pour ça que la cabine téléphonique était son entrée principale, c’était pour ça que lui et le local s’étaient amusés à trouver des surnoms à la grotte. Néanmoins, il devait maintenant être sérieux et deux semaines entières de tests débuta alors : il construisit le signal, le relia à l’ordinateur et envoya une sonde dans un autre monde, avec un minuteur pour enclencher le signal à un moment donné.
Presque par miracle, tout se passa bien : la sonde parvint à bon port, elle attendit deux heures puis activa le signal et revint tranquillement. Tout était parfait et il aurait pu directement se lancer dans l’aventure, mais il préféra faire encore deux tentatives, elles aussi concluantes, pour envisager cela.

En fait, Joshua était devenu prudent depuis la disparition de son « frère » local : celui-ci avait fait preuve de stupidité en se lançant ainsi, et il savait qu’il en était lui aussi capable. Il se concentrait donc au maximum pour éviter cela et passait beaucoup de temps à vérifier ses calculs et ses créations pour être sûr que tout irait bien : il n’avait aucune envie de parvenir au même résultat que son « frère ».

Finalement, après tout ce temps passé reclus ici à manger le minimum et à dormir encore moins, Joshua était prêt. Il avait mit l’émetteur du signal dans une bague, celle que le local avait donné à Claire pour l’anniversaire de leurs deux ans : elle le lui avait envoyée en pleine face le soir de son départ, mais il l’avait gardée précieusement. Cela représentait ses erreurs, sa culpabilité et sa honte, mais aussi sa motivation pour continuer et suivre la voie de son prédécesseur. Il savait que celui-ci aimait la jeune femme mais qu’il aurait été fier de lui en le voyant continuer leurs efforts communs.
Il n’avait qu’à appuyer sur le petit diamant de la bague, qui n’en était plus vraiment un depuis qu’il avait miniaturisé les circuits pour les placer dedans, pour que ça fonctionne. En plus d’être génial, Joshua avait aussi un don pour simplifier les choses et ça l’avait encore aidé. Il avait passé quatre jours entiers à faire cela, mais ça en avait valu la peine : cette bague était un symbole et il avait besoin de ça.

Lentement, Joshua soupira et se regarda dans le miroir : habillé simplement d’un jeans et d’un t-shirt bleu, rasé de près, portant un sac avec vivres, vêtements de rechange, trousse de secours, un couteau, une arme à feu et un kit de survie, il était prêt. Il savait qu’il risquait gros en tentant à nouveau ce saut dans l’inconnu, mais il était sûr que ça en valait la peine : sa vie avait été façonnée par cette quête, et il se devait au local de poursuivre leur but commun et d’y parvenir. Le monde avait besoin d’eux, de leurs découvertes pour qu’il comprenne dans quelle mauvaise voie il allait. Et lui-même devait se faire pardonner ses fautes.

Il sourit et activa le vortex : l’énorme cercle verdâtre prit place dans son pendant mécanique et Joshua n’hésita pas avant d’entrer là-dedans. Il sauta dans ce vortex tandis que toute l’énergie était drainée de Paris toute entière, mais aussi de Lyon, Strasbourg, Marseille et une dizaine d’autres villes. Joshua n’avait pas hésité à voler toute l’électricité d’EDF de ces villes mais à des degrés moins violents que lors de sa précédente tentative : plusieurs quartiers en seraient privés, mais pas tous. Comme son « frère », il avait eu peur de tuer des gens ou d’être trop brutal, mais il avait eu l’intelligence de prendre cette puissance à plusieurs villes, pas une seule : ainsi, il y en aurait assez et tout devrait bien fonctionner.

Il avait aussi contacté des hackers qu’il connaissait pour qu’ils lui montent des protections absolues contre les tentatives du gouvernement de savoir ce qu’il s’était passé : pour énerver Sarkozy et sa bande, ses « amis » avaient acceptés de faire ça, avec évidemment un supplément en argent. Normalement, tout devrait bien se passer, se disait-il alors qu’il voyageait dans le vortex.

