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Vieux 31/03/2009, 14h59
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Le défi de mars/avril : The Last Tour

Allez, j'ouvre le bal de "La dernière tournée des artistes".

En espérant que mon historiette vous plaise.



[quote]
[FONT=Times New Roman][SIZE=3][B]
Nos amours, ses adieux, mes emmerdes

[/B][/SIZE][/FONT][FONT=Times New Roman][SIZE=3]— Tu me la remets, Baptiste ?
— Ah ! quand tu dis adieu, toi, tu ne fais pas semblant!
-— Quoi ? Trente quatre ans et sept mois de carrière, merde, ça s’enterre en beauté, non ?! En majesté même ! Le doigt sur la couture, la mise en bière sans faux-col et le shot de St James dégainé d’un seul coup, pan, dans la luette! Et puis merde ! quatorze ans que je n’avais pas refoutu les pieds dans le coin. Tu ne vas pas me les casser, si? Allez, tu reprends quelque chose, témoin de mes derniers instants?
— J’ai pas fini mon verre, merci. C’était comment ce soir ? Émouvant?
— Penses-tu ! Ces bœufs sont rentrés chez eux persuadés que ce n’était qu’un au revoir. Des adieux pour de faux. La dernière tournée avant la prochaine. Ils m’ont pris pour les compagnons de la chanson à moi tout seul, quoi, ces cons !
— C’est pas sympa pour tes fans.
— Mes fans, je les conchie. Mes fans ? Qui c’est d’abord mes fans ? J’en sais rien. Et à cet heure et à ce moment de ma vie, je vais te dire Baptiste, je m’en fous de mourir idiot...

D’un geste frêle, le chanteur désolidarise soudain son coude du zinc brossé. Sa manche est poisseuse et sent la bière. Il l’essore de sa main droite et les gouttes dégoulinent sur sa chemise blanche. Campé fermement sur ses deux pieds, il respire un bon coup et bruyamment. Puis, rassuré d’avoir endigué la nausée qui grondait au bord de ses tripes, il se dirige vers le juke-box. Sur son chemin, il renverse deux chaises qu’il ne prend pas la peine de ramasser. Un guéridon manque y passer aussi, il le rattrape de justesse. Il glisse une pièce dans la fente, hésite entre le 53B et le 17C, pianote finalement le code 53B.
La musique résonne d’un coup dans le bar. Les premières mesures de violon rebondissent contre le rideau de fer clos -il est alors trois heures du matin passé et la police veille au grain-, les notes acérées tournent un peu dans l’air avant de se ficher comme des flèches dans la tête des clients. En plus du chanteur, on dénombre trois oiseaux de nuits échoués au « Sole Mio ». Deux hommes et une femme, assis à des tables séparées, tous des habitués de longue date, perdus dans un dernier verre qui n’en finit pas. Seulement, dans leurs têtes, la rengaine magique vient d’allumer tout un tas de petites lumières mémorielles qui les libèrent de ce lieu et de cette nuit. Les trois esquissent un léger sourire. Et cela donne une allure plus sereine à leurs yeux restés dans le vague. Mesure après mesure, ils se laissent couler dans les sédiments de leur nostalgie.
Encore une décharge de pizzicato et le violon s’éteint doucement pour permettre à l’intro de laisser entrer dans sa ronde la voix grave et chaude. [I]"A tu et à toi, tu ne voulais que ça. Rendre accro à tes charmes une belle âme solit[/I]…" Troisième album studio. Piste n°7, « Sentiments Sans Toi ». 18 semaines en tête des hits. LE tube du chanteur. Celui par lequel tout a vraiment commencé. Des paroles immortelles greffées sur une mélodie céleste. Le chanteur se retourne vers les trois inconnus à l’autre bout de la salle, son dernier public.

