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Eddy Vanleffe 13/10/2016 13h30

Pour le plaisir...de critiquer
 
1 pièce(s) jointe(s)
Je vais inaugurer une nouvelle rubrique avec des critiques comics totalement déconnectée de toute actualité. Parfois ancienne, parfois neuve. Parfois VO, parfois VF.
Je vais commencer par une histoire qui m’interpelle depuis longtemps et que j’ai relue pour l’occasion pour toutes les questions qu’elle soulève.


SPOILER BLAST


SPIDER-MAN : PAST SINS

Pourquoi cette histoire a-t-elle laissé une marque aussi négative dans les esprits ? La retcon de trop ? Pourquoi Gwen Stacy elle-elle malgré son statut de personnage secondaire à ce point intouchable ? La mémoire (d’une personne fictive) qu’il ne fait pas salir.
Pourtant cet arc est loin d’être torché à la va vite. Non John Michael Straczynski a potassé son sujet. Il a relu le run de Gerry Conway, cale son intrigue parfaitement dans les blancs et redonne un éclairage différents aux situations en allant jusqu’à reprendre les dialogues exactes d’origines. C’est bien fait, redoutable et diabolique. C’est même l’un des trucs fait après coups les plus étudiés que j’ai lu. Le problème, c’est le sujet et sa façon d’être mis en lumière.
Peter vient de renouer avec son épouse Mary-Jane, n’a plus de secret pour sa tante et coulent enfin des jours heureux. Jusqu’à ce qu’une lettre viennent faire voler en éclat ce bonheur finalement fragile. Cette lettre, c’est celle que Gwen avant sa mort à renoncer à envoyer. Elle lui avoue avoir un terrible secret qui changera leur relation à jamais…Une ennemi mystérieux donc veut remuer le passé non pas de Spider-Man mais bien Peter Parker. Une personne qui lui en veut pour la mort de Gwen. Le scénariste distille les indices de manière d’abord banal mais entretient d’une manière quasi sadique la tension malsaine qu’on sent poindre en vue de la révélation finale. La souffrance de Peter est palpable et les cicatrices explosent comme des sutures de la veille. Tout lui pète à la gueule. La trahison d’aborde de son amour virginal de jeunesse, puis celle de son épouse et enfin sa propre attitude. Comment en vouloir à quelqu’un de savoir garder des secrets quand on est le plus grand cachotier du monde (enfin après Matt Murdock^^). Oui parce que comble de tout, c’est Mary Jane qui porte l’estocade. Tous les flashbacks prennent une autre tournure et Petr comprend enfin pourquoi cette jeune fille si pure est morte ce soir-là, de cette main-là.
Straczynski joue de manière perverse avec la continuité pour salir de manière à la fois perverse mais vraisemblable (on est un comics hein !) l’image que le fan avait de son idole. C’est bien une des seule fois où le lecteur est secoué dans sa routine de lecteur. L’auteur vient même le violer. Et du coup ce n’est plus seulement Peter qui a envie de tout casser, c’est nous, avec lui. L’empathie fonctionne à donf’.
Gwen a donc eu des enfants pendant son voyage en Europe et ces derniers reviennent assoiffés de vengeance mais aussi en quête de réponses.
A partir de là, le scénario reprend une tournure plus traditionnelle, Peter parvient à dépasser ses démons et redevient cet homme responsable, ce héros qui se dépasse sans cesse. Il porte secours à ces être symboles de tous ses échecs. Il n’y parviendra qu’à moitié. Il parviendra à vaincre d’une manière complétement capillotractée , l’héritage Osborne pour la fille mais le garçon s’entête et s’évanouit dans la nature amnésique, clin d’œil final à la grande Saga des Bouffons entamée par Stan Lee qui aimait laisser la sécurité de son héros à la merci de la mémoire de son ennemi.