Passer là-dedans était une expérience troublante : les mots ne pouvaient suffire à décrire ce moyen de « voyage » dans l’univers. Malgré tout son génie, Joshua n’était jamais parvenu à expliquer à son « frère » comment cela était réellement, quelles merveilles étaient apparues devant lui avant de disparaître une seconde plus tard. En passant ici, on était transporté entre les mondes, entre les vies, comme un nageur qui se laissait dériver sur l’eau et sentait les poissons et autres créatures sous-marines glisser contre lui, inconscient de sa présence. L’univers semblait être comme un gigantesque océan, peuplé de formes de vies différentes mais presque semblables, d’aspects divers mais cousins, aux réactions multiples mais dictées toujours par des éléments communs. Le vortex donnait la possibilité d’entrer dans tout cela, d’avoir une vue sur chaque monde, sur chaque destinée, sur chaque vie et chaque mort, et c’était à la fois beau et terrifiant.
Encore une fois, Joshua se voyait créer, naître, grandir, vivre et mourir, et pas une fois mais un milliard de fois, puis deux milliards, puis plus qu’il ne pouvait le compter. Il était conscient que rester ici le rendrait fou mais comme avant, comme la dernière fois il était curieux, avide d’apprendre, affamé de connaissances qu’il savait à porter de main. Il n’avait qu’à ouvrir ses doigts pour parvenir à ces endroits merveilleux où il était nazi, femme, dictateur, handicapé ou mort, et sa seule envie était de savoir et de comprendre comment ces Joshua avaient pu devenir ainsi. Malheureusement, tout cela s’arrêta quand le vortex prit fin et qu’il arriva à destination.

Comme la première fois, Joshua fut d’abord troublé, incapable de bouger le moindre muscle à cause du changement d’univers : c’était normal, tout son corps était habitué à une version de la Terre et celle-ci changeait. Il vomit brutalement et tomba au sol après cela, n’arrivant plus à joindre ses jambes. Il resta ainsi de longues minutes, avant de finalement se relever doucement et enlever son nez de ses déjections. Il s’essuya celui-ci avec sa manche et grimaça de dégoût, avant de s’asseoir tout doucement : son corps lui faisait mal, ses sens étaient rendus inefficaces, ses muscles refusaient de bouger comme il le voulait mais il était encore vivant. Ça voulait donc dire qu’il était en vie et que son « frère » avait aussi eu un petit local à lui, sinon il se serait retrouvé dans la pierre ou au-dessus, par chance. C’était encourageant.

D’ailleurs, Joshua ne tarda pas à rencontrer le local qui était apparemment plus stupéfait que lui. Assit sur une chaise en face d’un énorme missile, la tête d’un homme chauve sur une télévision derrière lui et qui semblait tout aussi surpris que lui, il n’avait pas l’air du scientifique sympathique que lui était : les cheveux très courts, trop courts pour l’expatrié, les bras recouverts de tatouage, il semblait différent, et c’était sans parler des dizaines d’armes qui se trouvaient dans son local.
Apparemment, ce Joshua-là était plus porté sur la guerre que sur les voyages dans les terres parallèles. L’expatrié jeta rapidement un coup d’œil derrière lui et se rendit compte qu’il n’y avait aucun cercle pour le vortex, aucun ordinateur pour les recherches sur ses voyages : il avait bien fait de songer au signal pour rentrer.

« Qui est-ce, Joshua ?
- Je…je ne sais pas… »

Le Joshua qui venait d’arriver se leva calmement et s’approcha. Le local sortit immédiatement une arme à feu et le visa, alors que l’homme derrière lui s’était détendu mais le regardait d’un air sévère.