- Gilbert Mathisse, 44 ans. C’était un soir de mai. Il avait quinze ans et demi et depuis quelques jours, il débutait comme apprenti chez Loriot&Fils. De l’établi, il avait une vue directe sur la chambre de Jeanne Coutaze. Il ne pouvait pas s’empêcher de regarder cette fille lumineuse virevolter au son de ce 45 tours qu’elle n’arrêtait pas de faire tourner encore et encore sur son Teppaz. Ce soir de mai, il faisait beau, elle avait ouvert la fenêtre et elle l’avait surpris en train de la regarder. C’est comme ça que tout avait commencé…

- Mathieu Desjambes, 29 ans. C’était un dimanche au bord de la rivière, alors qu’ils pêchaient tous les deux, son père et lui. Son père adorait cette chanson. Il la chantait tout le temps. Ce dimanche, Mathieu s’était enhardi à l’entonner avec lui. C’était la première fois qu’il faisait ça et il n’était pas certain que sa brute de paternel ne lui en retourne pas une pour avoir osé un tel sacrilège. Mais non, et Mathieu avait même cru percevoir de la fierté dans son regard. Ils l’avaient chanté ensemble une autre fois encore sur la route du retour avec l’original dans le radio-K7 cette fois. Ça avait été une journée incroyable…

- Fabienne Girard-Morie, 46 ans. Ce n’était pas tout à fait la première fois qu’elle couchait avec un inconnu mais c’était le premier qui avait autant de charme. Une belle gueule qu’elle avait prise pour celle d’un acteur au début. Elle prenait un café avec ses copines. Ça parlait de mecs et surtout du bac, c’était pour l’année prochaine. Elle avait bien vu l’homme au comptoir qui ne cessait de la dévisager. Après le départ de ses copines, elle était restée. Il était venu s’installer à sa table.
Il était chanteur, pas encore très connu, et il ne pouvait pas se permettre de s’attacher,[I] tu comprends[/I]…Elle avait rabattu le drap sur ses seins et elle lui avait lancé, une boule dans la gorge : [I]Tu aurais pu rester. Je t’aurais rendu accro à mes charmes, à tu et à toi, belle âme solitaire…[/I] Elle avait dit ça d’un trait, c’était sorti tout seul, éclos du romanesque de l’instant. L’homme l’avait regardé, il avait souri, répété à lèvres muettes les derniers mots de Fabienne comme s’il dégustait un bon vin. Il l’avait fait deux ou trois fois avec un air pénétré. Fabienne l’avait regardé faire. Tu n’es déjà plus là, avait-elle alors pensé. L’homme avait fini de s’habiller. Il avait l’air heureux. Sa guitare sur l’épaule, il s’était penché vers la jeune femme et l’avait embrassée sur la bouche, un vrai long baiser et elle avait fermé les yeux…

Fabienne sort de sa rêverie alors que la chanson lance ses ultimes plaintes ensorcelées. Elle fait signe à Baptiste. Elle dépose son argent sur le comptoir, beaucoup de petites pièces. Dans le miroir derrière le zinc, elle voit une femme d’une quarantaine d’années, qui en fait dix de plus. Tandis que Baptiste fait le tour du zinc pour lever le rideau, Fabienne range sa monnaie. Elle se sent saoule et fragile. Elle n’enfile qu’un seul de ses gants de cuir, ajuste son chapeau sur sa tête. Elle s’écarte du bar et se dirige vers la sortie, concentrée sur une démarche qu’elle veut la plus digne possible. Au moment où elle passe à côté du jukebox, la main nue de Fabienne se tend et vient effleurer la joue hirsute du chanteur. La caresse ne dure qu’une fraction de secondes, mais elle lui semble infinie. L’homme n’a pas le temps de réagir que Fabienne s’est déjà faufilée sous l’accordéon de fer. Le bruit de ses talons claquant à pas rapides sur le bitume est vite étouffé par le fracas du rideau qui retombe.


[/SIZE][/FONT] [/quote]
 

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défi, plume


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