Cette histoire est un crève-cœur, affreux et ignoble, mais elle n’en a pas pour autant mauvaise. Elle démontre de plus que si le fan en tant que despote jaloux de ses droits, ne peut supporter la moindre contrariété quant à certains personnages figés dans l’ambre pour l’éternité.
Ais-je aimé ce changement ? Bien sûr que non, mais la tension et la montée en puissance du malaise partagé entre les protagonistes et le lecteur aussi désemparés les uns que les autres, sur les quatre premiers épisodes de cet arc en 6 parties est un véritable tour de force en même temps que d’être l’œuvre d’un auteur attentif et respectueux des détails.
Beaucoup de retcons sont bien plus moisies que celle-ci mêmes si plus inoffensives,
:'( mais :flex:

JB 13/10/2016 14h01

Merci pour cette critique. En revanche n'était il pas prévu de faire de Parker le père ?

Zen arcade 13/10/2016 14h02

Perso, je vois cette tendance à ressasser inlassablement le passé des héros en allant chercher des secrets cachés comme une impuissance à créer de vraies histoires modernes et palpitantes qui projettent les personnages dans le futur.
C'est la raison pour laquelle des histoires comme Past sins ne m'intéressent guère.
Les coucheries de Gwen Stacy avant sa mort, je m'en contrefiche.
Le comic book de superslip conçu de cette manière tourne en boucle et croule sous le poids de son histoire.
Ca pue le cadavre réanimé.
Bon, la mode est aux zombies, ça doit être pour ça.

Eddy Vanleffe 13/10/2016 14h59

Zen, pour moi aussi, le coté comics sous respiration artificielle, c'est acquis.

celui-là m'a interpellé parce que parmi tous les ret-con plus ou moins bienvenues, j'avais été frappé par l'aspect "près du texte d'origine". j'avais les originaux bien en tête et je me suis "Putain, le batard il sait de quoi il parle en plus!^^"

Depuis on a l'habitude de voir cette saga comme l'une des pires jamais écrite et j'ai voulu en donner une autre facette pour une fois.

JB, oui au départ c'était Peter le père... mais le boulot du scénariste c'est de livrer un boulot final cohérent et là c'est le cas.

scarletneedle 13/10/2016 17h39

Cohérent?
Faire de Gwen, celle qui a couché avec Osborn?
Houlà...

Si ce truc est démoli, ce n'est pas pour rien.
Comme un apéritif de One More Day...

Fletcher Arrowsmith 13/10/2016 17h42

il me semble que c'est l'arc préféré de Halnawulf ... à vérifier :)

EsseJi 13/10/2016 18h47

Il y des arcs qui marquent les lecteurs et l'histoire du médium, mais pas toujours de la façon dont les auteurs l'auraient voulu. Past Sins est un monument de cette catégorie.

Hilarion 13/10/2016 18h53

Citation:

Envoyé par arrowsmith (Message 1684906)
il me semble que c'est l'arc préféré de Halnawulf ... à vérifier :)

:burp::'(:non::'(:meurmf:

Spider-Man s’arrête avec Romita Jr.

Le reste n'existe pas.

Jean-Moul 13/10/2016 19h21

Citation:

Envoyé par Zen arcade (Message 1684865)
Perso, je vois cette tendance à ressasser inlassablement le passé des héros en allant chercher des secrets cachés comme une impuissance à créer de vraies histoires modernes et palpitantes qui projettent les personnages dans le futur.
Le comic book de superslip conçu de cette manière tourne en boucle et croule sous le poids de son histoire.
Ca pue le cadavre réanimé.