« Ne bouge pas !
- Ne t’en fais pas, je ne viens pas en ennemi : je suis toi.
- Tu es quoi ?
- Je suis toi, je suis Joshua Ambrose. Je viens juste d’une réalité alternative.
- Quoi ?
- Je te ressemble, non ?
- Pas trop, et pourquoi tu me demandes ça ?
- Ecoute, tu as une marque sur les fesses : elle est rose avec un point noir dessus. Elle est juste à l’entrée de ton anus et personne ne l’a jamais vue, sauf toi : tu as pris des photos de chacune des parties de ton corps à sept ans par curiosité. Tu as toujours eu un peu peur de cette tâche étrange et tu n’en a parlé à personne.
- Co…comment tu sais ça ?!
- Je suis toi, je te l’ai dis. T’es-tu jamais demandé si la théorie d’Einstein sur la relativité permettait d’aller sur des mondes parallèles ?
- Je…mais…mais qu’est-ce que ça a à voir avec toi ? Pourquoi je te descendrai pas maintenant, hein ? T’en sais trop sur moi !
- Hou, ce monde a l’air bien agressif…
- Te fous pas de moi !
- Calmes-toi. Est-ce que tu t’es déjà demandé ce que j’ai dis ? Honnêtement ? Rappelle t’en, ce n’est pas si vieux.
- Ouais…y a un bon moment, mais j’ai arrêté quand papa et maman sont morts et que j’ai dû créer des armes pour gagner ma croute dans ce monde. Pourquoi ?
- Einstein avait raison : sur ma Terre, mes parents ne sont pas morts et je suis allé au bout de cette théorie.
- Comment ça ?
- Ça fonctionne : j’ai réussi à passer entre les mondes.
- Tu dis n’importe quoi, c’est impossible.
- Réfléchis : la théorie n’était pas complexe, il a fallu que je l’affine et que je créé un vortex entre les réalités pour choisir celle où je voulais aller, ça n’a rien de bien compliqué.
- Hum. »

Le local resta silencieux quelques secondes, réfléchissant à ce qu’il entendait.

« C’est pas con, mais il faudrait énormément d’énergie…
- J’ai pris celle des plus grandes villes de France.
- Comment t’as fait avec le Ministère qui vérifie toutes les connexions Internet ?
- Quoi ?
- Y a pas ça, chez toi ?
- Non…pas du tout. Qu’est-ce qu’il y a, ici ?
- Joshua, est-ce que voyager comme il le dit est possible ? »

L’homme de la télévision avait parlé d’une voix froide et dure. Le local avait apparemment oublié sa présence et lança un regard terrifié à l’expatrié avant de se tourner vers ce qui semblait être son chef. Cet homme puait le mal, Joshua en était persuadé. Qu’est-ce que son « frère » faisait avec un type comme lui ?

« Théoriquement…oui. Ça me semble difficile, mais ce qu’il dit n’est pas faux. Il faudrait que je vérifie, mais c’est possible…je ne suis pas occupé de ça depuis longtemps, faut dire…
- D’accord. Donc il a sûrement raison ?
- Vu comment il est arrivé et ce qu’il dit…et notre…correspondance physique presque parfaite…oui.
- Bien. Enchanté de vous rencontrer, Joshua. Et bienvenue chez nous. Est-ce que ça vous dirait de travailler avec nous le temps que nous vous ramenions chez vous ?
- Comment ça ?
- Je suppose que vous êtes perdu et que vous voulez rentrer chez vous. Joshua vous aidera, mais en échange vous pourrez nous faire profiter de vos découvertes et de celles de votre monde, non ? »

L’homme ne perdait pas de temps et l’expatrié s’en méfia encore plus : cet homme était intéressé et ne lui plaisait pas. Néanmoins, ne connaissant rien à cette planète et voulant encore observer, il acquiesça calmement. Mieux valait leur cacher la bague pour l’instant.

« Oui. Je vous aiderai pour rentrer chez moi.
- Très bien ! Bienvenue parmi nous, Joshua. Je me présente : Lex Luthor. Je suis un homme important dans mon pays, les Etats-Unis, et je suis sûr que tout cela est le début de découvertes passionnantes et d’amitiés merveilleuses. »

L’homme sourit mais l’expatrié savait qu’il était mauvais, et il ferait tout pour sortir son « frère » de l’enfer dans lequel il s’était mis. Il avait sacrifié des gens, perdu son autre « frère » et perdu Claire, mais il ne perdrait pas celui-ci. C’était sa mission pour expier ses fautes, il le savait maintenant, et il la mènerait à bien : son salut en dépendait.
Réponse avec citation
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Vieux 17/07/2008, 00h39
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Le Noir et les pavés