C'est sûr que si on prend Sins Pasts ou One More Day y a plus qu'à se tirer un plomb, on est d'accord.
Mais alors tout le reste du mainstream c'est de la m...?
Y a pas UNE bonne série de nos jours?
Donc les X-Factor de PaD on les jette? La WW d'Azzarello on s'en cogne? Aaron sur Wolverine & the X-Men ou Thor pareil? On jette JiM par Gillen aux ordures? Johns ne ferait donc que de la daube chez DC entre JSA/Flash/Green Lantern/JLA? (Bon ok lui il retconne pas mal, j'avoue!), X-Force par Remender non plus?
Parce que oui bien sûr y a pas plein de merdouilles mal branlées, resucées plus ou moins récrites de gloires passées, mais merde il en reste des bonnes histoires suffisamment originales!

mellencamp 13/10/2016 19h44

Spider-Man me semble emblématique d'un certain aspect du comics qui ne veut pas assumer de vieillir: on annule son mariage, Tante May ne peut pas mourir alors qu'elle avait l'air d'avoir plus de 80 ans dans les années 60, et au ciné il ne peut plus être un adulte (et à peine un lycéen).

Eddy Vanleffe 13/10/2016 19h50

Évidemment, c'est un viol à sec du fan...
Mais on peut pas nier que c'est très bien écrit... Le malaise est vraiment degueu et communicatif... Et j'insiste, le fait de réinterpréter les cases originales et de leur donner çe sens là. C'est ignoble mais bien fichu et ingénieux même...:beu:

Zen arcade 13/10/2016 20h00

Citation:

Envoyé par Jean-Moul (Message 1684946)
C'est sûr que si on prend Sins Pasts ou One More Day y a plus qu'à se tirer un plomb, on est d'accord.
Mais alors tout le reste du mainstream c'est de la m...?
Y a pas UNE bonne série de nos jours?
Donc les X-Factor de PaD on les jette? La WW d'Azzarello on s'en cogne? Aaron sur Wolverine & the X-Men ou Thor pareil? On jette JiM par Gillen aux ordures? Johns ne ferait donc que de la daube chez DC entre JSA/Flash/Green Lantern/JLA? (Bon ok lui il retconne pas mal, j'avoue!), X-Force par Remender non plus?
Parce que oui bien sûr y a pas plein de merdouilles mal branlées, resucées plus ou moins récrites de gloires passées, mais merde il en reste des bonnes histoires suffisamment originales!

Je crois que mon post n'était pas très clair et que de ce fait tu l'as mal interprété.
My bad.
Je ne rejette pas le comic super-slip dans son ensemble, juste ceux qui participent de cette tendance à aller inventer des secrets dans le passé pour masquer une incapacité à produire quelque chose de neuf et d'intéressant dans le présent des personnages.
Ceci dit, je fais ici un mauvais procès à Straczynski parce que justement, lui, avant Past Sins, avait réussi à proposer une vision moderne intéressante de Spider-Man.

Mandrill 15/10/2016 13h56

Intéressante première critique (et premier débat)
Je partage votre lassitudes des pitchs à base de "un secret bien caché du passé de notre héros refait surface et va changer sa vie à jââââmais"
Mais Eddy vend bien son point de vue, ça me donne presque envie de le relire (sauf que j'ai revendu mes mags depuis longtemps, peut-être quand j'aurai le deuxième Icons de Stracz)
C'est vrai que ça questionne pas mal sur la façon dont nous, lecteurs, nous approprions ces personnages, ce que nous projetons en eux. C'est vrai que l'exercice est plutôt bien mené, on est en plein dans l'exploitation de la BD comme art séquentiel : il ajoute des cases entre les cases et l'histoire n'est plus la même. Après, dans mon souvenir, le gros problème de cette histoire une fois passé le choc des révélations c'est que ça n'aboutit pas à grand chose, si ce n'est à ajouter deux personnages un peu encombrants dans l'univers de Spidey (des quasi-clones qui seront vite oubliés en fait dans un spider-verse qui en comporte déjà beaucoup trop) donc c'est plus un problème de l'intrigue présente elle-même. J'y pense, plutôt que cette histoire de croissance rapide, ça aurait pu être encore plus rude avec des enfants encore jeunes (mais transformés en machines à tuer, un peu WTF mais pas tant que ça dans un comic-book) et ils auraient été plus faciles à réutiliser par la suite je pense... My2cent

En bonus : la discussion d'il y a 11 ans !

JB 15/10/2016 14h21

En même temps, le côté Spider totem est lui-même un retcon. Qu'est-ce qui fait que l'un est accepté et pas l'autre ?

Hilarion 15/10/2016 16h04

Citation:

Envoyé par JB (Message 1685172)
En même temps, le côté Spider totem est lui-même un retcon. Qu'est-ce qui fait que l'un est accepté et pas l'autre ?

L'un ne dénature pas le personnage.

C'est bien vu de la part de JMS que la plupart des ennemis de Spidey sont inspirés d'animaux (pieuvre, vautour, rhinocéros, tarentule... )par exemple, et qu'un des plus anciens est un chasseur!

Et ça n'altère pas ses aventures précédentes.

Zen arcade 15/10/2016 18h42

Citation:

Envoyé par JB (Message 1685172)
En même temps, le côté Spider totem est lui-même un retcon. Qu'est-ce qui fait que l'un est accepté et pas l'autre ?

Y en a un qui est là pour apporter quelque chose de nouveau et proposer des intrigues intéressantes et l'autre qui est là pour déterrer un secret caché qui ne mène à rien.

gillesC 15/10/2016 23h08

Aaah, enfin !

Citation:

Envoyé par JB (Message 1685172)
En même temps, le côté Spider totem est lui-même un retcon. Qu'est-ce qui fait que l'un est accepté et pas l'autre ?

La folie de groupe, probablement.

Car oui, le totémique dénature complètement le personnage.

Eddy Vanleffe 19/10/2016 15h43

1 pièce(s) jointe(s)
ALIAS LE TOME 1

BRIAN MICHAEL BENDIS
MICHAEL GAYDOS


J’avoue et sans accabler l’auteur que je ne sais plus lire de comics signé Bendis, ses tics, ses thèmes et ses chutes, je ne peux plus.
Mais c’est quand même étrange, parce que j’ai vachement bien aimé plein de choses de lui et je ne comprends pas ce qui m’a soudainement rebuté à part la lassitude que j’ai pu avoir pour tous ceux que j’ai trop lu et qui ont du mal à me surprendre aujourd’hui. Mais ce n’est pas une raison.

Souvent le nom de Bendis, aujourd’hui est devenu synonyme de bashing et il me fallait vérifier un truc. Aussi ai-je ressorti la série ALIAS qui fait sans doute une unanimité positive. Je me suis installé et je l’ai relu avec ce souvenir d’avoir bien kiffé, il y a dix ans…

Premier constat : Je ne comprends pas vraiment pourquoi Alias a une telle réputation, puisqu’elle présente à mes yeux exactement les mêmes qualités et les mêmes défauts que les autres histoires de l’auteur.
Le concept : téléporter un mix de Jinx sa série Image et Jessica Drew au sein du nouveau label Marvel d’alors : MAX, un label destiné à un lectorat plus adulte histoire de vampiriser encore un peu plus les concurrents Vertigo et Image. Problème: cette gamme est totalement dépourvue du moindre « creator owned », et on va vite se retrouver avec des avatars « matures » des héros existants, et comme au niveau ambition, ben ce n’est pas ça : adulte voudra dire : gore+cul. Très mature en effet.