Bon à part un point de détail que je développe assez longuement plus bas (mais ça reste un détail) - j'ai assez aimé ce texte. Pas adoré, mais aimé. Je trouve ça bien de prendre le temps d'établir le récit, de placer la psychologie du personnage tout ça. Ca prend du temps et je dois avouer que je pèche de ce coté là. Je ne suis pas aussi patient que toi ^^ La tournure que prennent les événements est bien gérée, et Han est assez bon en hôte étrange.
Mais je le trouve encore un peu trop effacé par rapport à héros. Je trouve que tu ne développes pas assez leur relation. Non pas que tu n'uses pas assez des mots et des adjectifs pour cela, mais il n'y a, à mon goût, pas assez de faits. Pas assez d'anecdotes. Que leur arrive-t-ils à tous les deux ? Quels événements vont faire au fil des jours qu'ils s'entendent de mieux en mieux ? Qu'est-ce qui les lie sinon leur respect mutuel ?
Je me suis posé ces questions lorsque j'ai lu la dernière phrase de ton texte. J'ai eu l'impression face à cette phrase de conclusion qu'elle était étrange. Un peu comme goûter un gâteau à la fraise et me rendre compte qu'il avait un goût de chocolat. En clair, en la lisant je me suis dit qu'au fond je ne le connaissais plus que ça ce Han.
Est-ce que ce trait d'ironie sied bien à sa personnalité ? Je ne sais pas... peut-être du coup, parce que tu as été trop avare sur lui, sur sa relation avec Mike, que tu n'en rajoutes pas des masses dans ce qui aurait fait que Han serait devenu plus qu'une autre pièce dans ton puzzle narratif, faisant de lui un personnage aussi important que Mike en somme.
Bref, pour conclure, un chouette texte, bien ficellé. Mais peut-être trop tourné vers la chute, malgré un sacré travaille sur le background.



Joshua Ambrose

Eh bien... ça sent la suite (^^ fois 1000 !!) Et je sens que je vais adoré ça ! C'est bien écrit, la psychologie du perso est béton. Y'a juste qu'on s'y perd des fois entre les deux Joshua, quand l'expatrié parle de son "frère", quand ils étaient ensemble tous les deux, toussa - mais c'est un exercice difficile de toute façon.
Sinon j'adore la suite ! Clairement !
Et heu... dommage que tu parles de super-héros dans le monde où se déroule 90% du récit. Paske ça aurait créer encore plus de surprises à la fin du texte si tout le long l'action se déroulait dans un monde proche du notre sans super-héros.
Mais sinon, ce texte est coooooool !!!
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- Bon, fallait s'y attendre, je comprends rien à cette BD ; je ne sais même pas comment la lire ; et en plus c'est écrit très petit et la police est moche :-(
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  #113  
Vieux 17/07/2008, 14h28
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Comme promis mes tites critiques :