Alias est le fer de lance de cette gamme et on a mis les petits plats dans les grands avec le Bendis du début des années 2000 qui marchait sur l’eau et Gaydos qui offre au titre un ton « dé-superhéroisé » à mort donnant ainsi la caution « indépendant ». il s’attache à donner des apparences les plus ordinaires possibles à des personnages d’habitude magnifiés. Là même cap paraît vouté, gêné de rester sur le pas de la porte. Carol Danvers a un gros rhume et Luke le regard fuyant.
Dès le premier épisode, on nous dépeint une ex super-héroïne, charismatique mais paumé et dépressive qui gagne son pognon en faisant des filatures minables. un gros cliché polar en fait. A la moindre occasion, elle se perd dans l’alcool et même le tabac parce qu’en 2001 on a encore de droit de fumer dans les BD Marvel. Puis survient le BUZZ. : La rencontre avec Luke Cage qui finit au plumard. La toile s’enflamme pour une supposée sodomie dont rien ni dans le texte ni dans l’image n’explicite l’existence. Ça n’a de plus, aucune utilité puisqu’on avait bien compris le côté à la dérive de Jessica sans ça. De plus, dans un épisode de la série régulière des Avengers, Hank Pym et Janet font des galipettes bien plus inventives à la limite du hentaï. Bref, c’est là pour faire causer un peu comme les dérapages de Hanouna.
L’histoire démarre donc après ça et le portrait de Jessica est particulièrement bien rendu. Le personnage est cynique mais possède une sorte de fragilité palpable, le texte étalant l’aspect blasé avec des images montrant une jeune femme presque apeurée par sa propre vie. Elle ironise mais ne juge pas, elle filme. Et là elle va filmer ce qu’il ne faudrait pas. Un petit film capable discréditer le fameux Captain America. Elle sent le piège et tente de se couvrir et là elle découvre à quel point on l’a manipulé. Une machination terrible semble s’être articulée autour de sa personne. Le climat est assez angoissant et les interrogatoires de police à bâton rompus rythment de manière efficace le moindre regard ou la moindre angoisse de Jessica Jones. Tout est moite, dense et à la limite du claustrophobe et une autre scène est là aussi très réussie. Celle de l’embouteillage. Jess à l’arrêt reçoit un coup de fil de son avocat (Matt Murdock) pour la prévenir d’un danger. C’est un passage super cinématographique dont le côté assourdissant est vraiment réussi.

Et puis, c’est la chute. De haut. De très haut.
Une fois le pot aux roses découvert, le complot s’avère complétement con et surtout hyper imprécis. Des gens, qu’on ne nomme pas, veulent faire pression sur une personne puissante en compromettant Steve Rogers, d’une manière très aléatoire (oui parce que le film en question, est aussi fiable que ceux du monstre du Loch Ness). Ils comptent d’une manière tout aussi absurde sur l’attitude vénale de Jessica qui de toute manière ne trahira jamais Cap…parce que c’est Cap et pis c’est tout !
La bizarrerie, c’est qu’on insiste à mort sur le fait que Jess est désabusée, qu’elle ne croit en rien mais elle reste fidèle à une sorte d’icone déifiée devant laquelle elle bafouille comme une midinette. C’est étrange. Ce qui est intéressant en revanche, c’est la manière dont le Shield règle le problème. Le monde des super héros est alors vu comme un clan mafieux, se protégeant les uns les autres, supprimant les témoins et les preuves sans autre forme de procès. Je ne pense pas que cela soit développé par la suite malheureusement. C’était marrant et aurait pu donner matière à réflexion, à la manière de Identity Crisis mais en polar.

En conclusion, y’a le bon Bendis et le mauvais Bendis.
Le bon Bendis, c’est un super perso principal, très bien pensé avec beaucoup d’empathie, des dialogues très ciselés et une chute d’histoire qui retombe comme un soufflé.
Le mauvais Bendis, c’est un super perso principal, très bien pensé avec beaucoup d’empathie, des dialogues très ciselés et une chute d’histoire qui retombe comme un soufflé. Mais c’est du mauvais Bendis.
Là je suppose que c’est du bon Bendis.

;)

Eddy Vanleffe 20/10/2016 12h13

1 pièce(s) jointe(s)
2112
JOHN BYRNE

Pièce jointe 9571
Je viens de retomber sur ce petit graphic novel de 64 pages édité alors chez dark Horse, alors que John Byrne vient de claquer la porte de chez Marvel pour la première fois.
La petite histoire raconte que l’ami John avait commencé à bosser sur une ligne de comics Marvel se déroulant dans le futur. Mais cela n’aboutit pas et John Byrne s’en alla brutalement ce qui est étonnant quand on connaît le caractère doucereux et amical du canadien à la barbe rouge.
Marvel continua de son côté et la gamme 2099 sortit des rotatives. John Byrne quant à lui, se lança dans le Creator Owned et donna naissance à 2112.
Ce qui nous permet de conclure, que l’objet de désaccord fut certainement cette différence de trois ans entre les deux.

Mais revenons à 2112. John Byrne en 1992 est l’un des noms les plus respectés du milieu, une sorte de Midas et je ne vois même pas d’équivalent aujourd’hui. Il décide de tourner le dos à ce qu’il l’a nourri des années durant, le super-héroinat. Il s’adonne avec amour à de la grosse science-fiction :
Il imagine donc un monde futuriste évidement hyper technologique où les nations ont disparues au profit d’intérêts privés. Ils sont parvenus à enrayer la pollution grâce à de gigantesques turbines fabriquant de l’ozone pour protéger des rayonnements UV et l’oxygène remplaçant la forêt amazonienne. Certains organismes comme des mini dinosaures ont pu être recrées artificiellement de la main de l’homme tout comme toute une batterie d’androïdes qui servent à tout (à tout !). Thomas Kirkland vient d’être intronisé cadet à l’académie de sécurité et doit être soumis à l’autorité directe d’un vétéran, la tête brulée (au sens propre et figurée) Tannen qui semble partir parfois dans des missions mélangeant le personnel et le professionnel. Dans ce futur un incident a provoqué une mutation génétique se transmettant comme une MST sur des individus appelés Halflings (mutants) rejetés et mis dans une sorte de prison/camp de concentration.
Se débarrassant des collants, l’auteur en profite pour céder également à tout un tas de sous-entendus sur les mœurs sexuelles et développer une forme de violence expéditive assez inhabituelle pour l’auteur. Evidemment il laissera libre court à sa fascination pour la défiguration, les brulures et le vieillissement. S’il ne peut vraiment développer sur aussi peu de pages toutes les idées qu’il balance, on sent qu’il a bien réfléchi à son univers. C’est dense tirant vers l’horreur et lorgnant beaucoup sur le cinéma de l’époque du genre : Planète Hurlante-Starship Troopers ou ce genre de SF, militarisée et catastrophiste sans être clairement post-apo.
Byrne comme à son habitude parvient à contrôler son récit, rester clair et donner du mystère et de l’action dosant de manière discrète intrigue, personnage (où seuls Tannen et Kirkland sont développés), et univers (beaucoup de choses expliquées sans trop d’exposition) sur un format court avec un story-telling sans faille. Ce qui a peut-être un peu vieilli, pourrait donner toutefois un bon film dans la catégorie Young-adult tant à la mode actuellement.
Comme John Byrne savait qu’il pourrait encore écrire sur ce concept, il a embrayé sur la série Nextmen qui aborda en son temps tout un tas de thèmes bien plus intéressants et matures qu’à l’ordinaire.
Court et sympa !
:huhu:

EsseJi 20/10/2016 12h14

Une bonne histoire de voyage dans le temps qui se tient, et elles sont rares.

Eddy Vanleffe 31/10/2016 12h14

2 pièce(s) jointe(s)
ELEKTRA : INTROSPECT
GREG RUCKA
JOE BENNET & CARLO PAGULAYAN


SPOILER: Y'A PRESCRIPTION!