Le Noir et les pavés

Bon à part un point de détail que je développe assez longuement plus bas (mais ça reste un détail) - j'ai assez aimé ce texte. Pas adoré, mais aimé. Je trouve ça bien de prendre le temps d'établir le récit, de placer la psychologie du personnage tout ça. Ca prend du temps et je dois avouer que je pèche de ce coté là. Je ne suis pas aussi patient que toi ^^ La tournure que prennent les événements est bien gérée, et Han est assez bon en hôte étrange.
Mais je le trouve encore un peu trop effacé par rapport à héros. Je trouve que tu ne développes pas assez leur relation. Non pas que tu n'uses pas assez des mots et des adjectifs pour cela, mais il n'y a, à mon goût, pas assez de faits. Pas assez d'anecdotes. Que leur arrive-t-ils à tous les deux ? Quels événements vont faire au fil des jours qu'ils s'entendent de mieux en mieux ? Qu'est-ce qui les lie sinon leur respect mutuel ?
Je me suis posé ces questions lorsque j'ai lu la dernière phrase de ton texte. J'ai eu l'impression face à cette phrase de conclusion qu'elle était étrange. Un peu comme goûter un gâteau à la fraise et me rendre compte qu'il avait un goût de chocolat. En clair, en la lisant je me suis dit qu'au fond je ne le connaissais plus que ça ce Han.
Est-ce que ce trait d'ironie sied bien à sa personnalité ? Je ne sais pas... peut-être du coup, parce que tu as été trop avare sur lui, sur sa relation avec Mike, que tu n'en rajoutes pas des masses dans ce qui aurait fait que Han serait devenu plus qu'une autre pièce dans ton puzzle narratif, faisant de lui un personnage aussi important que Mike en somme.
Bref, pour conclure, un chouette texte, bien ficellé. Mais peut-être trop tourné vers la chute, malgré un sacré travaille sur le background.
Merci beaucoup. En fait, je ne savais pas si je devais plus présenter la relation Han/Mike et plus montrer le premier ou non. J'avais le cul coincé entre deux chaises si on veut, parce que je voulais éveiller l'intérêt du lecteur sur ce personnage mais me concentrer sur Mike, qui est le moteur du récit. J'aurais peut-être dû plus parler de leur relation mais je voulais centrer Mike sur sa vengeance et ses souffrances, et ainsi démontrer que le reste n'était qu'accessoire. De plus, je veux aussi garder du mystère sur l'identité, les buts et les "pouvoirs" de Han...donc pas facile de trancher.
J'ai envie d'écrire encore sur ce petit personnage, donc je tenterai une nouvelle approche. Tu penses que je devrais plus l'inclure dans les récits ?



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Joshua Ambrose

Eh bien... ça sent la suite (^^ fois 1000 !!) Et je sens que je vais adoré ça ! C'est bien écrit, la psychologie du perso est béton. Y'a juste qu'on s'y perd des fois entre les deux Joshua, quand l'expatrié parle de son "frère", quand ils étaient ensemble tous les deux, toussa - mais c'est un exercice difficile de toute façon.
Sinon j'adore la suite ! Clairement !
Et heu... dommage que tu parles de super-héros dans le monde où se déroule 90% du récit. Paske ça aurait créer encore plus de surprises à la fin du texte si tout le long l'action se déroulait dans un monde proche du notre sans super-héros.
Mais sinon, ce texte est coooooool !!!
Ouais, j'ai hésité à mettre des surhumains mais je laisse le mystère sur la temporalité et ce que sont vraiment ces êtres : ça laisse une porte de sortie et surtout explique vaguement comment une telle technologie pouvait exister, même si Joshua est un génie. Pour les deux Josh', c'était une galère sans nom pour s'y retrouver et j'avais trouvé que l'idée de parler du "local" et de "l'exaptrié" était plus simple. T'aurais dû voir le brouillon, c'était monstrueux.
Merci encore d'avoir lu !
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  #114  
Vieux 15/08/2008, 18h43
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Rien d'autres à me faire lire ?? Je suis de retour
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  #115  
Vieux 15/08/2008, 22h17
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Je bosse, j'ai un forum de trucs du genre et j'ai un roman à écrire. Ah, et j'ai une copine à satisfaire. Tu veux vraiment t'attirer ses foudres ?
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  #116  
Vieux 16/08/2008, 10h22
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Si ses foudres t'inspirent de nouveaux textes-- ouaip
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  #117  
Vieux 17/08/2008, 13h06
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T'aimes plus la vie, c'est ça ?
Sans déconner, dès fin de semaine je devrais revenir : le boulot sera enfin terminé. Je tenterai peut-être même quelque chose sur le métier d'hôte de caisse, qui sait.
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  #118  
Vieux 18/08/2008, 10h52
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OOOOOOh !! Avec des zombies ?
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  #119  
Vieux 18/08/2008, 11h59
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Pire : des Allemands et des vieux.
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  #120  
Vieux 18/08/2008, 12h02
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Allemandes + vieux + hôte de caisse-- je sens que je vais apprécier
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