C’est toujours en rangeant ma collection que je tombai sur ma petite collection de 100% Marvel Elektra. Et soudainement une ironie m’a sauté à la gueule comme un « facehugger ». sur un scénario de Greg Rucka habitué aux femmes fortes, féministe la main sur le cœur, les couvertures étaient signées à l’époque par Greg Horn qui avait fait ça :




C’est donc un brin rigolard que je me relançais dans la lecture de son run, un run somme toute excellent.
Son premier arc avait confronté Elektra à ses origines grecques en la faisant travailler pour une sorte d’Erinye se vengeant de ses anciens tortionnaires. D’entrée de jeu, l’auteur annonce la couleur, la femme victime de l’homme : c’est fini !
Puis vient l’arc qui m’intéresse aujourd’hui, INTROSPECT. Elektra possède pour ses contrats tout un réseau d’intermédiaires aussi sophistiqué qu’opaque afin de rester la plus discrète et intraçable possible. Or un jour, la machine se grippe et voilà notre tueuse au chômage, longtemps…trop longtemps. En tout cas assez longtemps pour que notre héroïne réalise que tuer est pour elle une horrible addiction. L’en priver, c’est la détruire. Et c’est justement ce que l’on veut peut être parvenir à faire.
Rucka va oser déconstruire le personnage de Miller et il va y aller avec une cruauté assez inédite dans un comics « big two ». D’abord psychologiquement, sevrer ainsi Elektra brutalement, va déstabiliser un personnage que l’on a toujours relativement imperturbable, limite extérieur à ses propres histoires. Puis un délabrement physique va vraiment la dégommer de son piédestal, désormais décrite comme une vulgaire junkie, on aura rarement vu un personnage Marvel féminin aussi lamentable. Attention Greg Rucka ne fait pas ça gratuitement, il arrête simplement l’emphase que l’on pourrait avoir avec un personnage qui n’est jamais qu’un tueur sanguinaire et sans pitié. Pas un héros ni même quelqu’un d’enviable.
Bien entendu, la machination autour de cela se révèle, et là les évènements vont prendre une tournure encore plus bizarre. Malgré l’état catastrophique la tueuse grecque, Rucka lui fait exhaler une sorte de magnétisme animal à tel point que pas un homme ne reste vraiment de marbre face à elle. Sa présence est venimeuse et hypnotique. Une ancienne victime la tient alors à sa merci pour la torturer mentalement, pourtant une sorte de jeu malsain d’attirance morbide et de dominant/dominé se met lentement en place afin que l’on ne sache plus vraiment qui est la victime et qui possède l’ascendant. Finalement relâchée dans le désert, l’effet Elektra opère encore et au fur et à mesure qu’elle se débarrasse d’un commando complétement pervers, elle semble récupérer ses forces, son aura et son caractère fascinant. L’histoire se conclue de manière tordue. L’ancienne captive devient consentante comme finalement soumise comme peut l’être un fauve temporairement. De l’autre côté, le tortionnaire totalement fasciné par sa victime se met à la protéger dans un jeu dont les ressorts psychologiques défient justement toute interprétation rationnelle ou bien-pensante.
Deux êtres fracassés se sont donc trouvés dans une étrange relation faite de torture mentale, de domination, de contraintes chargées en connotations sexuelles à côté desquelles les frasques d’un Christian Grey font sourire.
On se prend même à espérer que ces deux-là finissent pas trouver une porte de sortie apaisée à leurs tourments… mais rien den demeure jamais et le reste est une autre histoire.
Ce qui frappe à la lecture, c’est que loin d’instrumentaliser le corps de la femme ou de vouloir rabaisser son héroïne, Rucka lui fait pourtant vivre l’un des épisodes les plus pénible de son existence empli de violence graphique et suggérée, la salissant au sens propre du terme, pour mieux la reconstruire ?
On aurait tôt fait d’interpréter ce genre d’histoire aujourd’hui, mais le talent de Rucka nous aiguille bien entre ambigüité psychologique et la côté sans concession du propos.
Il y a un petit peu du film La jeune fille et la mort (toute proportion gardée) dans ce comics, et c’est glaçant.

:luv: mais 8(


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